* La deuxième édition de la rencontre nationale sur le «zajal» a été l'occasion de rendre un grand hommage à l'artiste Mohamed Derham. * Le fondateur de «Jil Jilala» a réussi un parcours artistique exceptionnel pendant une période très difficile. Cest en 1960 que Mohamed Derham a commencé ses premiers pas dans le long chemin artistique qu'il a pu forger par la suite. Son talent lui a vite permis de participer à des pièces mémorables du début des années 60 : «Yaqent», «Aouicha» d'Ahmed Taïeb Laâlej ou encore «Khaddouj», «Tkakia» de Mohamed Chahramane. Pour ceux qui connaissent bien cette époque, la vie artistique ne retenait que les vrais talents qui étaient presque tous autodidactes. La touche des maîtres de l'art théâtral de l'époque a pu être conservée par de nombreux artistes marocains dont Mohamed Derham fait partie. Le destin de ce dernier va être intimement lié au groupe «Jil Jilala» qu'il a fondé en 1972. Ce qui lui a permis de mieux s'exprimer dans le monde de la chanson et aussi du «zajal». Le style nettement raffiné de Mohamed Derham s'est reflété à travers les paroles des chansons de «Jil Jilala», connu aussi bien au Maroc que dans tout le monde arabe. Grâce justement au langage adopté par Mohamed Derham, qui était très proche de l'arabe classique tout en gardant sa spécificité profondément marocaine. Après de multiples tournées au Maghreb et au Moyen-Orient, la voix de Mohamed Derham était devenue très familière au public. Seulement, au fil des années, la relation de Mohamed Derham avec «Jil Jilala» allait connaître une fin. 23 ans après la fondation du groupe, notre artiste décida de se retirer sans faire de bruit. Toujours est-il que l'histoire de «Jil Jilala» avait probablement tourné sa page la plus lumineuse en se réparant de cet artiste hors pair, et dont la modestie et la sérénité auréolaient un talent prodigieux. Au cours de cette seconde édition de la rencontre nationale sur le «zajal», le jeune public marocain a pu redécouvrir cet artiste qui semble moins inspiré et moins productif. C'est un signe que Mohamed Derham fait partie de ces vrais artistes dont les compositions ne «refleurissent pas» avec les renouvellements des contrats de diffusion. L'initiative du département de la Culture est très louable dans la mesure où le public marocain a besoin plus que jamais de se pencher quelquefois sur son passé artistique pour découvrir la médiocrité qui gagne doucement mais sûrement la chanson et l'art marocain dans son ensemble.