Le Secrétaire général de l'ONU, en visite dans la région, s'est rendu coupable d'une partialité qui nuit au rôle neutre que doit jouer l'instance onusienne dans le dossier du Sahara. Pour Mustapha Sehimi, Ban Ki-moon et son envoyé spécial, Christopher Ross, sont devenus un facteur de complexification de ce dossier, contrairement à ce que stipulent leurs mandats. La visite maghrébine (sic) du Secrétaire général de l'ONU, qui a démarré le 4 mars à Nouakchoutt avant de passer par Tindouf le 5 mars, a pris fin le dimanche 6 mars à Alger. Une visite qui a fait couler beaucoup d'encre; son objet étant de discuter d'un sujet ultrasensible : la question du Sahara. Au-delà des tenants et aboutissants de cette visite qui ne passe pas par Rabat, ce sont les déclarations du SG de l'ONU qui interpellent à plus d'un titre ! En effet, samedi à Tindouf, le chef de l'ONU a estimé nécessaire de réunir davantage d'argent pour l'aide immédiate destinée aux réfugiés sahraouis. Il a même indiqué qu'il allait organiser bientôt à Genève une réunion consacrée à la dimension humanitaire de ce conflit. Et d'ajouter que «les Sahraouis endurent de grandes souffrances dans des conditions difficiles. Je veux attirer l'attention du monde sur une population dont la souffrance est souvent ignorée. Cette situation est inacceptable». Ban Ki-moon a-t-il sciemment omis de spécifier qu'il parlait des séquestrés de Tindouf. Et c'est à se demander aussi si le SG de l'ONU ne serait pas au fait des détournements des aides humanitaires destinées aux séquestrés de Tindouf. Rappelez-vous du rapport daté de 2007, rédigé par l'Office anti-fraude de l'Union européenne, et qui a mis à nu l'innommable trafic d'Alger et de la bande de Rabouni, un commerce juteux établi sur les dos des séquestrés de Tindouf. Ce rapport a dénoncé un détournement bien organisé, depuis des années, des 10 millions d'euros versés chaque année depuis 1975 par l'UE, en plus d'une surestimation de la population sur place. Le rapport note d'ailleurs que ni l'Algérie ni le polisario n'ont accepté qu'un recensement des populations des camps soit organisé et auquel le HCR aspire depuis plusieurs décennies. Une population estimée tout au plus à 90.000 personnes, selon cet office. L'avidité du polisario et de son protecteur l'Algérie explique la misère dans laquelle vit cette population privée de tout. C'est ce qui justifie d'ailleurs le mouvement de fronde grandissant et Ban Ki-moon en a eu un avant-goût, puisque son convoi a essuyé des jets de pierres, comme le rapporte le site d'informations suisse le 24Heures. D'ailleurs, sur nos colonnes, nous avions dénoncé l'omerta internationale concernant les jeunes de Tindouf qui subissent les pires traitements juste parce qu'ils dénoncent les conditions impitoyables de vie et la dictature qu'ils endurent. Ban Ki-moon coupable de partialité flagrante Il faut croire que le SG de l'ONU, dont le mandat touche à sa fin en 2016, a multiplié les impairs durant cette visite, lui qui est censé faire preuve d'impartialité. En effet, lorsqu'il avance hâtivement que les parties au conflit n'ont fait aucun progrès réel dans les négociations devant aboutir à une solution politique juste, durable et acceptable par tous, il fait fi de tous les efforts fournis par le Maroc, qui a mis sur la table une proposition d'autonomie élargie dans le cadre de la souveraineté indiscutable du Royaume, avec à la clé un vaste chantier de régionalisation avancée. Lequel a donné lieu au lancement des premiers modèles de développements économiques lancés justement par le Roi Mohammed VI dans les provinces du Sud, avec une enveloppe de 77 milliards de DH, des milliers d'emplois et une mise en place de centres de formation et d'universités pour assurer aux enfants de la région un accès équitable au savoir, au travail et à la dignité. Autant dire qu'entre le niveau de développement dans nos provinces du Sud et la misère dans les camps de Tindouf, il n'y a pas photo. Omission a été faite également du cadre des négociations quand le SG de l'ONU remet sur la table la question dépassée du référendum. Une déclaration qui n'a pas manqué de faire réagir le politologue Mustapha Sehimi : «De quoi s'agit-il ? De faire un constat simple de l'avancement de ce dossier devant les instances onusiennes. Quel est pour commencer le cadre de négociation ? Celui-là même validé par le Conseil de sécurité voici près de neuf ans, à savoir l'initiative marocaine d'autonomie régionale au Sahara présentée le 11 avril 2007 devant cette même instance, il n'y a rien d'autre sur la table. Et ce n'est pas la lettre déposée par le mouvement séparatiste, la veille, reprenant les slogans récurrents de sa propagande qui peut être considérée comme une proposition recevable». C'est à se demander à quoi servirait finalement la visite de Christopher Ross, prévue au Maroc à la fin de ce mois-ci à l'invitation des autorités marocaines. Est-ce pour mieux influencer les recommandations de Ban Ki-moon sur le dossier et qui seront présentées fin avril dans un rapport au Conseil de sécurité ? Pour M. Sehimi, «Il n'y a plus rien à attendre ni de Ban Ki-moon, ni de son envoyé personnel Christopher Ross qui, d'ailleurs, se sont mis hors jeu. Ils sont devenus un facteur de complexification au lieu d'être des facilitateurs comme le prescrit formellement leurs mandats respectifs». Ban Ki-moon, dont le mandat touche à sa fin en 2016, voudrait-il marquer l'histoire comme étant celui qui a résolu un conflit vieux de plus de 40 ans ? Toujours est-il qu'il doit garder en mémoire que, comme dirait Daniel Pennac dans «Au bonheur des orges», les batailles se perdent dans la précipitation !