Le rapport rendu public en mars 2005 par lOrgane International de Contrôle des Stupéfiants dénote lélargissement croissant de la culture du cannabis au Maroc. Malgré les efforts des pouvoirs publics et de lAgence du Développement des Provinces du Nord, les surfaces cultivées dans la région du Rif ont atteint 134 mille hectares contre 100.000 enregistrés en 2001. Le cannabis demeure le principal sujet de préoccupation au Maroc. Notre pays reste de loin lun des principaux fournisseurs des marchés de la région, essentiellement lEurope. Dans cinq provinces concernées par le rapport de lOrgane International du Contrôle des Stupéfiants (OICS), les constats demeurent accablants. Cette enquête, menée en collaboration avec lAgence du développement des Provinces du Nord (ADPN), révèle dabord que «le Maroc contribuait pour environ 40% de la production mondiale du cannabis», avec «60% environ de résine de cannabis saisis dans le monde dorigine marocaine». En dautres termes, la forte production se double dune importante organisation du trafic spécialisée dans le commerce illicite du cannabis. Le rapport de lOICS précise à ce sujet que «la résine de cannabis provenant du Maroc est passée en contrebande dans dautres sous-régions africaines pour être consommée sur place ou réorientée vers des marchés illicites extérieurs». Juteux, le marché ! Dun autre point de vue, les chiffres provenant du rapport enseignent quau cours de 2003, le revenu global des récoltes du cannabis a atteint 2 milliards de DH. Le chiffre daffaires global a atteint quant à lui 114 milliards de DH pour la même année, soit un peu plus de 10 milliards deuros. Le volet «social» du cannabis marocain montre que plus de 66.000 agriculteurs occasionnels travaillent dans des champs illicites, allant de la période de février à août. Face à la pénurie des emplois, ce sont près de 96.000 familles qui vivent de cette culture. Le revenu annuel moyen pour chaque famille est estimé à 2.536 DH, alors que le revenu annuel par individu se chiffre à 20.900 DH. Ceci démontre que la culture du cannabis demeure la principale activité dans le processus de sa production et de sa commercialisation. Pourtant, la surface forestière qui diminue chaque année indique dun autre côté que les surfaces cultivées croissent de façon démesurée. Les agriculteurs rifains procèdent annuellement à léradication dune moyenne de 1.472 hectares de forêts pour les besoins de leurs «extensions». Cest pourquoi la production atteint actuellement environ 47.000 tonnes. La province de Chefchaouen mène le peloton des régions spécialisées dans la culture du cannabis avec 43% de la production, suivie dAl Hoceïma et ses régions qui, elles, assurent près de 25% de la production illicite du cannabis. Dautres villes du Nord paraissent sadonner de plus en plus à ce genre dactivités. Tel est le cas de Tétouan qui produit 4% du tonnage annuel et Larache qui en fournit plus de 7%. En dautres termes, lextension de ces cultures aggrave davantage la tâche des responsables dans le contrôle de la situation. Seule la région de Taza constitue une source de satisfaction dans ce rapport. Jusquà présent, elle est épargnée par lextension de la culture du cannabis.