Le marché de l'immobilier au Maroc est un marché d'acquisition. C'est connu.Mais cela vient d'être confirmé par les résultats de l'étude relative à l'enquête nationale sur la demande en habitat, réalisée par le ministère de l'Habitat et de la Politique de la ville, en partenariat avec le Holding Al Omrane et la Compagnie générale immobilière. Il ressort de l'enquête que la demande globale en habitat, au niveau national, est de l'ordre de 1.572.893 unités d'habitations, dont 87% émanent du milieu urbain. En cela, près de 87% des demandeurs optent pour l'acquisition du bien immobilier, alors que le reste choisit la location. Une configuration idéale ? Non. D'abord, parce que tout le monde ne peut être propriétaire et tout le monde n'a pas les moyens d'accéder à la propriété. Ensuite, comme nous le confiait dernièrement le patron de CIH Bank, Ahmed Rahhou, la propriété entraîne la réduction de la mobilité, laquelle est primordiale pour la bonne marche de l'économie. D'autant que les jeunes actifs auront davantage tendance à s'établir sur les villes les plus riches (Casablanca et Rabat notamment), au détriment des autres régions. Mais le Maroc actuel dispose-t-il pour autant des outils nécessaires pour rééquilibrer la balance en orientant les demandeurs vers la location ? Pas vraiment, surtout dans un marché où les promoteurs construisent pour vendre à des acquéreurs directs. Inverser la tendance revient donc à mettre en place des mécanismes de régulation adéquats. Deux leviers peuvent, à ce titre, être activés : un meilleur encadrement, par des textes réglementaires, des rapports locataire-propriétaire souvent très conflictuels, justifiant d'ailleurs que la plupart des propriétaires préfèrent laisser leurs logements inoccupés que de les louer. Et l'autre levier, comme le suggère Rahhou, est l'amendement du texte de loi sur les Organismes de placement collectif en immobilier (OPCI), orientés vers le locatif professionnel, pour y inclure le locatif résidentiel. Cela devrait permettre au fonds d'investissement de construire pour louer, ce qui n'est pas la vocation des promoteurs immobiliers. A méditer.