* Lévénement est loccasion pour présenter les atouts et aussi les facteurs de blocage du développement de lagriculture nationale * Le département de tutelle va dévoiler les résultats du rapport Mc Kenzie. Enfin, des assises pour lagriculture au Maroc. Les premières du genre pour un pays à vocation agricole où le secteur tient un rôle primordial dans la croissance. Ces assises, qui vont se dérouler un jour avant louverture de la troisième édition du Salon de lAgriculture à Meknes, (Siagrim) sont loccasion pour les professionnels, les autorités, les bailleurs de fonds, les chercheurs et les scientifiques pour échanger sur les problématiques du secteur et exposer des propositions et des recommandations. «Cette rencontre qui sera institutionnalisée deviendra un rendez-vous pour faire le bilan des réalisations et létat davancement de la feuille de route tracée pour le secteur», indique-t-on auprès du ministère de lAgriculture. Les assises seront aussi loccasion pour dévoiler en avant-première les résultats de létude Mac Kenzie commandée par le département de Aziz Akhennouch et financée par le Fonds Hassan II pour le développement. Sur la base des résultats de cette étude, le ministère va définir la politique agricole nationale pour les années à venir. Lagriculture marocaine a plusieurs défis à relever. Le secteur a une contribution dans le PIB national entre 12 et 18% selon les campagnes. Il assure lemploi à près de 40% de la population active sans compter les effets dentraînement sur les autres secteurs. Les attentes des professionnels sont énormes. Les déceptions suite aux précédentes éditions du Siagrim sont toujours, à lesprit. Ils espèrent passer à la vitesse supérieure, surtout après la nomination de Aziz Akhennouch à la tête du département. «Il est question de bien définir les raisons du blocage et la cause du désintéressement des autorités quant aux intérêts du secteur. Le tourisme va organiser ses sixièmes assises cette année à Tétouan. Le contrat-programme est bien défini avec des objectifs et des échéanciers précis alors que pour lagriculture les choses traînent encore», souligne un membre de la Confédération de lagriculture du Maroc. Son président, plus confiant, affiche toutefois un optimisme mesuré. «Lagriculture est une grande priorité nationale. Le Siagrim est lun des rares salons visités par SM le Roi. Les hautes autorités du pays veulent aller de lavant par des actions concrètes et pragmatiques afin de réaliser les objectifs escomptés», a expliqué Ahmed Ouayach, Président de la Comader. Il a précisé que « le secteur a besoin de plus de visibilité surtout pour les filières vulnérables aux aléas climatiques comme la céréaliculture, lélevage ou autres». Lagriculture nationale fait face à plusieurs défis aussi bien à linternational quau niveau national. Les producteurs marocains doivent contrer la concurrence étrangère pour lexport. Il est question de consolider leur positionnement dans les marchés mondiaux surtout les clients traditionnels du pays comme les pays européens. Les visées dexpansion imposent de chercher de nouveaux débouchés surtout en Amérique du Nord et en Asie. Pour ce faire, la qualité et le coût de production sont les principaux facteurs de compétitivité pour les exploitants marocains. La sécurité alimentaire est aussi un autre axe de débat des assises de Meknès. Malgré sa vocation agricole, le Maroc continue dimporter lessentiel de ses besoins agricoles de létranger. Avec près de 12 millions dhectares de surface agricole utile (SAU), le pays narrive pas à assurer le minimum vital de production alimentaire essentielle. «Depuis 1974, la balance commerciale agricole est chroniquement déficitaire», a indiqué Najib Akesbi, professeur à lInstitut agronomique et vétérinaire Hassan II. Le comble, le Royaume importe des produits stratégiques comme les céréales, les oléagineux ou les produits laitiers à forte consommation. Ces exportations, même si elles sont très bien cotées à létranger, sont de grosses consommatrices deau comme les agrumes ou les primeurs. Pour dautres produits, le pays arrive à peine à satisfaire le besoin dune population en croissance démographique, surtout pour les viandes rouges, blanches et les légumineuses. Faible mécanisation et utilisation des intrants La faible mécanisation et lutilisation des intrants, le faible niveau dencadrement et dassistance technique et la difficulté daccès au financement sont les autres handicaps de lagriculture marocaine. En irrigué, la situation se présente sous de meilleurs auspices. Le niveau des rendements est satisfaisant mais la prédominance des petites exploitations perturbe le développement des cultures en extensif. En bour, les choses se présentent différemment. Le bour favorable donne des résultats encourageants mais reste toutefois à la merci des aléas climatiques. Le nombre de tracteurs et de moissonneuses-batteuses par hectare au Maroc est le plus faible de la région MENA. Au niveau des engrais, la consommation nationale narrive pas à dépasser le million de tonnes. Alors que la FAO estime les besoins du Maroc à 2,5 millions de tonnes. La maîtrise des ressources hydriques est lun des grands défis à relever par le secteur. Le Souss est une région qui a donné des résultats remarquables mais le prix payé est très lourd. La nappe phréatique sest sérieusement amenuisée. Les forages deviennent de plus en plus profonds. Le niveau de salinité des eaux est très inquiétant. Les autorités ont tiré la sonnette dalarme tardivement. Certains producteurs comme Copag basé à Taroudant (lait et dérivés) ont cherché dautres lieux plus au Nord du pays pour assurer leur expansion.