* La baisse des avoirs en devises, qui ont reculé à moins de 7 mois dimportations, privilégie le recours à la dette extérieure. * Loption de la privatisation nest pas uniquement dordre budgétaire, pour renflouer les caisses de lEtat, mais également pour permettre aux organismes concernés daméliorer leur compétitivité. Le projet de Loi de Finances 2010 est entré dans ses retouches finales. Après le Ramadan et les vacances de lAïd, les cadres du ministère des Finances vont sactiver pour le présenter dans les délais, à savoir lors de louverture de la session dautomne. Rien na encore filtré sur le contenu du projet sauf les déclarations de Salaheddine Mezouar faisant état des «préparatifs dans des conditions normales et des prévisions ordinaires». Même les partis de la majorité formant le gouvernement nont aucune idée sur la mouture de la prochaine Loi de Finances. Le Premier ministre, lors dun Conseil de gouvernement tenu dernièrement, a réaffirmé lengagement de son équipe à faire face à la crise et à suivre la même ligne des précédentes Lois de Finances en matière de soutien des secteurs sociaux. Fidèle à lesprit de lorthodoxie financière, Mezouar adoptera la même approche que celle de ses prédécesseurs, du moins sur les équilibres macroéconomiques. Mais daprès tous les analystes et autres économistes, lexercice semble très difficile en cette période de conjoncture internationale incertaine qui na pas épargné léconomie nationale, même si le discours officiel semble toujours en atténuer lampleur. Pour linflation, les choses semblent aller selon les prévisions du fait que les facteurs déclencheurs se réduisent, comme la baisse du prix du pétrole ou la baisse de la facture alimentaire sans oublier le retour à la normale de la demande nationale. Ceci est visible sur lévolution des crédits, laquelle connaît, depuis le début de lannée, un certain ralentissement. Lhypothèse dun taux dinflation à moins de 3% est soutenable et toutes les conditions sont favorables pour la réaliser. « Les mesures du ministère des Finances et celles de Bank Al-Maghrib ont jusquà maintenant montré leur efficacité en matière de lutte contre linflation. Le Maroc est un bon élève en la matière. Malgré des événements exogènes, le pays a fait preuve de beaucoup de maîtrise en la matière», a affirmé Youssef Oubouali, professeur déconomie à la Faculté de Settat. Mais cest au niveau du déficit public que le vrai casse-tête se pose pour largentier du Royaume. «Un déficit de moins de 3% est difficilement tenable dans un environnement national et international très hostile», a affirmé Lahcen Daoudi, professeur universitaire et député de lopposition. Il ajoute que «lobjectif déquilibre tant souhaité par le gouvernement ne pourrait se faire quau détriment des budgets de certains secteurs. Un déficit de 5 ou 6% est réaliste dans les projections actuelles». 2007 et 2008 se sont soldées par de légers excédents budgétaires, ce qui est inédit dans les annales des finances publiques. Ces réalisations sont à limage du bon comportement des recettes fiscales qui ont, depuis quelques années, évolué dans un trend haussier à deux chiffres. Mais lannée 2009 marque une rupture, la baisse des taux décidée pour les principaux impôts, conjuguée à un certain marasme économique, ont fait baisser les recettes fiscales. Les marges de manuvre de lEtat semblent réduites. Le salut ne viendra quà travers des recettes non ordinaires. Loption de la privation ou de lendettement se pose avec acuité. La réduction des avoirs extérieurs, qui ont baisé de 11 mois dimportations à moins de 7 mois, devrait pousser le gouvernement à faire appel à des levées de fonds étrangers. Le ministre des Finances, dans une déclaration à la presse, a estimé que «létat de la balance des paiements nest pas encore inquiétant; il a toutefois souligné que son département suivait de plus près la question». En effet, le niveau dendettement global du pays est satisfaisant dès lors quil reste cantonné à moins de 50% du PIB (47,3% exactement). 19,4% de lencours sont sous forme de dette extérieure. «La situation de lendettement du Maroc nest pas inquiétante. Une hausse à plus de 50% du PIB de lencours de la dette est toujours acceptable, surtout en période de crise», affirme Oubouali. Il précise que «cette situation de confort lui permet aussi de ne pas négocier son endettement dans la précipitation et de dégager les lignes de financement les plus favorables». Le tassement des recettes et la hausse des engagements de lEtat remettent sur le tapis la question des privatisations. Pour soutenir la croissance, linvestissement public est toujours un moyen incontournable pour garder le rythme. Depuis 2004, le niveau dépasse les 30% du budget. Cette pression des dépenses se manifeste également au niveau du budget de fonctionnement, notamment sur la masse salariale qui continue de croître à plus de 7%, soit à une cadence supérieure à celle du PIB. Face à ces contraintes, les recettes de la privatisation peuvent être salutaires. «Loption de la privatisation nest pas uniquement dordre budgétaire, elle vise aussi le développement des organismes concernés qui, pour faire face à la concurrence dans un environnement de plus en plus acharné et répondre à leurs besoins dexpansion, doivent sortir de la logique de gestion publique et avoir plus de flexibilité et dautonomie. Les exemples ne manquent pas. On peut citer ceux de la RAM, Marsa Maroc ou lOCP», a expliqué Oubouali. En effet, les privatisations peuvent donner un nouveau souffle à léconomie nationale et permettre à certains secteurs plus de compétitivité.