Après le retrait de la composante civile, le royaume a annoncé sa décision de continuer à soutenir militairement la Minurso. Selon Salaheddine Mezouar, il s'agit de reconstruire la confiance afin de sauver le processus politique affecté par les dérapages du secrétaire général de l'ONU. Droit dans ses bottes, Saleheddine Mezouar ne cède pas d'un pouce sur la position du Maroc à l'égard des déraillements de Ban Ki-moon. À l'issue d'une rencontre avec les dirigeants politiques et syndicaux, le ministre des Affaires étrangères à tenu, jeudi soir à Rabat, une conférence de presse. L'objectif était d'apporter des éclaircissements quant à la démarche du royaume face à la délicate crise avec le SG de l'ONU. Mezouar a affirmé que le Maroc continuera son soutien logistique à la composante militaire de la Minurso. Dans ce sens la coopération ne sera pas rompue dans le contexte du maintien du cessez-le-feu. «Le Maroc restera ouvert au dialogue constructif et inconditionné dans le cadre du respect mutuel, la reconstruction de la confiance dans l'objectif de sauver le processus politique affecté par les dérapages de Ban Ki-moon», soulignait le ministre. En réponse à ceux qui taxent la démarche marocaine de précipitée, il a expliqué que la réaction du Maroc a été précédée par une large consultation avec les membres du Conseil de sécurité (CS). Ces derniers, contre toute escalade, ont insisté sur la nécessité d'un traitement serein de la crise tout en reconnaissant l'existence de dérapages. Il faut dire que les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU ne se sont pas laissé influencer par les pressions du Secrétaire général qui est allé loin dans l'escalade, au lieu de présenter des excuses au peuple et au gouvernement marocains. En tout cas, en attendant la déclaration d'avril, le CS ne pourrait être unanimement favorable aux admonestations de Ban Ki-moon, quant à la vigueur de la riposte marocaine. Ce n'est pas pour rien que la proposition d'autonomie pour les provinces du Sud a été, encore une fois, qualifiée de réaliste, sérieuse et crédible. En tout cas, elle est la seule feuille de route mise sur la table des négociations, que ce soit à Manhasset ou à Genève. Lors de la rencontre entre le SG de l'ONU et le ministre des Affaires étrangères, ce denier lui a posé des questions précises sur les motivations de ses déclarations hasardeuses. La réponse a pris la forme d'une excuse verbale qui, hélas, ne s'est pas traduite en acte, puisque le ton du communiqué du SG était tout sauf réconciliant. On en a déduit une volonté avérée du SG d'imposer une vision tronquée du dossier du Sahara marocain. «Ceux qui planifient les mouvements de Ban Ki-moon étaient, tout à fait, conscients de la symbolique de Bir Lahlou», soutient Mezouar. En effet, ce territoire marocain a été mis, depuis 1991, à la disposition de la Minurso en tant que zone-tampon, pour mieux faire respecter le cessez-le-feu. Toutefois, le fait que le SG de l'ONU y aille, à partir de Tindouf, laisse entendre qu'il s'agit d'un prolongement de ce territoire. Ces agissements sont à même de menacer la paix et la stabilité régionales. Au fond, le différend avec la personne du SG est désormais politique et non technique. C'est la raison pour laquelle, l'Etat marocain a décidé le retrait de la composante civile de la Minurso et non-militaire. À quelques mois de la fin de son mandat à la tête des Nations Unies, Ban Ki-moon s'est pris le pied dans les stratagèmes algéro-polisariens. Toutefois, la vague sur laquelle surfe le SG est loin de la position du CS dont le président, Ismael Gaspar Martins (Angola), a parlé d'espoir et d'optimisme dans le traitement du différend. Ce qui ouvre la voie à une nouvelle appropriation du dossier. Gageons qu'il s'agit là d'un facteur positif susceptible de mieux faire connaître la cause marocaine à l'international et par la même occasion de repartir sur de meilleures bases. Implication de bon augure Les partis politiques et les syndicats se sont toujours plaints de ne pas être impliqués dans les efforts diplomatiques liés au dossier du Sahara. Le fait qu'ils soient aujourd'hui informés et consultés, via une rencontre directe avec le ministre des Affaires étrangères, augure d'une nouvelle prise de conscience. Celle de l'importance de toutes les forces vives du pays pour défendre sa première cause. Cette mobilisation est de nature à multiplier les canaux de pression et de converger les efforts vers un seul but, celui de convaincre du bien-fondé de la position marocaine. Car aujourd'hui que la crise avec la personne de Ban Ki-moon a atteint son paroxysme, il serait judicieux d'ajouter à la fermeté, cette flexibilité que sous-tend encore et toujours la défense des fondamentaux de la cause nationale.