* BAM pénalise les banques qui préféraient placer leurs excédents auprès de la Banque centrale au détriment du marché et qui alimentaient volontairement la pression sur les taux. * Étant aisé, le Trésor n'a pas eu vraiment recours au marché de la dette. La tension sur le loyer de l'argent a été le fait marquant du marché monétaire au cours du troisième trimestre 2006. Le taux au jour le jour a enregistré une augmentation s'établissant à 2,96% contre 2,46% pour le premier semestre de l'année. Cette hausse résulte en partie de l'effet récurrent de la sortie de la monnaie fiduciaire comme chaque période estivale, mais également d'autres éléments exogènes. D'après les analystes de BMCE Markets, le marché monétaire s'est caractérisé par une rétention de liquidité. Dans une situation monopolistique, certaines banques de la place ont refusé de placer leurs liquidités sachant qu'elles ont la possibilité de se tourner vers la Banque centrale à travers les facilités de dépôt à 24 h au taux de 2,25%. Par ailleurs, la présence un peu timide du Trésor sur le marché de la dette a poussé les banques à lever une grande partie de leurs besoins en liquidités sur le marché interbancaire. Dans un contexte pareil, BAM a adopté une nouvelle stratégie face à ceux qui exerçaient la rétention de liquidités. L'objectif de cette mesure est de pénaliser les banques qui préféraient placer leurs excédents auprès de la Banque centrale au détriment du marché et qui alimentaient volontairement la pression sur les taux. Cette action a eu les effets escomptés puisqu'elle a poussé le marché monétaire à l'autofinancement, entraînant les taux à des niveaux représentatifs de la situation de liquidité du marché monétaire. Le marché a par ailleurs connu une baisse de la surliquidité qui, au cours des mois de juillet et août, a atteint 1,2 Md DH. Cependant, le retour à la liquidité n'a pas tardé puisque dès la fin du mois d'août les niveaux des taux ont pu retrouver leur niveau d'équilibre sachant, qu'outre le désendettement continu du Trésor sur le marché domestique, l'expansion des avoirs extérieurs nets de BAM de 16% au cours de ce trimestre ont renfloué le marché monétaire. A noter que la variation des avoirs extérieurs a atteint à fin septembre 2006, 175 Mds DH boostée essentiellement par les recettes voyages (29%) et les transferts MRE (16,5%). Concernant les concours à l'économie, ceux-ci ont enregistré un accroissement de 24,2 Mds DH à fin août 2006 suite à la hausse de l'ensemble des catégories de crédit. Marché obligataire : le Trésor se fait rare Durant la période juillet-septembre 2006, le marché obligataire n'a pas connu de changements notables. On assistait à un statu quo aussi bien de la part des investisseurs que du Trésor. Le marché a été marqué par une demande importante pour les titres souverains et le Trésor a, pour sa part, continué à rejeter la quasi-totalité de la demande des investisseurs. Le marché a connu 13 séances adjudicataires dont 10 se sont soldées par un néant entraînant un taux de satisfaction au ler trimestre de 1,2% contre 9,8% depuis le début de l'année. Aussi, et face à des remboursements en capital au titre de la dette de l'ordre de 3 milliards, l'encours de la dette en bons du Trésor a évolué de 259,8 Mds DH à 256,1 Mds DH entre juillet et septembre. La structure de la dette, quant à elle, est restée quasiment inchangée : le long terme représente 65,15%, le moyen terme 32,9% et enfin le court terme 1,95%. De l'avis des analystes de BMCE Markets, cette absence un peu prolongée du Trésor sur le marché obligataire trouve ses origines dans son aisance. A noter que les recettes exceptionnelles auxquelles s'ajoutent celles liées au privatisations (Somathes et 20% de la Régie des Tabacs pour un montant global de 4,6 Mds DH) encaissées au cours de ce trimestre ont permis au Trésor de faire face aux engagements relatifs aux dépenses publiques d'investissement et de dette. Il en découle que le Trésor n'a pas eu quasiment recours au marché de la dette, laissant les investisseurs en quête de placement dans un environnement structurellement sur-liquide où le papier se fait de plus en plus rare. Se comportant de cette manière, le Trésor a entraîné dans son sillage une baisse accentuée des taux. Les maturités longues ( 10, 15 et 20 ans) ont été celles qui ont concédé le plus de points de base : en moyenne 40 points contre 23 au cours du deuxième trimestre précédent. Les analystes annoncent que les niveaux de taux ont été marqués par de faibles volumes et que le Trésor n'en a pas réellement tiré profit. A ces niveaux de taux, seuls 14,47 Mds ont été échangés sur le marché secondaire en raison de la non régularité des séances adjudicataires. Et seules les maturités 2, 5 et 10 ans ont été adjugées et donc ajustées par rapport aux prix réels du marché. En somme, le marché obligataire marocain a connu un aplatissement de sa courbe des taux dans un contexte caractérisé par une rareté des titres souverains. Encore faut-il noter que cette évolution baissière des taux a eu lieu malgré une pression inflationniste sur les prix de plus en plus importante.