* De par le nombre de ses ressortissants à létranger, le Maroc suscite la convoitise des établissements spécialisés dans le transfert de fonds. * La panoplie de mesures décidées par les autorités devrait induire une réduction des tarifs. Au Maroc, la période estivale est placée chaque année sous le thème des MRE. Tous les moyens sont mis en place par les autorités afin que ces «vacanciers» se sentent chez eux à chaque retour dans leur pays. Mais on ne peut parler de MRE sans parler de transfert dargent. En effet, avec la population des résidents à létranger que compte le Maroc, le pays se retrouve en tête de peloton des receveurs de fonds de létranger. A fin 2007, le Maroc était le 3ème pays de lAfrique du Nord sur ce segment, et le 15ème dans le monde. Cest dire tout lintérêt que représente ce secteur pour les établissements financiers. Dailleurs, en ce mois de juillet, on a assisté à la naissance dun nouvel opérateur au Maroc. Il sagit de Global Exchange Foreign Exchange Maroc, filiale de la société espagnole Eurodivas. Cette nouvelle enseigne aura pour objet lachat et la vente au comptant contre de la monnaie nationale de billets de banque étrangers et de chèques de voyage en monnaies étrangères. La clause dexclusivité nest plus Cest donc un opérateur de plus qui vient sajouter à dautres ayant fait leur chemin depuis plusieurs années et qui continuent de bénéficier du positionnement du Maroc sur ce segment. Au niveau des établissements bancaires, la tendance allait vers le partenariat avec les établissements spécialisés dans le transfert dargent, à limage du Crédit du Maroc et de la BCP qui sétaient alliés à Money Gram ou encore Attijariwafa bank, la BMCI et la SG qui avaient fait de Western Union un partenaire privilégié. Cependant, si cette configuration était autant bénéfique pour les banques que pour les sociétés de transfert dargent, le client, lui, se voyait lésé par le manque de concurrence. «Les commissions facturées par les organismes de transfert de fonds vers le Maroc restent parmi les plus élevées au monde. Il était donc logique de prévoir une renégociation des conventions liant les banques marocaines à ces institutions sur la base de la suppression de la clause d'exclusivité», affirme un professionnel. En effet, le contrat dexclusivité signé entre les deux catégories détablissements financiers ne jouait aucunement en faveur dune réduction des coûts. Cest pour cela que les autorités viennent de mettre un terme à cette pratique en permettant aux banques nationales de traiter avec plusieurs enseignes à la fois. La réduction des coûts des transferts a même fait lobjet dun plan anticrise dédié aux MRE après la constatation dune baisse dépassant les 14% sur les 5 premiers mois de lannée des montants en provenance de létranger. En juin dernier, les banques se sont engagées à instituer la gratuité des transferts jusqu'au terme de lannée en cours. Cette mesure concerne les commissions des transferts prélevées par les banques marocaines et par leurs réseaux à l'étranger lorsque les transferts sont initiés à partir de ces représentations. Elles se sont aussi engagées à appliquer des niveaux de commissions bancaires les plus bas aux opérations de change des MRE. Une autre mesure sajoute à cela et réside dans la baisse de 50%, depuis juin dernier, de la commission de change appliquée à l'ensemble des transactions avec l'extérieur pour passer de 0,2 à 0,1% et la suppression totale de la part de l'Etat dans un horizon de deux ans. Cependant, même en prenant connaissance de lensemble de ces mesures, il est toujours aussi difficile de connaître avec exactitude ce que coûtent réellement les transferts dargent au MRE. Et pour cause, les sociétés spécialisées communiquent très rarement sur ce sujet dune manière officielle. Lexplication quen donnent les spécialistes est la multitude de paramètres à prendre en compte pour le calcul du coût réel dun transfert. Celui-ci comprend, en général, la commission facturée à l'émetteur pour l'envoi et la marge de change prélevée lorsque cette somme est envoyée et reçue dans des monnaies différentes. Aussi, «les tarifs des transferts de fonds varient en fonction du pays de lémetteur, des modalités de paiement et de la rapidité du transfert», ajoute notre source. Cest donc à ce niveau que réside la difficulté de comparer les différentes offres des sociétés spécialisées. Linnovation pour séduire Sur un autre registre, lon assiste depuis un moment à une multitude doffres innovées par les établissements bancaires marocains afin de faciliter les opérations dans ce segment. On cite la carte prépayée Daba Daba Halflouss initiée dernièrement par le Crédit du Maroc, et dont le management se vante de leffort considérable fait au niveau du coût de la prestation. Toutefois, il est à signaler que ce produit, conçu en partenariat avec des établissements espagnols, profite dune caractéristique de taille : selon une récente étude de la Banque mondiale, les transferts dargent émanant dEspagne sont les moins onéreux de toute lEurope. Ajoutons à cela la campagne présentée cette semaine par la BCP pour promouvoir une nouvelle gamme de produits destinée à ce segment. Ce quil faudrait maintenant, cest que les établissements de transfert sallient aux banques afin de mener à bien lensemble des initiatives. En attendant, Flouss.com, premier opérateur de transfert dargent 100% électronique lancée en juin 2007 par deux Marocains résidant en France, semble faire le premier pas. Lorganisme vient de lancer une promotion valable jusquà la fin de lannée et qui consiste à payer un euro seulement sur les transferts dargent depuis la France. Cest donc un secteur sous tous les projecteurs que lon peut décrire lactivité du transfert dargent, surtout en cette période où la crise a rendu nos MRE plus sensibles au paramètre «coût».