C'est devant un hémicycle comble, réuni en session extraordinaire samedi dernier, que le Chef du gouvernement a tiré à boulets rouges sur le secrétaire général de l'ONU, qui avait déclaré lors de sa visite dans les camps de Tindouf que les membres de la Minurso sont prêts à organiser un référendum s'il y a un accord entre les parties. Abdelilah Benkirane n'a pas fait dans la dentelle en dénonçant le manque d'impartialité et d'objectivité dont a fait preuve Ban Ki-Moon. Selon lui, les propos du SG de l'ONU portent atteinte à la crédibilité des Nations Unies qui considèrent que l'option du référendum est inapplicable d'autant plus qu'«ils constituent une atteinte au droit international. Outre son appel à l'organisation d'un référendum, Ban Ki-Moon a enchainé les dérapages. «Jamais un secrétaire général de l'ONU n'a utilisé le terme occupant», a déclaré Benkirane. Sa visite à Bir Lahlou, zone tampon, confirme sa partialité et constitue une autre violation des engagements des Nations Unies. Abdelilah Benkirane lui reproche également d'avoir omis de dénoncer les violations des droits de l'Homme dans les camps de Tindouf et d'exiger d'Alger de recenser les séquestrés de Tindouf. Il faut rappeler d'ailleurs que l'Office anti-fraude de l'Union européenne avait publié un rapport sans équivoque sur le détournement depuis des années de l'aide humanitaire accordée à cette population. Rachid Roukbane, chef du groupe parlementaire du PPS à la Chambre des représentants, a abondé dans le même sens : «pourquoi Ban Ki-Moon n'a pas abordé le problème de disparition forcée d'enfants et leur implication dans des conflits armés au lieu de parler d'occupation ?» En effet, Ban Ki-Moon, dont le mandat prend fin cette année, s'est contenté d' «encourager le morcellement de la nation au lieu d'évoquer ces violations», regrette Benkirane qui lui reproche aussi d'avoir négligé les risques de terrorisme et de déstabilisation de la région. Au point que Rachid Roukbane s'est interrogé sur les raisons qui se cachent derrière cette sortie outrageuse de Ban Ki-Moon. Il n'a pas hésité à évoquer un coup planifié par les séparatistes.