Depuis son accession au Trône, le Roi Mohammed VI a mis un point d'honneur à hisser le développement humain et la coopération sud-sud comme leitmotiv de son règne. Le discours royal prononcé à Abidjan (Côte d'Ivoire) en 2014 contient en son sein les fondamentaux de la vision royale en matière de coopération Sud-Sud et de codéveloppement. «L'Afrique est un grand continent, par ses forces vives, ses ressources et ses potentialités. Elle doit se prendre en charge, ce n'est plus un continent colonisé. C'est pourquoi l'Afrique doit faire confiance à l'Afrique. Elle a moins besoin d'assistance, et requiert davantage de partenariats mutuellement bénéfiques. Plus qu'une aide humanitaire, c'est de projets de développement humain et social, dont notre continent a le plus besoin». La vision du Roi Mohammed VI en matière de codéveloppement est devenue une référence en la matière, motivée par une volonté de faire du continent africain un espace de prospérité et de paix. Pour analyser les fondamentaux de cette vision, le Groupe Le Matin a profité de l'avènement des 17 ans de règne du Roi Mohammed VI pour organiser une rencontre internationale à Casablanca où des experts nationaux et internationaux ont défilé pour livrer leurs analyses des actions royales dans le sens d'un codéveloppement pérenne, harmonieux et égalitaire. D'ailleurs, Youssef Amrani, chargé de mission au Cabinet Royal et ancien ministre délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, fut le premier à intervenir sur la question, mais dans une perspective africaine. «Il s'agit d'une vision délibérée et déterminée qui marque l'engagement ferme de SM avec le continent. Il a fallu placer le continent au coeur des préoccupations internationales, à l'heure de défis sécuritaires, environnementaux et économiques. Il faut faire très attention à ce que ces défis ne nous fassent dériver ni compromettre cet objectif de codéveloppement. Nous sommes dans une époque charnière. Il faut des instruments concertés et collectifs pour avancer, ce sont là les fondamentaux de la Vision du Roi», précise Y. Amrani. Faut-il préciser que le développement humain durable est au coeur de cette vision basée essentiellement sur un dialogue politique approfondi... où l'on s'affranchit de conditionnalité, que ce soit vers le Nord ou le Sud, comme soutient le haut responsable. «Il s'agit d'une rupture historique par rapport au schéma qui dominait jadis pour aller vers plus de codéveloppement et créer la postérité pour le continent. Ces perceptions prometteuses et vertueuses envers le continent sont portées par SM à travers le triptyque suivant : la création d'un espace de paix et de prospérité, l'impératif de croissance partagée et le devoir de solidarité», précise Youssef Amrani, non sans rappeler que cette vision constitue une opportunité pour l'Europe de travailler avec la Méditerranée et, au-delà, avec l'Afrique. L'Europe est d'ailleurs tancée dans l'intervention de Rachida Dati, députée européenne et ancienne ministre française de la Justice, qui estime que nos voisins du nord n'ont pas pris la pleine conscience de la vision très anticipée du Roi Mohammed VI. «Il ne faut pas manquer de relever que certains pays du Nord ont gardé une vision du siècle dernier et même d'avant la chute du mur de Berlin. Cela infantilise totalement. Il faut se rendre à l'évidence que certains pays dit en développement n'ont rien à envier à des pays dits développés en matière de codéveloppement. Les pays du Nord sont tragiquement dépendants de ce qui se passe dans le Sud. Ce discours infantilisant doit cesser, car il ne peut y avoir de progrès que s'il y a des relations égalitaires», fustige l'ancienne gardienne des Sceaux. Mais qu'à cela ne tienne, le Roi poursuit son chantier, notamment en Afrique dont le Maroc est devenu le deuxième investisseur. «Intervenir sur ce thème aussi fondamental est assez simple au Maroc car le pays réunit tous les fondements du codéveloppement. Ce qui nécessite une impulsion forte, un Etat fort et une vision claire. A ce titre, le Roi Mohammed VI est exemplaire», explique R. Dati. En effet, loin de la compétition effrénée pour le leadership régional et loin des velléités dont font preuve certains chefs d'Etat africains, le Roi Mohammed VI trace sa voie par des actions concrètes loin de la politique politicienne, qui a tant fait de mal au continent. Islam moderne, gestion de la migration ... le Maroc, un leader africain incontournable pour l'Europe «Faire du codéveloppement un facteur de développement aussi bien en interne qu'en externe, telle est la vision du Roi. Sans oublier son rôle dans l'instauration d'un Islam modèle à travers la formation d'imams et de mourchidates. Le Maroc met en pratique cet Islam de lumière et j'espère que d'autres pays s'en inspireront. Le Maroc, de ce fait, n'est pas n'importe quel pays moderne, il a toute notre confiance sur cette question. Ce n'est pas pour faire offense aux autres pays amis, mais aucun des pays de la rive sud n'a pris cet engagement fait par SM le Roi Mohammed VI pour diffuser un islam de modernité», témoigne Rachida Dati. Le pays est sollicité par des partenaires européens pour faire face à la montée en puissance d'un islam radical en Europe. «Soyons fiers du Maroc et de l'homme d'Etat qu'est Mohammed VI», conclut-elle. Intervenant lors de cette rencontre internationale, Miguel Angel Moratinos, ancien ministre espagnol aux Affaires étrangères et à la Coopération, a rappelé qu'en 1999, le Roi enterrait son père et le prince héritier pour reprendre un lourd legs. «Dans ces circonstances, le Roi aurait dit avec beaucoup d'abnégation, selon ce qui m'a été transmis de l'entourage du Roi, que Hassan II a placé le Maroc dans plusieurs coins du monde. Mon rôle est de placer le Maroc dans le coeur des Marocains. D'où la nouvelle architecture constitutionnelle pour donner corps à cet élan. La vision est nécessaire, mais le plus important pour un homme d'Etat est de traduire cette stratégie en action réelle et c'est ce qu'a réussi à faire le Roi. Et c'est l'homme d'Etat que je veux saluer». Le Roi a reçu également un hommage appuyé de Cheikh Tidiane Gadio, président de l'Institut panafricain de stratégies, envoyé spécial de l'OCI en Afrique et ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères. Ce dernier a souligné en des mots forts qu'il manque à l'Afrique un galvaniseur comme Mohammed VI, en remerciant le Roi de revenir dans l'UA, en ces temps troubles. En effet, le responsable sénégalais a déploré cette balkanisation du continent qui a fait de l'Afrique un continent riche habité par des Africains pauvres. Une anomalie à laquelle le Roi Mohammed VI cherche des solutions concrètes et pragmatiques... depuis 17 ans déjà.