* Qatar National Bank manifeste son intérêt pour le contrôle de lUMB. * Laboutissement dune telle opération serait le prélude à un changement de statut et de vocation de cet organisme. Qatar National Bank (QNB) est intéressée par le contrôle de lUnion Marocaine de Banques (UMB) via lacquisition dun bloc stratégique. Daprès certaines sources proches du dossier, loffre qatarie, comparativement à celles dautres organismes étrangers, est jugée favorable par les autorités de tutelle et mettra fin, en cas de son aboutissement, à létat dadministration provisoire. «Nous avons été informés dune telle opération, mais rien dofficiel na été confirmé», estime un cadre de lUMB. LUMB est un organisme très peu connu par les particuliers. Pourtant, elle figure parmi les institutions du paysage bancaire national. Elle siège également au sein du Groupement Professionnel des Banques du Maroc (GPBM). Avec un réseau de six agences et un PNB de moins de 40 MDH, cest un petit poucet comparée aux autres banques de la place. Au fil des ans, cet organisme a résisté aux changements qua connus le secteur, marqué notamment par des opérations de fusions, dabsorptions ou de liquidations. Des changements qui ont touché également le tour de table ou le mode de gestion de la plupart des institutions bancaires. Dans un environnement très concurrentiel et contraignant où la compétition nest supportable que par les plus forts et les plus performants, lUMB navait pas les conditions requises pour tenir le coup. Depuis 1967, lUMB est gérée par une administration provisoire. Une sorte de dérogation de Bank Al-Maghrib. Entre 1967 et 2007, sa gestion a été confiée à la BMCE avant que Othman Benjelloun demande une décharge de la Banque centrale jugeant lopération délicate et coûteuse pour son organisme. Depuis 2007, elle est gérée par un commis de lEtat nommé par la Banque centrale. Daprès la loi bancaire, lUMB devait être soumise à la liquidation une année après ladministration provisoire. Mais quest-ce qui a retardé une telle démarche ? Daprès des sources bien informées, cest la qualité de certaines personnes physiques constituant le tour de table qui fait obstacle. Il sagit des héritiers du Prince Moulay Abdallah et de celui de Moulay Ali à côté de certains organismes étrangers, notamment des actionnaires suisses et américains. Toujours daprès les mêmes sources, «le problème avait été soulevé auparavant et soumis à Hassan II pour arbitrage. Le défunt Souverain avait répondu avec ironie : «du moment que les employés sont payés, pourquoi la liquider ?». Pourquoi un étranger ? Qatar National Bank devrait mener des négociations avec les actionnaires, notamment ceux de référence pour dégager une majorité dau moins 30% afin de pouvoir contrôler la banque. Une question se pose : pourquoi faire appel à un organisme étranger alors que la banque pourrait être absorbée par un organisme national comme cela a été le cas de la SMDC avec la Banque Populaire, la BMAO ou la BNDE avec le Crédit Agricole ? Les interrogations concernent également les intentions réelles des Qataris. Comment un organisme du calibre de la QNB peut-il sintéresser à celui de lUMB ? En tout cas, les résultats de lUMB, bien quils soient positifs, ne sont pas assez attrayants pour attirer des investissements. La banque a connu au fil des ans des hauts et des bas. En 2008, son bilan était en deçà des réalisations de 2007. Son résultat dexploitation en 2008 na pas dépassé les 5,5 MDH contre 10,36 MDH en 2007, soit une contre-performance de plus de 47%. Le résultat net enregistré en 2008 est de 3,3 MDH contre 11,21 MDH en 2007, soit une régression sur lannée de plus de 70%. Le capital social de 3,5 MDH de lUMB est lui aussi en deçà des exigences requises par la loi. Sans oublier les autres ratios qui ne sont pas aux normes. QNB, qui a un réseau très développé dans le monde, notamment en Europe, en Asie et en Afrique du Nord, veut développer ses activités par de nouveaux créneaux. La banque semble plutôt intéressée par une banque dinvestissement. Lentrée de QNB dans le capital de lUMB serait le prélude à un changement de statut et de vocation de la banque marocaine. Les Qataris, qui ont déjà une filiale en Tunisie, semblent intéressés par laccompagnement des projets dinvestissement, surtout ceux des pays du Golfe au Maroc. Il faut rappeler que QNB, qui est aussi spécialisée dans le financement islamique, avait déjà déposé par le passé une demande dagrément auprès de Bank Al-Maghrib pour la création dune entité dédiée aux produits alternatifs. Sa demande na pas obtenu davis favorable.