Prévue pour cette année 2012, la seconde édition du Salon Halieutis n'a pas pu avoir lieu pour des raisons liées, dira-t-on, à « des affronts entre opérateurs des multiples filières ». Une annulation énigmatique qui avait affecté l'entrain dans lequel s'est engagé le secteur, en pleine fermentation dans la levure de la nouvelle stratégie de la pêche nationale. D'autant plus que la première manche, tenue en janvier 2011 au palais des congrès des dunes d'or, sous la présidence effective du souverain, a permis un long débat entre les divers professionnels autour des axes fondateurs de ce plan de redressement, à savoir, la performance, la durabilité et la traçabilité. Après cette défaillance, les décideurs ont donc entériné les dates des prochaines assises nationales, lors de la réunion du conseil d'administration de l'association du salon Halieutis, tenue le 22 juin à Agadir, en présence du ministre de l'agriculture et de la pêche maritime, Aziz Akhenouch et du Wali de la région Souss Massa Drâa. En effet, ce rassemblement qui drainera une pléthore d'acteurs du domaine, aussi bien institutionnels, associatifs que professionnels, marocains et étrangers, toutes catégories réunies, se déroulera les 13 et 14 février 2013. Le secteur halieutique sera, en fait, d'actualité et constituera, sans nul doute, une opportunité pour évaluer et approfondir le débat sur la productivité et la rentabilité de cette stratégie, après plus deux ans d'existence. En tant que priorité nationale, le secteur des pêches maritimes s'érige en potentiel économique indéniable qui ne cesse d'alimenter grandement la production nationale en matière de revenus. Pour ce faire, on a édifié, depuis longtemps, une série d'unités portuaires impressionnantes. Les unes sont destinées, à la pêche sous ses différentes formes, les secondes se spécifient à l'exportation et l'importation des diverses pêcheries. Cependant, si cette optique économique s'avère des plus judicieuses, la gestion portuaire laisse à désirer à plus d'un titre. A première vue, les directions des ports semblent être dépassées et de nombreuses compétences tombent dans l'interférence au niveau des décisions relatives à cette gestion. Le trafic de poisson en grande quantité, s'effectue illicitement et illégalement, pour la plupart, au su et au vu des responsables. Un grand manque à gagner est constaté en termes de services et de taxes perçues, ce qui porte préjudice aux organismes dont les prélèvements se font à la source. La mauvaise gouvernance se fait aussi ressentir an matière d'occupation temporaire et de répartition des domaines publics maritimes portuaires. Les retombées de cette situation s'en suivent inéluctablement et affectent le potentiel socio-économique et l'aspect environnemental au sein duquel évolue cette activité essentielle. En effet, la pollution des plages avoisinant est directement enclenchée par les rejets des déchets hydrocarbures des bateaux hauturiers. Les réseaux portuaires sont également touchés par la pollution entraînée inévitablement par les déchets toxiques des unités de froid et de congélation de l'enceinte portuaire. De surcroît, la pollution est pareillement causée par les rejets des déchets des huiles usées émanant aussi bien des bateaux de la grande pêche que des industries de réparation installées dans le port. Enfin, on ne peut passer sous silence la pollution provoquée par les déchets de poissons des unités de transformation et d'élaboration de poisson, en particulier les céphalopodes. Tous ces rejets qui se font au grand jour d'une façon directe et froide en mer sont strictement interdits par les résolutions de la conférence de Rio de Janeiro en 1993, sans parler de l'intérêt national qui en accuse un coup fatal. En dehors des autorités locales, la responsabilité incombe aux acteurs multiples intervenant dans ces services, chargés de faire respecter les lois en vigueur tant aux quais qu'aux bassins. Les services étatiques sont responsables aussi de cet état préjudiciable de l'environnement par leur laxisme surtout au niveau du contrôle des unités de pêche toutes catégories confondues et des visites annuelles des bateaux. Il ne s'agit pas seulement de prendre des décisions audacieuses et citoyennes, encore faut-il conditionner le renouvellement des accords de pêche par une large campagne d'assainissement du secteur en lançant des mesures aussi courageuses et coercitives. La stratégie Halieutis qui vient réorganiser et relancer le secteur se heurte à des résistances saillantes et des pratiques de renchérissement illégal au sein de tous les intervenants dont les répercussions nocives handicapent le développement du secteur halieutique. La seconde édition de ce grand chantier mettra, certainement le doigt sur les déficiences qui ne cessent de ronger ce domaine, lié aussi à la compétitivité en termes de la flotte marine, la mise à niveau des infrastructures, la formation des ressources humaines, l'appropriation technologique de pointe, la diversification des marchés, la préservation de la ressource halieutique, la rationalisation des captures, la mise en place des aquacultures, la promotion des pêches hauturière, côtière et artisanal...