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Secteur bancaire : Dix ans…
Publié dans Finances news le 18 - 12 - 2008

* Le secteur bancaire a complètement changé de visage ces dix dernières années. La nonchalance qui le caractérisait par le passé n’est plus qu’un mauvais souvenir.
* La libéralisation du secteur, son assainissement et sa concentration en grands pôles, ont constitué les principales clés de cette mue.
Les banques marocaines ont été classées au 89ème rang des institutions financières les plus performantes au monde. Ce classement, élaboré par le Forum économique mondial pour l’année 2007, a surpris plus d’un quand on voit que le Maroc y est mieux classé que le Japon, par exemple, la Russie ou encore la Chine… Que des grands majors de la Finance mondiale !
Qu’est-ce qui fait alors que notre secteur bancaire est plus performant que celui de ces grandes puissances économiques mondiales ?
Pour ce banquier à la retraite, il n’y a pas de recette miracle. «Le secteur bancaire marocain a entamé, ces dix dernières années, un sérieux virage stratégique… Et il est en train de cueillir les fruits des grandes réformes et actions initiées depuis longtemps», explique-t-il.
Ces propos résument tout. Car, en effet, et depuis ces dix dernières années, le secteur bancaire marocain a pris son destin en main, épaulé en cela par une volonté politique pour le moins volontariste. Le paysage bancaire a, en si peu de temps, changé complètement de visage. Un exploit inédit qu’organismes et institutions financières internationales ne cessent d’applaudir… Le Maroc est même souvent donné en exemple dans la région.
Ce professeur universitaire ose même dire que la mue du secteur bancaire marocain est la seule réforme que le Maroc ait pu conduire sérieusement depuis… son indépendance ! «En une décennie, le Maroc a réalisé ce que d’autres pays, beaucoup plus avancés en la matière, n’ont pu faire en plus de cinquante ans… Et c’est bien une première», martèle –t-il. Cela est d’autant vrai quand on sait que cette réforme a été placée en priorité nationale. Le secteur financier étant par définition le socle de toute économie qui aspire au développement.
Et la recette marocaine se résume en trois mots-clés : libéralisation, assainissement et concentration.
Libéralisation : Comme des bruits de bottes !
La libéralisation du secteur bancaire, entamée au début des années 90, a sonné comme des bruits de bottes. Car une guerre s’en est effectivement suivie peu de temps après… Cassant, par la même, la nonchalance ambiante dans laquelle baignait le secteur. Et c’est en sa faveur que la chute des taux a été entamée. De nouveaux produits et services ont vu le jour. Au grand bonheur de la clientèle qui a trop souffert par le passé de la mollesse du système et de conditions de financement pour le moins extravagantes. Mais la vraie guerre entre banques a été menée essentiellement sur le front des taux d’intérêts. Les taux des crédits immobiliers qui étaient il y a dix ans de cela à 14 jusqu’à 16%, ne dépassent pas aujourd’hui les 5,15% ! Et contre toute attente, les banques n’en ont pas pâti côté résultat. Leurs bénéfices n’ont jamais été si costauds que ces trois dernières années. Effet volume oblige. Mais il n’y a pas que ça. Les banques ont trouvé un extraordinaire gisement de revenus jusque-là non exploité : les commissions sur service. Et c’est ce qui les a poussées à s’engager à fond dans une course à l’innovation. Objectif : séduire les clients pour que la machine des commissions tourne. C’est cela aussi les bienfaits de la libéralisation !
Assainissement : Bye Bye les canards boiteux !
C’est une véritable chasse aux sorcières que les autorités monétaires ont initiée au début des années 2000. Leur message était clair : il n’y a plus de place pour les canards boiteux. Et les banques alors en difficulté (BNDE, BMAO, SMDC, CIH, CNCA) se devaient de ressusciter ou disparaître. Quelques années après, les difficultés d’antan ne sont qu’un mauvais souvenir. Redressés, le CIH et la CNCA (rebaptisée Crédit Agricole du Maroc) respirent la bonne forme. L’une est passée sous la coupole de la CDG et de l’Ecureuil français, l’autre a subi un (sérieux) plan de redressement qui a d’ores et déjà commencé à donner ses premiers fruits. Quant aux autres, elles ont tout simplement disparu de la nature (voir page 34-35)…
Concentration : La course à la taille
Depuis plusieurs années déjà, les autorités monétaires militaient en faveur de rapprochements entre groupes bancaires nationaux qui accoucheraient de «majors» financiers capables de rationaliser le secteur, tout en barrant la route à la montée en flèche des capitaux étrangers dans un secteur jugé sensible. Aujourd’hui, l’on peut dire que c’est chose faite : la quinzaine de banques qui composaient le paysage bancaire, il y a dix ou quinze ans, ne sont plus aujourd’hui que six ou huit si l’on compte les ex-OFS, à savoir le CIH et le Crédit Agricole.
Les petites institutions bancaires, fragiles, ne pouvant tenir le coup, ont été tout simplement absorbées par des institutions plus solides. Wafabank absorbe ainsi Uniban, puis la banque ibérique BBVA, le groupe néerlandais ABN Amro passe sous le giron de la BMCI; la banque publique d’investissement BNDE démantelée, transformée en banque d’affaires pour la CDG; son réseau d’agences passe sous la coupe du Crédit Agricole, tout comme sa filiale la BMAO ; reprise de la SMDC par le Groupe Banques Populaires… Mais de toutes ces opérations, la plus marquante aura été incontestablement la prise de contrôle de Wafabank par la BCM. Opération qui a donné naissance à Attijariwafa bank, actuellement premier groupe bancaire et financier de la place.
Résultat des courses : un secteur bancaire consolidé, avec des banques solides et donc capables de faire face à l’avenir en toute sérénité.


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