* Dans un contexte principalement caractérisé par une situation de surliquidité, la Banque Centrale a dû intervenir à deux reprises sur les taux d'intérêt au courant de l'année 2006. * Suite à l'engouement qu'ont connu les maturités longues, le Trésor a procédé à l'émission pour la première fois de la maturité 30 ans. Le marché monétaire a été principalement caractérisé par une surliquidité structurelle, lit-on dans une étude récente publiée par BMCE Capital. Les analystes avancent que cette situation s'inscrit dans la continuité des années précédentes et trouve principalement ses origines dans l'expansion des avoirs extérieurs. Ces derniers ont affiché courant 2006 une croissance de 14%, soit 21 Milliards additionnels par rapport à l'année 2005. Le comportement du Trésor en ce qui concerne la dette interne a aussi contribué à cette surliquidité. Pour un remboursement global de 45,1 Milliards, l'argentier de l'Etat n'a renouvelé que 38,8 milliards contribuant à la surliquidité sur le marché monétaire. Face à une telle tension, la Banque centrale agit pour soutenir le loyer de l'argent. C'est ainsi que le conseil de BAM a décidé en avril de favoriser les interventions sur le marché monétaire à travers les reprises de liquidités hebdomadaires au taux de 2,5% au détriment des facilités de dépôt au taux de 2,25%. D'après BMCE Capital, ce n'est que lors du dernier Conseil de BAM au mois de décembre que les taux de reprise de liquidité passent à 2,75% à un moment où l'inflation ressortait à 3,3%. La tendance des taux au jour le jour au courant de l'année était donc corrélée aux taux des reprises de liquidités hebdomadaires. Au courant des mois de juillet-août, la moyenne TMP interbancaire a atteint un plus haut de 3,04%. BAM a même injecté des liquidités au courant de cette période à travers les avances à 7 jours et les avances à 24 heures. Cette situation est une suite logique à la sortie de la monnaie fiduciaire pendant cette période de l'année, d'une rétention de cash appliquée par certaines banques de la place qui favorisaient les placements auprès de BAM que sur le marché ainsi qu'une prépondérance de la demande sur le marché interbancaire. Selon les analystes de BMCE Capital, l'année 2006 restera inscrite dans les annales du marché obligataire marocain. La tendance des rendements obligataires a été certes globalement baissière depuis le début de la décennie, mais s'est amplifiée en 2006. Les niveaux enregistrés à fin 2006 sont les plus bas jamais atteints. Rétrospective du marché obligataire Cette situation trouve son origine dans la continuité de l'expansion des avoirs extérieurs, la liquidité du système et surtout le comportement du Trésor. Aussi, la bonne gestion des finances publiques, combinée à l'exceptionnalité des recettes fiscales encaissées a entraîné une présence timide du Trésor sur le marché de la dette intérieure. En effet, sur un total de 52 séances adjudicataires, 16 se sont soldées par un néant (31%). Sur un montant total offert de 437 milliards, le Trésor n'a retenu que 38,8 milliards, soit un taux de satisfaction de 8,9%. Par ailleurs, 50% des levées totales ont eu lieu au courant des mois de janvier et février. Sur le reste de l'année, le Trésor n'a levé que 1,94 milliard en moyenne mensuelle. A noter que le Trésor rejetait dans un premier temps les niveaux baissiers proposés par les investisseurs. Dans ce contexte, l'argentier du Royaume craignait un retournement de tendance et rejetait l'ensemble des offres, encourageant ainsi la stabilité des taux. L'action du Trésor n'a fait qu'accentuer la compétitivité des investisseurs et donc leur agressivité quant au prix d'acquisition des titres souverains. Les rendements obligataires ont connu des baisses prononcées tout au long de l'année. La faiblesse des rendements a ainsi orienté dès le début de l'année les investisseurs vers des maturités plus longues et donc plus sensibles. Au final, la courbe des rendements obligataires a connu un applatissement : les rendements de l'ensemble de la courbe était, à fin décembre 2006, éparpillés. Face à l'importance de la demande et les conditions de taux proposées, le Trésor a principalement satisfait des besoins sur le long de la courbe. 61,4% du montant total levé a concerné les maturités longues contre 20,7% pour les maturités moyen terme et 17,9% pour les maturités courtes. Cette situation a même encouragé le Trésor à émettre pour la première fois des bons du Trésor de maturité 30 ans. Cette émission a connu un succès puisqu'à elle seule, elle a attiré 15,5 milliards de DH sur une seule séance, soit 3,6% de l'offre globale annuelle. Concernant le marché secondaire, il est à préciser qu'en dépit de la rareté du papier souverain sur le marché primaire, les échanges sur le marché secondaire des bons du Trésor ont progressé de 22% en 2006 pour atteindre un total de 121,7 Mds contre 99,8 Mds en 2005. Il convient de signaler que la courbe de référence du marché secondaire a reflété tout au long de l'année la réalité des prix et leur volatilité et pendant une longue période elle était la seule référence du marché. L'année 2007 devrait connaître une continuité dans l'expansion de la liquidité sur le marché monétaire. L'expansion des avoirs extérieurs à travers une bonne tenue des recettes touristiques, des transferts MRE et des investissements directs étrangers devrait renforcer la liquidité du système. Dans ce contexte, la banque centrale, hantée par le souci de la stabilité des prix, devrait continuer à éponger la surliquidité du marché. L'évolution de ses taux directeurs ne devrait pas connaître de modification, sauf en cas de maintien de la pression inflationniste.