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CRI Laâyoune-Sakia Al Hamra : 12 Mds de DH de projets validés en 2015
Publié dans Finances news le 25 - 02 - 2016

La région de Laâyoune-Sakia Al Hamra a connu une année 2015 exceptionnelle avec le lancement, le 6 novembre dernier, commémorant le 40ème anniversaire de la Marche verte, du nouveau modèle de développement socioéconomique des provinces du Sud, qui entre dans le cadre de la mise en place de la régionalisation avancée. Mohamed Boumesmar, le directeur du Centre régional d'investissement de la région de Laâyoune-Sakia Al Hamra, revient sur les opportunités et les freins à l'investissement dans la région et le rôle à jouer par le CRI dans la mise en œuvre des orientations royales.
Finances News Hebdo : Tout d'abord, com­ment s'est comportée l'année 2015 en termes d'investissements, de création d'entreprises et d'emplois dans la région ?
Mohamed Boumesmar : Le CRI de la Région Laâyoune Sakia El Hamra (LSH) a instruit, durant l'année 2015, 94 projets d'investissement, dont 54 ont été validés par la Commission régionale d'inves­tissement pour un montant global de 11.801,26 MDH, qui engendrerait la création de 2.340 emplois; et 3 autres projets dépassant le seuil de 200 MDH.
Le secteur des services vient en tête avec plus de 9.833 MDH, soit 83,33%, suivi du secteur touristique avec plus de 142 MDH et 342 postes créés.
En ce qui concerne l'activité du guichet de la créa­tion d'entreprise au titre de l'exercice 2015, le CRI a accordé 589 certificats négatifs dont 282 ont été tous couronnés par des créations d'entreprises au sein du centre.
La répartition des créations par nature juridique per­met de révéler la dominance de la forme juridique «SARL», alors que la répartition par secteur d'activité fait apparaître une dominance des secteurs du com­merce des services.
F.N.H. : Quels sont les secteurs les plus por­teurs, qui ont présenté d'importantes oppor­tunités d'investissement et de création de richesse ?
M. B. : La région LSH présente un large éventail d'atouts économiques dans les secteurs de la pêche, des énergies renouvelables, de l'exploitation minière, du tourisme et de l'agriculture (Elevage) qui offre des richesses importantes, de grandes opportunités d'investissement et un potentiel de développement conséquent.
Le secteur de la pêche arrive au premier rang, car c'est le pilier du développement socioéconomique de la région, en témoignent les captures de la pêche côtière, avec 395.471 tonnes de poissons débarqués au titre de l'année 2014 d'une valeur de 1,43 milliard de DH. Notre région dispose du premier port sardinier et de la première hall aux poissons au niveau national et africain.
Le deuxième secteur qui commence à drainer les investissements étrangers vers la région est celui des énergies renouvelables car notre région jouit d'un potentiel énergétique très important estimé à 25.000 mégawatts, ce qui lui permettra de jouer un rôle central dans la production et la commercialisa­tion des énergies renouvelables au niveau national et international.
La région est déjà positionnée sur le marché de la production d'énergie éolienne à travers la réalisation de trois projets lancés par l'ONEE (Branche électri­cité), Nareva et Italcementi. Ces projets ont permis la production d'une énergie électrique propre de 550 MW.
Autre projet de taille mené par Masen, l'Agence en charge de réaliser le programme solaire marocain à Foum El Oued, Tah et Boujdour, comme seconde destination nationale après Ouarzazate, sur une superficie de 5.500 ha qui assurerait la production de 1.100 MW.
Au 3ème rang vient un autre secteur de taille, à savoir le secteur minier. La région est connue par ses richesses minières, en particulier les phosphates, le sel et le sable. Mais l'activité minière-phare de la région est l'exploitation à ciel ouvert du site phospha­tier de Boucrâa.
Avec le lancement par Sa Majesté tout dernièrement du complexe industriel de traitement et de stockage des phosphates, ce projet offrira de vraies perspec­tives d'investissement et de développement de notre région.
