* Aucun texte légal noblige les entreprises à répercuter la baisse de lIR au profit de leurs salariés. * Dans le cas où le contrat est basé sur le salaire net, lemployeur pourrait valablement se prévaloir dempocher à son profit la baisse de lIR, sachant que le salaire net de son employé ne sera point affecté. * Le ministre des Finances, le Directeur général des impôts et la CGEM reconnaissent la faille. Mais insistent sur lobligation dappliquer lesprit de cette mesure fiscale, laquelle est censée profiter exclusivement aux salariés. Le débat sur la baisse de limpôt sur le revenu (IR) enfle. Qui devrait bénéficier de cette mesure ? Lemployé ou lemployeur ? Rien nest moins sûr, pour le moment. Et les avis divergent. Car, du point de vue de la loi, rien noblige lentreprise à faire bénéficier son salarié de la baisse de lIR. Aucun texte juridique ne se prononce clairement sur la question. Ni le code du travail, ni le code général des impôts. Et ce vide juridique laisse la voie ouverte à toutes les interprétations. Le problème, faut-il le dire, ne se pose pas, pour les salariés dont le contrat de travail a été négocié sur la base du salaire brut. Car, quel que soit le taux de lIR, le revenu brut restera intact. Et lentreprise ne peut à aucun moment agir dessus. Cest tout simplement illégal. Mais quid des contrats basés sur un salaire net ? Cest là où réside en fait tout lamalgame. Un employeur pourrait valablement se prévaloir dempocher à son profit la baisse de lIR, sachant que le salaire net de son employé ne sera point affecté. Et le salarié naura, dans ce cas, aucune voie de recours. «À partir du moment quil ny a aucune interdiction de négocier le net ou le brut, le problème ne se pose pas. Et cest laccord des parties qui prime. Et elles devront assumer lacte légal quils ont signé», déclare Mohammed Hdid, expert-comptable et président de la Commission fiscale à la CGEM, qui précise que «cest un problème purement juridique et contractuel». Voilà ce quil en est, côté cour. Côté basse-cour, le débat na même pas lieu dêtre, selon les avis recueillis par FNH. Car, comme nous le dit Noureddine Bensouda, Directeur général de lAdministration des impôts, «la philosophie de la baisse de lIR voudrait quelle profite aux salariés, pas aux entreprises». «Les employeur doivent faire preuve dhonnêteté et de bravoure», martèle-t-il. Le ministre de lEconomie et des Finances la également clairement exprimé dans un entretien avec nos confrères de La Vie Éco : «Dans lesprit du gouvernement, la baisse de lIR doit profiter uniquement aux salariés. Cest une mesure destinée à améliorer les revenus et à soutenir le pouvoir dachat et la consommation», avait précisé Salaheddine Mezouar, avant de trancher catégoriquement sur la question en déclarant que «cest quasiment une obligation». Un avis officiel que la CGEM soutient mordicus : «Si on revient à lesprit de la mesure, il est clair que cest le salarié qui doit en bénéficier. La baisse de lIR doit, dans son esprit, profiter au salarié, pas à lemployeur», soutient le président de la Commission fiscale à la CGEM, qui souhaite que «les employeurs restent attachés à lesprit de la mesure. Même si rien ne les y oblige ». Youssef Oubouali, fiscaliste et professeur universitaire, sétonne pour sa part de lampleur qua pris ce débat. Pour lui, la question ne mérite même pas dêtre posée. «LIR est à la charge de lemployé. Lemployeur nest quun percepteur, comme dans le cas de la TVA. Sil y a baisse, cest au salarié den profiter. Et sil y a hausse, cest lui encore une fois qui doit la supporter», nous répond-il. Notre fiscaliste pense également que les entreprises ne peuvent pas déjouer cette mesure à leur profit. «Quoi quelles fassent, elles tomberont dans lillégalité», soutient-il. Car, comme il nous lexplique, «dans le cas où le contrat de travail est basé sur le salaire net, le seul moyen pour lemployeur de tirer profit de la baisse de lIR serait de faire baisser le salaire brut. Ce qui est en soi illégal». Mais quoi que lon puisse dire, le flou persiste. Et il revient aujourdhui à lÉtat de préciser les choses, par les moyens dont il dispose. Un arrêté ministériel obligeant les entreprises à faire bénéficier leurs salariés de la baisse de lIR serait, en ce moment, le bienvenu !