* Lépargne financière des ménages reste limitée à cause dun régime fiscal dissuasif. * Un baume sur le cur des assureurs : le Directeur des impôts a marqué un intérêt quant à la réduction de la durée de souscription de lassurance /épargne de 10 à 5 ans pour bénéficier de labattement fiscal. * Les différents rapprochements qui ont marqué le microcosme financier ont contribué, dune manière ou dune autre, au développement de la bancassurance et, partant, de lassurance Vie qui, désormais, recèle un potentiel considérable. Après une période dhésitation, le secteur des assurances bouge. Ainsi, les primes émises par le secteur affichent un rythme croissant. Le chiffre daffaires en 2007 du secteur sest établi à 17,66 Mds DH contre 2,9 Mds DH en 2006, soit une hausse de 19,9%. Cette augmentation du chiffre daffaires trouve son origine dans la forte progression des assurances Vie de 41,8%, soit 1.734 MDH en 2007 et de la hausse des assurances non Vie de 11,3%, soit 1.195 MDH. Lassurance Vie, pratique récente au Maroc, commence à prendre un peu délan, mais cela nempêche que lépargne au Maroc reste marginale et que les compagnies dassurance demeurent peu créatives. Certes, pour quils se développent, les produits dassurance de personnes ont besoin dun appui fiscal de la part de lEtat. Pour lheure, les dispositions fiscales qui existent restent insuffisantes. A loccasion de chaque projet de Loi de Finances, les assureurs essaient de faire entendre leur voix pour une fiscalité incitative en faveur de la branche Vie. Une requête qui, le plus souvent, ne trouve pas décho chez le Directeur des impôts qui considère lexonération au bout dune dizaine dannées dépargne comme un moyen de mobiliser celle-ci. Toutefois, une telle mesure nest pas exempte de conséquences. Un abattement au bout de cinq ans Aujourdhui encore, et à loccasion de lélaboration du projet de Loi de Finances 2009, la Fédération Marocaines des Sociétés dAssurance et de Réassurance, FMSAR, a dressé une liste de doléances parmi lesquelles figure la fiscalité de lassurance Vie. Les professionnels de lassurance ont ainsi réclamé la réduction de la durée de souscription de lassurance/épargne de 10 à 5 ans. Cette requête a été exposée récemment à lAdministration des Impôts lors de la rencontre initiée par le patronat afin de permettre aux différentes fédérations dexposer les contraintes fiscales qui pèsent respectivement sur leurs activités. Daprès le patron des patrons, le Directeur des impôts, N. Bensouda, a été très ouvert en ce qui concerne la réduction de la périodicité à 5 ans. Le Directeur des impôts est désormais conscient que lépargnant marocain a une tendance court-termiste. «On pourrait certes imaginer une fiscalité plus progressive dans la période qui sépare ladhésion et ces fameuses 10 années. Parce que là, on passe brutalement dun régime de fiscalité maximale jusquà dix ans et après, il ny a plus de fiscalité. Il y a peut être une logique daccompagner leffort dépargne en fonction de la durée de détention», annonce M. Duval, PDG de la Marocaine Vie. En effet, lexonération fiscale des plus-values réalisées sur lépargne après une période de 10 ans ne fait que dissuader lépargnant marocain, lequel soriente vers dautres types de placement tels que les actions, limmobilier La «pierre» est rentable dès le premier jour de son acquisition. Quant à lopération dassurance Vie, elle ne le sera que dans le futur lointain. «Une réduction de la période à 5 ans contribuera au développement de lépargne longue des ménages qui reste malgré tout faible. Elle permettra ainsi daméliorer lépargne financière domestique et de renforcer lépargne à long terme au Maroc avec tout son impact sur léconomie marocaine», sempresse dajouter le président de la compagnie dassurance spécialisée Vie. Aussi, une telle mesure permettrait-elle de booster les multisupports (contrats en unités de compte), essentiellement lépargne longue en actions et non pas uniquement ceux liés aux obligations. Leffet bancassurance Lassurance Vie au Maroc affiche un trend haussier qui est dû, en grande partie, à la bancassurance suite aux différents rapprochements qui ont eu lieu. A titre dexemple, Wafa Assurance, exploitant à fond leffet de synergie, sest hissée au rang de leader national sur lactivité vie. «Ce résultat est le fruit de lexpérience de Wafa Assurance dans la branche Vie ajouté au large réseau de distribution de la banque partenaire, à savoir Attijari wafabank», confirme un responsable de Wafa Assurance. La montée en puissance de Wafa Assurance sur la branche Vie, du simple au double, a donné des idées à la compagnie spécialisée dans la branche Vie, à savoir la Marocaine Vie qui a déjà goûté aux fruits de la synergie avec la SGMB. Une deuxième opération accordéon aurait pu avoir lieu dans le secteur sans le désistement de la Banque populaire à la dernière minute. «Toutefois, il ne faut pas se leurrer, ce trend haussier est situé à un bas niveau étant donné que lépargne financière des ménages demeure fortement limitée par rapport à dautres pays», affirme le PDG de la Marocaine Vie. Parce que pour faire face aux imprévus de la vie, quoi de plus évident que de se constituer une épargne ? La solidarité familiale faisant de plus en plus défaut, lassurance Vie devient, aujourdhui, une nécessité impérieuse, mais encore faut-il que le régime fiscal adopté soit encourageant. Tout ceci laisse présager que lavenir de lassurance au Maroc se joue en partie sur la Vie. Le marché marocain de lassurance Vie recèle un potentiel énorme au vu de sa structure actuelle en comparaison avec les niveaux européens. Une révision de la périodicité à 5 ans, lui donnera certainement un coup de pouce. Aussi, contribuera-t-elle au développement des contrats en unités de compte, ces produits de deuxième génération qui ont été commercialisés en premier par la Marocaine Vie. A noter quaujourdhui en France, la branche Vie attire plus de 70% de lépargne financière. Mieux encore, lassurance Vie multisupport est de loin le produit le plus prisé des Français. En fait, on voit un schéma identique dans les pays de lUE. Cela est dû, en partie, au rôle joué par la bancassurance. Aujourdhui, beaucoup dobservateurs estiment quun schéma identique dévolution est possible pour le secteur marocain de lassurance.