Le tourisme est un autre secteur qui présente des opportunités très importantes; vu que la région dispose d'un ensemble d'atouts naturels associant le balnéaire et le désert. Ces atouts lui garantissent d'être un pôle touristique par excellence en plus de sa situation géographique stratégique, très proche de l'archipel canarien, hinterland, un espace écono­mique mondial qui accueille plus de 13 millions de touristes chaque année.
La région offre un produit touristique extrêmement riche et varié laissant aux touristes la possibilité de choisir entre le tourisme culturel, celui de l'aventure, de découvertes ou encore d'affaires.
F.N.H. : Aujourd'hui, comment qualifiez-vous le système fiscal appliqué dans les provinces du Sud ?
M. B. : Le régime fiscal appliqué aux provinces du Sud se caractérise par un manque de visibilité, car les exonérations en termes de TVA, d'IS et de taxes locales sont considérées comme des exonérations «de fait». Afin d'améliorer le climat des affaires, le CESE, dans son rapport, a signalé qu'il «convient d'offrir à l'initiative privée un système fiscal basé sur des textes clairs et stables sur une longue durée.
La fiscalité devrait renforcer l'attractivité des pro­vinces (IS et IGR avantageux, TVA et taxes locales normalisées)».
F.N.H. : Quelles sont les principales doléances des investisseurs de la région et comment y répondez-vous ?
M. B. : Les investisseurs au niveau de cette région sont généralement préoccupés par l'aboutissement des procédures administratives nécessaires à l'acte d'investir. Dans ce cadre, la lettre Royale du 9 janvier 2002 adressée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu le Glorifie, au Premier ministre au sujet de la gestion déconcentrée de l'investissement, stipule que : «Ces procédures doivent être allégées et leur mise en oeuvre doit s'effectuer au plus près des investisseurs». A cet effet, et dans le but d'améliorer le climat régional des affaires, le Comité régional de l'environnement des affaires relevant de cette région, créé en mai 2015, a organisé le jeudi 17 décembre 2015, une journée d'études sous le thème : «Le foncier dédié à l'investissement et les infrastructures d'accueil». Lors de cette journée d'études, nous avons essayé d'apporter des réponses aux préoccu­pations des investisseurs en formulant les recomman­dations suivantes :
1- Recommandations adressées au Comité natio­nal de l'environnement des affaires «CNEA»
Elles portent essentiellement sur :
- La possibilité de modifier certains textes juridiques et de les faire adapter au contexte des provinces du Sud du Royaume;
- La possibilité de faire annexer le représentant du CRI aux membres de la commission d'expertise et de la commission de suivi de réalisation des projets d'investissement.
2- Recommandations à traiter au niveau local
Elles visent entre autres à :
- Eviter le retard causé par les investisseurs lors du dépôt des dossiers des études d'impact sur l'environ­nement (EIE) et lors du dépôt des dossiers d'acquisi­tion du terrain;
- Constituer une commission de suivi pour garantir le recouvrement du prix de vente du foncier;
- Activer les travaux de la commission de suivi de réalisation des projets d'investissement;
- Tenir des réunions périodiques pour diagnostiquer la situation des projets d'investissement au niveau de la région;
- Proposer une approche participative pour soulever les problèmes rencontrés par chaque projet d'inves­tissement;
3- Recommandations transversales
Elles concernent essentiellement la possibilité de :
- Constituer une réserve foncière capable d'abriter les projets d'investissement;
- Accélérer la couverture de la région en documents d'urbanisme;
- Finaliser les études d'aménagement des zones des activités économiques et des zones industrielles;
- Généraliser le processus de conservation foncière au niveau de toute la région;
- Renforcer les structures d'accueil.
F.N.H. : En mars 2015, la ville a accueilli le Forum de l'investissement dédié aux régions du Sud, organisé par la CGEM, et durant lequel le patronat s'est engagé à réaliser une soixantaine de projets pour 6 milliards de DH avec 10.000 emplois à la clé. Où en est cet engagement ?
