Fin connaisseur du Maroc, mais également de la problématique des séquestrés de Tindouf, Antonio Guterres, 9ème SG de l'ONU, serait-il plus enclin à résoudre un dossier qui a traîné des décennies durant ? Quelques éléments de réponse. L'institution onusienne a désigné en ce mois d'octobre son neuvième secrétaire général en la personne du Portugais Antonio Guterres, ancien Premier ministre socialiste du Portugal (Deux mandats à son actif de 1995 à 2002), et plus récemment Haut-commissaire de l'ONU aux réfugiés (du 15 juin 2005 au 31 décembre 2015). Il succède ainsi, et dès le 1er janvier 2017, au Sud-Coréen Ban Ki-moon, avec lequel le Maroc a eu l'incident le plus grave de l'histoire de cette institution censée être objective. «L'arrivée du nouveau SG de l'ONU, Antonio Guterres, intervient après une période délicate qu'a connue la relation du Maroc avec l'ancien SG Ban Ki-moon. Ce dernier a mal géré le dossier artificiel de notre intégrité territoriale et n'a pas hésité à mettre un avis personnel loin de l'objectivité de la tâche onusienne», rappelle Cherkaoui Roudani, analyste en géostratégie. Mais si les deux pays, le Maroc et le Portugal, entretiennent de bonnes relations bilatérales, faut-il en conclure que la désignation d'un Portugais à la tête de l'ONU serait favorable à la position marocaine sur le dossier du Sahara ? Bien que le haut responsable devra faire preuve de neutralité qui sied à ce type de poste, il n'en demeure pas moins que certains éléments pèsent en faveur de la thèse marocaine. D'abord, la connaissance de son voisin du Sud, puisqu'avec deux mandats, Antonio Guterres a eu tout le loisir de connaître le Royaume sous deux règnes, celui de feu Hassan II et celui de Mohammed VI, auquel le responsable portugais avait rendu visite au lendemain de son intronisation en 1999. En 2009, Antonio Guterres, en visite au Maroc dans le cadre d'une tournée dans la région, s'était entretenu avec les responsables marocains, notamment avec le président du Corcas, sur les moyens de renforcer la coopération entre le Maroc et le HCR, la situation des Marocains retenus dans les camps de Tindouf et les violations des droits de l'Homme qui y sont enregistrées. Dans le cadre de sa visite au Maroc, Guterres s'est rendu dans les provinces du Sud du Royaume pour s'enquérir du déroulement de l'opération des échanges familiaux organisée dans le cadre des mesures de confiance humanitaire pilotée exclusivement par le HCR et visant à desserrer l'étau sur les populations des camps de Tindouf. Et pas plus loin que 2014, le nouveau SG de l'ONU était en visite au Maroc en sa qualité de Haut-commissaire aux réfugiés où il avait rendu hommage au Roi pour la politique migratoire lancée en faveur des migrants. Le Souverain n'a pas manqué, pour sa part, d'adresser un message de félicitations au nouveau SG de l'ONU pour cette récente nomination. Le Roi Mohammed VI s'est dit convaincu que la grande expérience du nouveau secrétaire général de l'ONU et son savoir-faire politique l'habilitent à remplir au mieux sa nouvelle mission et à contribuer à imprimer un nouveau souffle à l'action onusienne. C'est dire que c'est un fin connaisseur du dossier, aussi bien dans sa dimension politique que sociale, qui prend les rênes de l'ONU. «L'actuel SG est un fin connaisseur du dossier autant que son ancien mandat en tant que haut responsable du Haut-commissariat des réfugiés (HCR) va lui permettre de comprendre les enjeux et les dimensions sécuritaires du dossier. De ce fait, Antonio Guterres connaît très bien les dessous du dossier et d'ailleurs n'a pas hésité, à maintes reprises, de recommander une solution politique pour sortir de l'impasse de ce différend artificiel. La solution du problème du Sahara marocain nécessite une vision globale de la part des dirigeants onusiens. La région ainsi que la sous-région connaissent des développements sans précédent avec la montée fulgurante des difficultés sécuritaires, et Antonio Guterres maîtrise bien les paramètres de l'équation globale de la région. Le recensement des réfugiés sur le sol algérien est un besoin aujourd'hui plus que humanitaire. Il est sécuritaire et une démarche qui pourrait, objectivement, parvenir à lever le voile sur la réalité machiavélique du dossier. D'ailleurs, les détournements des aides humanitaires européennes ont montré le caractère mercantiliste de l'antagonisme algérien sur le dossier», relève notre spécialiste. Conflit ayant longtemps duré, ce dossier serait-il en voie de résolution ? On l'espère, car à en croire certains observateurs, vu le bilan mitigé de Ban Ki-moon sur certains dossiers, le Portugais est appelé à redonner à l'organisation son lustre d'antan en résolvant les dossiers qui s'entassent sans trouver d'issue dans un environnement mondial épuisé par les conflits et les tensions diverses. «N'oublions pas aussi que l'environnement international peut jouer en faveur de la cause nationale. L'actuelle visite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans certains pays de l'Afrique de l'Est va être déterminante ainsi que la réintégration institutionnelle de notre pays à l'Union africaine, vont bien faciliter et changer la donne. Plusieurs données vont participer à une réhabilitation du dossier dans le sens qui va mener à une compréhension objective des arguments historiques de la marocanité du Sahara», poursuit Cherkaoui Roudani. Enfin, quoi de mieux pour servir ce dossier que l'attachement des Marocains à leur intégrité territoriale comme facteur déterminant dans ce dossier. I. Bouhrara Guterres et Clinton, le bon tandem ? Pour Cherkaoui Roudani, l'arrivée du nouveau SG de l'ONU, Antonio Guterres, ainsi qu'une élection fort probable de Hillary Clinton à la tête des Etats-Unis d'Amérique, sont une opportunité à saisir afin de pouvoir réadapter les approches stratégiques à l'échelle mondiale du Conseil de sécurité pour les faire converger à la vision régionale qui entoure le dossier de la souveraineté et l'intégrité territoriale de notre pays. Les jours à venir nous diront ce qu'il en est !