La province de Larache s'apprête à être déclarée «province sans cannabis». Une large campagne, initiée depuis juin dernier, a permis d'éradiquer les cultures étendues sur des superficies de plus de 3.600 hectares. Une première en matière de lutte contre les cultures du cannabis. Le 12 septembre prochain, la région de Larache va être déclarée « région sans cannabis ». Cela n'a rien à voir avec quelque label, mais c'est la manière choisie par les autorités locales de cette ville pour marquer la fin, et la réussite, d'une campagne d'éradication des cultures de cannabis initiée depuis juin dernier. Selon la province de Larache, cette campagne a permis de venir à bout de superficies cultivées en cannabis estimées à 3.697 hectares. La plus grande partie, indique la même source, relevait du cercle de Ksar El Kébir avec une superficie globale de 2.870 hectares et notamment dans les localités dites « Tattasset » et « Boujedyane» relevant du même cercle. Celui de Larache, par contre, a vu la destruction de 827 hectares cultivés en cannabis. Selon un historique dressé par un spécialiste de la question à Larache, la région ne connaissait pas de culture massive de cannabis avant les années 1990. Depuis le début de cette même décennie, la tendance s'était renversée et le cannabis est venu supplanter des cultures céréalières donnant de très bonnes récoltes favorisées aussi bien par la qualité de terres que par une pluviométrie plus que généreuse. Le phénomène était devenu alarmant notamment dans les localités de « Rissana » et « Beni Guerfet » autrefois dédiées à d'autres cultures. La campagne menée dans la région de Larache a connu une étroite coopération de tous les services concernés : agents de l'autorité, éléments de la Gendarmerie royale, des Forces auxiliaires, des Eaux et Forêts, de l'ORMVAD. Des ouvriers temporaires ont été mis à contribution quand le besoin s'en ressentait. Quant aux moyens utilisés, on indique d'abord le recours aux tracteurs, aux camions-citernes et, parfois, à des avions légers quand se posaient des difficultés d'accès. La destruction matérielle des cultures s'accompagnait également de l'usage de produits phytosanitaires alors que le cannabis déjà cueilli, et disposé en gerbes, était tout simplement brûlé lors de cette campagne. La province de Larache indique d'ailleurs que cette opération avait été précédée auparavant par une large campagne de sensibilisation intervenue aux mois de mars et d'avril. Les cultivateurs de cannabis touchés par cette opération seront-ils livrés à eux-mêmes pour autant ? Une source de la province de Larache indique qu'il n'en sera rien et un plan d'accompagnement est déjà en place. Cela consistera, entre autres, par l'encouragement de la création de coopératives, de mesures pour mettre en place des activités génératrices de revenus (notamment pour les femmes, 50% des populations actives de la région) et l'encouragement d'autres cultures avec la distribution, à titre gracieux, d'arbres fruitiers susceptibles de s'acclimater avec le sol des superficies concernées. Les efforts consentis jusque-là ne s'arrêteront pas à ce stade puisqu'un système de surveillance et de contrôle sera mis en place pour empêcher la reprise des cultures de cannabis. Car, estime un responsable de Larache, il ne rime à rien de mener une campagne de grande envergure et de ne pas assurer un suivi susceptible de lui garantir toutes les conditions de réussite. Selon notre interlocuteur, la campagne d'éradication n'a pas connu le moindre accrochage entre autorités et cultivateurs. Ces derniers, craignant des poursuites judiciaires, choisissaient de s'éclipser au moment de la destruction des cultures en question. Selon le rapport 2004 de l'Agence pour la promotion et le développement économique et social des préfectures et provinces du Nord du Royaume (ADPN) relatif aux superficies cultivées en cannabis, les superficies cultivées en cannabis au Maroc ont régressé de 10% par rapport à 2003. Ce rapport souligne que la province de Larache a enregistré une petite baisse d'à peine 1 %. Ce rapport, rendu public en juin dernier, affirme que les plus grandes baisses ont été enregistrées dans les provinces d'Al Hoceima et de Taounate avec, respectivement, -54 % et -43 %.