Les efforts du Maroc pour l'éradication de la culture de cannabis ont été salués par l'OICS dans son dernier rapport. L'organisme onusien se fait notamment l'écho des opérations menées dans la province de Larache. Entre 2004 et 2005, le Maroc a réussi de grandes réalisations en matière d'éradication des cultures de cannabis. Selon les chiffres dévoilés, mercredi à New York, par l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) à l'occasion de la présentation de son rapport pour 2006, le Royaume a réussi à réduire de l'ordre de 40% les superficies cultivées en cannabis et rien qu'en l'espace d'un an. L'OICS relève à ce propos qu'entre 2004 et 2005, ces superficies sont passées de 120.500 à 72.500 hectares. Une réduction encore plus significative, lors de la même période, a touché la production de résine de cannabis qui, selon le même rapport, a été ramenée à 1.066 tonnes. L'OICS, parmi les mesures marocaines mises en relief dans son rapport, cite les opérations d'éradication entreprises dans la province de Larache en 2005, mais salue surtout une initiative similaire lancée en 2006 dans la province de Taounate. L'organe onusien affirme que ces initiatives d'éradication mécaniques sont accompagnées d'efforts de sensibilisation, mais surtout d'accompagnement : divers programmes socio-économiques, des projets de développement alternatif, mais surtout des projets- pilotes dans la totalité des zones rurales concernées. Les efforts du Maroc, salués par l'OICS, portent également sur la répression du trafic de drogues, le cannabis en premier lieu. Si l'Afrique en général est responsable du tiers des saisies mondiales de résine de cannabis, le Maroc, à lui seul, a enregistré 6% des saisies en 2004. Grâce au renforcement des dispositifs de contrôle, notamment au Nord, les autorités marocaines ont réussi à saisir 18 tonnes de résine de cannabis et rien qu'au port de Tanger en 2005. Le Maroc, comme le confirme ce dernier rapport de l'OICS, est en train de remplir ses engagements internationaux et notamment à l'égard de ses partenaires européens. En août dernier à Vienne, lors de la 49ème session de la commission des Nations Unies des stupéfiants, le Maroc avait déclaré ériger la lutte contre le trafic de drogues en «priorité nationale» à travers des campagnes d'éradication qui tiennent compte des spécificités des populations des régions concernées. Le Maroc avait toutefois regretté que «la coopération internationale demeure extrêmement modeste et hésitante s'agissant de la mise en place et de la concrétisation du développement alternatif à la culture du cannabis», comme l'affirmait son représentant auprès des organisations onusiennes à Vienne. C'est d'ailleurs le sens de l'appel lancé en 2006 par l'OICS lors de la publication de son précédent rapport et qui incite la communauté internationale à épauler les efforts du Maroc pour lutter contre les cultures du cannabis et notamment les campagnes lancées par le pays en mai 2005 via le programme «Provinces sans cannabis». Le même rapport reprochait toutefois au Maroc l'insuffisance des contrôles et notamment aux ports et aux frontières terrestres. Il lui a également reproché l'absence d'une législation adéquate en matière de contrôle des drogues en général. Depuis, le Maroc a fait d'amples efforts pour l'un et l'autre de ces aspects et notamment en renforçant et modernisant ses infrastructures de contrôle sur les frontières maritimes, terrestres et aériennes. Il s'agit notamment de l'installation de gigantesques scanners ayant donné jusque-là des résultats plus que probants. Les efforts de contrôle au Maroc sont d'ailleurs, et pour une grande partie, derrière une nouvelle tendance qui veut que les trafiquants de résine de cannabis optent de plus en plus pour les pays de l'Afrique de l'Ouest, le long du golfe de Guinée. Toutefois, et malgré les gigantesques efforts déployés par le Maroc, l'Afrique occupe toujours l'une des premières positions en matière de culture et de production de cannabis. On assiste à une «progression des cultures et de la production du cannabis en Afrique, malgré une réduction marquée ces dernières années de la production au Maroc», lit-on dans le dernier rapport de l'OICS. L'Afrique suscite d'ailleurs les inquiétudes de cet organisme onusien qui s'y inquiète des dégâts des médicaments contrefaits, mais aussi du trafic de transit de l'héroïne et