Les autorités marocaines mobilisent les partis politiques et les syndicats, jusque-là peu impliqués dans la gestion du dossier saharien, pour élargir le front intérieur. Mezouar met à nu les manoeuvres de Ban Ki-moon qui cherche à faire pression sur le Conseil de sécurité de l'ONU pour entraver le processus politique de règlement du différend régional sur le Sahara marocain. Au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, on assure que les contacts avec la composante militaire de la Minurso ne sont pas rompus. Sitôt rentré de son séjour à New York, au cours duquel il a rencontré le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, pour avoir des explications sur les nombreux dérapages dont le diplomate sud coréen s'était rendu coupable au cours de sa visite à Tindouf et Alger (financesnews.press.ma), Salaheddine Mezouar, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, a tenu une conférence de presse à Rabat pour faire le point sur la situation. Quelques heures avant ce rendez-vous avec les médias, il a tenu une longue réunion avec les chefs de partis politiques et de syndicats pour les informer des derniers développements relatifs à la question du Sahara, érigée en question nationale. Cette initiative vise à impliquer la composante civile, politique et syndicale du Maroc dans ce dossier, alors que jusque-là, ils en étaient plutôt exclus. Une commission tripartite-syndicats-partis-ministère est mise sur pied pour assurer le suivi du dossier. La mobilisation du front intérieur est donc totale. La tenue de deux conférences de presse sur la question du Sahara, en moins d'une semaine, tient également de cette logique : informer et mobiliser les Marocains et ne pas les tenir à l'écart des évènements en cours. D'emblée, Salaheddine Mezouar a affirmé que «le Maroc ne permettra jamais qu'on porte atteinte à sa souveraineté et à son intégrité territoriale». Cette ligne de conduite s'est traduite par la réaction ferme et forte des autorités du Royaume qui a «ébranlé» le Secrétaire général de l'ONU. A présent, Ban Ki-moon essaye par tous les moyens de faire pression sur le Conseil de sécurité de l'ONU pour le rallier à sa «cause». Surtout, il entend montrer que le Maroc a un problème avec l'organe exécutif des Nations unies. De même, le SG de l'ONU tente une offensive médiatique internationale pour masquer ses dérapages et dépassements et faire passer l'idée que le Maroc fait fi du droit international en s'attaquant à la composante civile de la Minurso. En réalité, par ces manoeuvres, Ban Ki-moon cherche à dévier le processus politique de règlement du différend régional sur le Sahara marocain tel qu'établi par le Conseil de sécurité depuis plus de 10 ans maintenant. En d'autres termes, il tente de forcer la main au Conseil de sécurité pour faire reculer le dossier des années en arrière et remiser au placard l'initiative marocaine d'autonomie. Peine perdue, selon S. Mezouar, qui note avec satisfaction que le Conseil de sécurité de l'ONU a eu une réaction qu'il juge sage et responsable, au grand dam du Secrétariat général qui aurait souhaité un appui franc à sa position. Pas de ruptures avec la Minurso Le Maroc n'a pas de problème avec le Conseil de sécurité de l'ONU, mais bien avec les propos de Ban Ki-moon qui menacent la sécurité et la stabilité de la région, et qui sortent du cadre de sa mission de facilitateur de paix, rappelle Mezouar. Preuve en est, le Maroc reste engagé dans sa coopération avec la composante militaire de la Minurso, dans le cadre du mandat qui lui est confié. «Les contacts entre les Forces Armées Royales (FAR) et la composante militaire de la Minurso se poursuivent sans aucune interruption, afin qu'elle puisse mener à bien sa mission de préserver le cessez-le-feu», précise le ministre. Il indique également que le Maroc continue de fournir l'aide logistique nécessaire à la Minurso pour exercer sa mission de maintien de la paix dans des conditions normales. Les contacts avec la représentante spéciale du Secrétaire général, Kim Bolduc, se poursuivent de façon normale. «Le Maroc reste ouvert au dialogue constructif et responsable, et demeure déterminé à poursuivre le processus politique fragilisé par les dérapages de Ban Ki-moon», déclare Mezouar. Décisions souveraines et irrévocables Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération a tenu à préciser que la réaction du Royaume face aux dérapages dangereux de Ban Ki-moon ne se sont pas faites dans l'improvisation. «La réaction marocaine a connu au préalable une consultation avec les membres du Conseil de sécurité pour prendre conseil. Le Maroc a été contraint de prendre ces décisions après la tentative du SG de l'ONU de sortir le dossier du processus politique», fait-il savoir. A ce titre, il qualifie les décisions prises par le Royaume de responsables et à la hauteur de la gravité des dérapages de Ban Ki-moon. «Ce sont des décisions souveraines et irrévocables qui bénéficient du soutien de toutes les couches du peuple marocain», souligne-t-il. Et ce ne sont pas les récents «regrets» exprimés par le SG de l'ONU à propos du «malentendu» entre lui et le Maroc qui feront baisser la garde du Royaume. Dans un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, le Maroc estime que «les propos et les actes inadmissibles du Secrétaire général de l'ONU, lors de sa récente tournée régionale, ne peuvent être réduits à un simple malentendu, mais ce sont des actes d'une gravité sans précédent, qui ne sont ni justifiables, ni effaçables».