La nouvelle charte d'investissement prévoit l'octroi d'un statut zone franche aux grandes entreprises exportatrices se trouvant hors zones franches. La mise en place d'une zone franche par région s'inscrit par ailleurs dans le nouveau dispositif. Le leitmotiv est de garantir un impact palpable des zones franches sur le processus d'industrialisation en marche depuis quelques années. En quête du statut de pays émergent, les responsables veulent rehausser le niveau de l'investissement au Maroc. La forte corrélation existant entre le niveau de l'investissement et le taux de croissance exhorte le ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie numérique à revoir sa copie et à se doter d'instruments actualisés à même de booster la formation brute du capital fixe (FBCF). Lors de sa dernière sortie médiatique, Moulay Hafid El Alamy a dévoilé les dessous de la nouvelle Charte d'investissement, censée être un nouveau dispositif pour une croissance qui profite également aux plus démunis. «Une profonde réforme de la Charte d'investissement dont le Maroc s'était dotée en 1995, s'imposait pour aboutir à un document intégré, accessible, regroupant l'ensemble des mesures incitatives et formulé dans un cadre unique et coordonné donnant plus de visibilité aux opérateurs» dixit MHE à l'occasion. Aujourd'hui, il est question d'un nouveau cadre incitatif à même d'accompagner l'investissement industriel. «Le nouveau cadre rompt radicalement avec une vision statique de l'accompagnement de l'investissement» tient-il à préciser. D'après lui, il se distingue essentiellement par la clarté des offres qu'il présente. Entre autres mesures entreprises, le ministre a annoncé l'octroi d'un statut zone franche aux grandes entreprises exportatrices se trouvant hors zones franches. Il s'agit d'une réponse aux voeux des industriels. Plusieurs d'entre eux ont manifesté leur souhait de bénéficier des avantages d'une zone franche sans y être installés. Mieux encore, la nouvelle charte d'investissement prévoit la mise en place d'une zone franche par région. Le critère régional a été introduit pour mieux répartir l'investissement sur l'ensemble du territoire. Le leitmotiv est de ratisser plus large et en faire profiter les régions les moins favorisées. Le but est par ailleurs de garantir un impact palpable des zones franches sur le processus d'industrialisation en marche depuis quelques années. Une question lancinante se pose d'emblée : quel est l'impact des zones de libre-échange sur l'industrie au Maroc ? ZLE : un effet papable sur l'emploi Il est utile de rappeler que le Maroc s'est inscrit assez tardivement dans la stratégie de développement des zones franches (ZF). C'est à partir du milieu des années quatre-vingt-dix que le premier cadre juridique réglementant l'installation et le fonctionnement des ZF a été promulgué. Instituées par la loi 19-94, les zones franches d'exportation sont des espaces déterminés du territoire douanier où sont autorisées, en dispense de la réglementation douanière, du contrôle du commerce extérieur et des changes, toute activité exportatrice à vocation industrielle ou commerciale, ainsi que les activités de services liées. Depuis le début des années 2000, une nouvelle dynamique s'est installée pour donner un nouveau souffle aux zones franches au Maroc. Tanger reste le territoire qui abrite le plus grand nombre de zones franches. D'autres villes intérieures sont en train de se doter de leurs propres zones franches. «En 2014, la ZF du Port Tanger accueillait 78 entreprises, 68% travaillant dans le commerce, 30% dans le textile et le reste dans l'industrie des conserves de poisson et le carrelage», apprend-on dans une lettre de l'Observatoire de conjoncture. La zone franche d'exportation de Tanger est installée depuis 2011. En 2014, 379 entreprises industrielles y sont domiciliées. Elles créent plus de 42.000 emplois totalisant un chiffre d'affaires en 2014 de plus de 2 milliards de dollars. Cette zone bénéficie d'un régime fiscal des plus avantageux comme elle est desservie par un grand port. Atlantic free zone à Kénitra est l'une des premières plates-formes intégrées de dernière génération, réalisée dans le cadre du Pacte national pour l'émergence industrielle. Elle est dédiée principalement au secteur automobile et électronique. La première tranche, qui s'étale sur 192 ha, est opérationnelle. D'autres zones franches sont prévues ou en cours de réalisation. C'est le cas de la zone franche de Nador. Deux zones franches sont programmées dans la région sud du pays précisément à Lâayoune (15 ha) et Dakhla (10,5 ha). Une étude de programmation et de développement de ces deux zones est en cours de réalisation. Dresser un bilan de ces zones s'avère ardu vu le nombre limité d'indicateurs, mais cela n'empêche pas de dire que leur impact sur le nombre d'investissements lourds étrangers est palpable. En termes d'emploi, ces zones emploient près de 37.000 personnes. En matière d'industrialisation, force est de constater que malgré les avancées réalisées, le Maroc reste à des niveaux en deçà de ceux des pays émergents. L'analyse sur le long terme des indicateurs stratégiques montre que la part de l'industrie dans les exportations en marchandises est passée d'une moyenne de 16% au cours de la période 1970-79 à 66,1% au cours de la période 2000-2009 et s'est située à 66,5% entre 2010 et 2014. L'effort est certes louable, mais de l'avis des économistes, le processus d'industrialisation reste très lent.