de l'abus de cette drogue notamment en Afrique de l'Est. «Si le problème que pose le trafic de drogues sur le continent n'est pas maîtrisé, il est à craindre qu'il avive les tensions d'ordres social, économique et politique qui existent déjà», avertit le rapport, L'OICS est un organe de contrôle indépendant chargé de surveiller l'application des traités internationaux relatifs au contrôle des drogues. Il a été établi en 1968 par la Convention unique sur les stupéfiants adoptée sept ans auparavant. Actuellement, il est présidé par Philip O. Emafo qui a remplacé l'Iranien Hamid Ghodse. Blanchiment, l'étau se resserre autour des trafiquants Le Maroc continue d'harmoniser sa législation pour remplir ses engagements internationaux en matière de lutte contre la drogue. L'une des dernières manifestations de cette ferme volonté du Royaume est le vote, actuellement au Parlement. Après la première chambre en janvier dernier, la commission compétente au niveau de la chambre des Conseillers vient de voter une loi contre le blanchiment d'argent où les délits liés au trafic de drogue sont sévèrement sanctionnés. Le blanchiment d'argent provenant de la drogue est mis sur le même pied que celui provenant du trafic d'êtres humains, des actes terroristes, de la corruption ou encore du commerce illicite des armes et des munitions comme le stipule l'article 574-2 de la loi 43-05. L'article 574-3 punit, lui, le blanchiment d'argent provenant de la drogue d'une peine de prison de deux à cinq ans et d'amendes allant de 20.000 à 100.000 DH pour les personnes physiques. Ces amendes, qui ne préjugent aucunement de poursuites contre administrateurs et employés, atteignent 500.000 à 3 millions de dirhams pour les personnes morales. Ces peines et amendes passent au double en cas de récidive ou en cas d'actes perpétrés dans le cadre d'une bande criminelle organisée. Le législateur stipule également la confiscation de la totalité ou d'une partie des biens provenant des opérations de blanchiment en plus de la dissolution de la personne morale. Eradication : Larache donne l'exemple Lancée en mai 2005, l'opération «Province sans cannabis» avait démarré aux environs de Larache. Selon les statistiques de la province de Larache, cette campagne a permis de venir à bout de superficies cultivées en cannabis estimées à 3.697 hectares. La plus grande partie relevait du cercle de Ksar El Kébir avec une superficie globale de 2.870 hectares et plus partilculièrement dans les localités dites «Tattasset» et «Boujedyane» relevant du même cercle. Le cercle de Larache, lui, a connu la destruction mécanique de 827 hectares cultivés en cannabis. Selon un historique dressé par un spécialiste de la question à Larache, la région ne connaissait pas de culture massive de cannabis avant les années 1990. Depuis le début de cette même décennie, la tendance s'était renversée et le cannabis est venu supplanter des cultures céréalières donnant de très bonnes récoltes et favorisées aussi bien par la qualité de terres que par une pluviométrie plus que généreuse. Le phénomène était devenu alarmant notamment dans les localités de «Rissana» et «Béni Guerfet». La campagne menée dans la région de Larache a connu une étroite coopération de tous les services concernés : agents de l'autorité, éléments de la Gendarmerie royale, des forces auxiliaires, des Eaux et Forêts, de l'ORMVAD. Des ouvriers temporaires ont été également mis à contribution. Quant aux moyens utilisés, on retrouve d'abord le recours aux tracteurs, aux camions-citernes et, parfois, à des avions légers quand surgissaient des difficultés d'accès. La destruction des cultures s'accompagnait également de l'usage de produits phytosanitaires. La destruction des plants de cannabis avait été précédée par une campagne de sensibilisation intervenue aux mois de mars et d'avril. Quant aux mesures d'accompagnement mises en place, cela se traduisait par l'encouragement de la création de coopératives, de mesures pour mettre en place des activités génératrices de revenus (notamment pour les femmes, 50% des populations actives de la région) et l'encouragement d'autres cultures avec la distribution, à titre gracieux, d'arbres fruitiers. Selon des sources informées à Larache, une autre campagne d'éradication sera conduite au mois prochain. Actuellement, les autorités compétentes sont en train de procéder à un travail de repérage.