La lutte contre la pêche illégale non déclarée et non réglementée ainsi que le commerce des captures issues de cette pêche doivent être érigés en priorité nationale par le gouvernement. Ces pratiques risquent de porter un coup à toute la chaîne de valeur. L'exploitation anarchique des ressources halieutiques sans respect du repos biologique pour le renouvellement de l'espèce entraîne des conséquences tant sur la faune maritime que sur le plan économique et social. Plusieurs études ont confirmé ce constat. Le Collectif pêche et développement durable qui regroupe plusieurs associations et acteurs impliqués dans le secteur, a tiré la sonnette d'alarme faisant remarquer qu'il y a urgence pour prendre les mesures nécessaires afin de stopper cette hémorragie qui risque d'impacter toute la chaîne de valeur. «La lutte contre la pêche illégale non déclarée et non réglementée ainsi que le commerce des captures issues de cette pêche doivent être érigée en priorité nationale dans le programme gouvernemental. Il faut mettre en place un plan d'action national interministériel pour contrecarrer ce phénomène. Le département de la Pêche maritime devra aussi être doté de moyens humains et matériels suffisants pour combler d'urgence le déficit par rapport aux besoins indispensables, ce qui lui permettra de mener à bien sa mission de contrôle des captures et de leur traçabilité, y compris le volet sanitaire», affirme Rachid Benkirane, membre du Collectif et président de l'Association marocaine de la pêche hauturière. Les professionnels ont affirmé que malgré les efforts fournis, l'éradication de ce fléau n'est toujours pas atteinte. En effet, depuis quelques années, plusieurs réformes structurelles ont été effectuées dans le secteur de la pêche maritime. En plus de la promulgation d'une loi contre la pêche illégale, un système de localisation par satellite des bateaux de pêche a été mis en place. Conscients de l'importance de la régularisation en vue de la protection des espèces maritimes, les professionnels du secteur de la pêche soulignent que l'importance du volume pêché sur l'ensemble du territoire marocain complique l'opération de contrôle. Selon les statistiques officielles, quelque 16.000 bateaux de pêche artisanale, 1.800 bateaux de pêche côtière, 400 bateaux de pêche hauturière ainsi que 60 bateaux étrangers exercent leurs activités au niveau des 18 circonscriptions maritimes marocaines. «Chaque année, c'est plus de 650.000 déclarations de produits qui sont effectuées au niveau des ports de pêche. Ce qui représente un volume important et difficile à contrôler», affirme Benkirane. Pour une gestion efficace et efficiente, le ministère de l'Agriculture et de la Pêche maritime a annoncé un plan national de contrôle dans le cadre du Plan Halieutis. Décliné à travers des plans régionaux, ce projet a permis une mutualisation des moyens entre les différents intervenants du secteur.