Majorité et opposition dénoncent les dérapages du SG des Nations Unies, Ban Ki-Moon, lors de sa récente visite dans la région. La tenue de la session extraordinaire du Parlement en présence du chef de gouvernement et la marche nationale de Rabat témoignent du consensus autour de l'intégrité territoriale. La vague de protestations contre les propos tenus par le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, se poursuit. Majorité et opposition resserrent leurs rangs, comme à l'accoutumée, autour du dossier du Sahara. Les parlementaires des deux chambres sont unanimes et dénoncent les dérapages de Ban Ki-Moon. Ils parlait d'une même voix vendredi, lors de la réunion des commissions des affaires étrangères des deux chambres du Parlement, et samedi en séance plénière, estimant que le responsable onusien a fait preuve de partialité flagrante dans la question du Sahara. À l'instar du chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, et du ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Salaheddine Mezouar, ils considèrent les récentes déclarations du secrétaire général de l'ONU, inédites et contraires aux résolutions du Conseil de sécurité, comme une atteinte au droit international. Pis, ces propos attisent les hostilités dans la région et portent atteinte à la mission de l'ONU, alors que le SG des Nations Unies est tenu de respecter les constantes faisant l'objet de consensus et d'observer la neutralité afin de parvenir à une solution politique juste et acceptable. Benkirane estime que le responsable onusien devait prendre en considération le danger du terrorisme dans la région et reconnaître l'exception du modèle de développement marocain alliant stabilité et respect des droits de l'Homme. Pour sa part, le chef de la diplomatie marocaine rassure les députés et les Conseillers, soulignant que le Maroc est fort en raison de l'union de son front national et la justesse de sa cause. D'ailleurs, le royaume qui, plus de quarante ans durant, a fait face aux différentes manœuvres des ennemis de l'intégrité territoriale, compte encore une fois remporter la bataille. Mais que va faire le Maroc à quelques jours de l'examen, par le Conseil de sécurité, du rapport de l'ONU sur le dossier du Sahara ? La question a été posée, à plusieurs reprises, par les parlementaires. Tout en soulignant que le Maroc ne restera pas passif, Mezouar n'a pas donné de détails. «La prochaine étape nécessite une grande fermeté. La riposte du Maroc sera à la hauteur de sa dimension en tant que pays. Il faut s'attendre à des actions et des décisions appropriées», signale-t-il. Mezouar souligne, par ailleurs, que le Maroc a emprunté la bonne voie en optant pour la régionalisation avancée et pour le développement des provinces du Sud. Les parlementaires abondent dans le même sens. Nombre d'entre eux appellent à élaborer une stratégie claire et à impliquer toutes les parties concernées dans la défense de l'intégrité territoriale du royaume. Certains ont même épinglé la «passivité» de la diplomatie marocaine, appelée à être plus offensive. Le ministre des Affaires étrangères balaie d'un revers de la main cette accusation, précisant que les diplomates marocains sont de véritables militants qui mènent des batailles quotidiennes contre les ennemis farouches du Maroc. L'erreur de Ban Ki-Moon Le chef de gouvernement souligne que le secrétaire général de l'ONU a violé les engagements et les garanties données au Maroc par ses plus proches collaborateurs. Le Maroc déplore l'utilisation par le responsable onusien du terme «occupation» pour qualifier le recouvrement par le Maroc de son intégrité territoriale en totale violation des engagements et du principe d'impartialité que les Nations Unies sont tenues d'observer. Il s'agit aussi de dangereux signes à forte symbolique, comme le fait de s'incliner devant le drapeau des ennemis, le signe de la victoire et la présence des dirigeants du Polisario à ses côtés. La visite de Ban Ki-Moon à Bir Lahlou, zone tampon, constitue une autre violation des engagements de l'ONU. Le secrétaire général n'a pas soulevé la question des violations massives des droits de l'Homme dans les camps de Tindouf en Algérie. Il n'a pas non plus évoqué l'impératif du recensement des populations qu'il a lui-même appelé de ses vœux dans plusieurs de ses rapports, ni le détournement avéré, depuis quatre décennies, de l'aide humanitaire internationale destinée aux populations de ces camps, chose confirmée par les rapports du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l'Office de lutte anti-fraude de l'Union européenne (OLAF). Le royaume reproche aussi à Ban Ki-Moon le choix du timing de la visite. Le Maroc avait initialement proposé novembre 2015 comme date de cette visite, acceptée par l'ONU, avant que celle-ci se rétracte en raison de l'agenda du SG. Le Maroc a ensuite proposé le mois de janvier pour ce faire. Cependant, l'ONU s'est rétractée encore, pour les mêmes raisons. Le Maroc a rejeté la proposition du mois de mars en raison de l'agenda royal. Mais Ban Ki-Moon a tenu à sa visite, se constituant de deux étapes, malgré le refus du Maroc. Un refus justifié, selon Benkirane, par le fait qu'un rapport partiel sur le Sahara sera présenté au Conseil de sécurité en avril. Rachid Roukbane Président du groupe du PPS à la Chambre des représentants Il faut être fier des efforts considérables déployés par la diplomatie marocaine pour faire face aux manœuvres des ennemis de l'intégrité territoriale du royaume. Les Marocains sont unanimes pour dénoncer les dérapages du secrétaire général de l'ONU lors de sa dernière visite à la région. Ses propos attisent la colère alors que l'ONU a pour mission principale de veiller à la paix et à la sécurité. Le Maroc, qui ne doit pas s'inscrire dans une démarche d'attentisme, est appelé à être ferme. Ahmed Lakhrif Conseiller du Parti de l'Istiqlal Il ne sert à rien de se lamenter sur son sort. Il est impératif de mettre en place une stratégie claire basée sur l'anticipation. Que doit-on faire: couper contact avec Ban Ki-Moon ou renforcer le contact avec les membres du Conseil de sécurité? Il ne faut pas aggraver la situation. On doit faire face aux derniers développements avec sagesse et fermeté, loin des discours dépassés. Reda Benkhaldoun Député du PJD Tous les acteurs marocains sont fédérés autour de la première cause du royaume. Le dossier du Sahara a toujours unifié la majorité et l'opposition. Le Maroc est unanime à dénoncer les propos tenus par le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon lors de sa récente visite dans la région. Il faut aller de l'avant. D'ailleurs, le plan d'autonomie proposé par le Maroc est salué au niveau international.