Tout ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément. En plus d'être très bon orateur, Tariq Sijilmassi maîtrise son sujet. Il l'a largement démontré lors d'un déjeuner-débat tenu mardi dernier à Casablanca, au cours duquel il a exposé les ambitions du Crédit Agricole du Maroc. Un établissement bancaire dont le Président du Directoire revendique (et il y tient !) son caractère traditionnel. Un établissement bancaire qui, également, gagne de l'argent en restant fidèle à sa philosophie : «ne pas dépenser de l'argent qu'on ne gagne pas». Mais surtout, lorsqu'on en gagne, il faut savoir bien le dépenser. Et c'est ce qui légitime les principes de bonne gouvernance instaurés au sein de l'établissement et qui se résument à «financer ce qui est rentable». Logique qui semble payer, d'autant plus que le CAM a dégagé au terme de l'exercice 2006 un RBE de 800 MDH, et devrait dégager des résultats nets de 300 et 800 MDH respectivement en 2007 et 2008. Mais cette logique commerciale qui a prévalu un certain temps a eu un coût : la perte de la clientèle agricole. Raison pour laquelle le CAM a décidé un come-back (si l'on ose s'exprimer ainsi) et une reconquête de cet espace rural si riche, en offrant aux agriculteurs non seulement le financement, mais aussi l'accompagnement, le conseil, la formation dans un cadre citoyen. «Nous ne faisons pas dans la citoyenneté épisodique», martèle Sijilmassi. Certes, mais comment concilier rentabilité, dans un environnement bancaire très concurrentiel, et mission de service public ? Tariq Sijilmassi a sa «petite» idée : faire du Crédit Agricole un Groupe avec une banque universelle autour de laquelle graviteront justement des structures qui assureront le service public en mettant en place, entre autres, des outils de financement pour servir une politique locale et régionale pointue. L'idée semble bien avancée, et pour peu que l'actionnaire majoritaire (l'Etat) donne son feu vert, ce projet verra bientôt le jour. D'ailleurs, au CAM, les jalons de cet ambitieux projet sont déjà en train d'être posés (obtention de l'agrément pour une société de gestion d'actifs, ouverture prochaine d'une banque offshore à Tanger ). Et si tout se passe comme prévu ? «Le CAM pourrait alors s'introduire en Bourse début 2008», relève Sijilmassi. Ce qui devrait être une belle opportunité pour les investisseurs, d'autant que, valorisé actuellement entre 8 à 9 Mds de DH, «le CAM présente des potentialités de développement très intéressantes». En attendant, avec un réseau dense de «800 relais pour identifier les projets et mener des actions très localisées», le CAM confirme sa vocation à grandir. A ce titre, soutient le Président du Directoire, «nous inaugurerons la plus belle agence du système bancaire dans une quinzaine de jours». Elle est sise en face de l'espace Porte d'Anfa.