M. B. : Le 28 mars 2015, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a lancé, en parte­nariat avec les intervenants locaux, une initiative de promouvoir l'investissement privé dans les provinces du Sud à travers la réalisation de 59 projets pour un montant d'investissement de l'ordre de 5,4 milliards de dirhams.
Pour la région Laâyoune-Sakia El Hamra, la CGEM prévoit la réalisation de 46 projets dans différents secteurs notamment l'industrie, l'habitat, l'énergie, les services, le BTP, le transport.
Le CRI en partenariat avec les acteurs locaux a tenu des réunions périodiques de suivi et d'accompagne­ment pour la réalisation des projets présentés avec les représentants de la CGEM.
En effet, une convention a été élaborée pour étudier le financement de l'extension de la zone industrielle d'El Marsa sur une superficie de 40 ha pour accueillir les projets industriels.
Parmi les 46 projets présentés dans notre région, 18 projets ont reçu un avis favorable et les autres sont en cours d'étude.
F.N.H. : L'année s'est également clôturée en beauté puisqu'à l'occasion de la commémora­tion du 40ème anniversaire de la Marche verte, SM le Roi Mohammed VI a lancé le nouveau modèle de développement socioéconomique des provinces du Sud, qui entre dans le cadre de la mise en place de la régionalisation avan­cée. Quel rôle le CRI de Laâyoune est-il appelé à jouer pour participer à la mise en oeuvre de ce grand chantier ?
M. B. : La commémoration du 40ème anniversaire de la Marche verte marquée par la visite et le discours Royal à Laâyoune a constitué une étape qualifiée par SM de : «rupture avec l'économie de rente et des pri­vilèges et la défaillance de l'initiative privée, et rupture avec la mentalité de la concentration administrative».
Le nouveau modèle intégré de développement des provinces du Sud enrichit l'ambition de faire de notre région un hub économique d'excellence, car il traduit la fidélité et l'engagement de SM auprès des citoyens des provinces du Sud.
Ce nouveau modèle de développement va constituer la locomotive de l'application de la régionalisation avancée, qui illustre la volonté royale de donner la primauté aux provinces du Sud par la signature des contrats-programmes entre l'Etat et les régions pour l'exécution des projets de développement.
En ce qui concerne l'investissement, SM le Roi, lors du même discours, a ajouté «...Nous tenons à conforter ces initiatives en mettant en place un cadre juridique incitatif pour l'investissement, garantissant au secteur privé national et étranger, la visibilité et les conditions de compétitivité nécessaires pour contri­buer au développement de la région.... Le Maroc a le droit d'ouvrir ses portes à ses partenaires, Etats et entreprises mondiales, pour profiter des opportunités d'investissement que la région va offrir grâce aux grands projets qui seront lancés...».
En ce qui concerne le rôle du CRI dans cette dyna­mique, c'est la simplification des procédures, la proxi­mité et l'unicité de l'interlocuteur, l'accompagnement des investisseurs, le développement et la promotion de l'investissement dans la région ainsi que l'amé­lioration du climat des affaires en collaboration avec les différents acteurs locaux et les départements ministériels.
F.N.H. : Comment vous organisez-vous avec les autorités locales et centrales pour la mise en oeuvre des orientations royales ?
M. B. : La mise en oeuvre des orientations royales, notamment celles liées au nouveau modèle de déve­loppement, doit s'appuyer sur le principe de subsidia­rité et de transfert de compétences au niveau régional surtout l'application de la régionalisation avancée.
L'organisation de la mission du CRI avec les autorités locales et centrale est régie par la réglementation notamment les commissions d'investissement et celles d'amélioration du climat des affaires tant au niveau régional que national. En outre, le CRI travaille en étroite collaboration avec les différents partenaires locaux et nationaux afin de promouvoir les opportuni­tés de la région pour attirer l'investissement national et étranger d'une part, et d'autre part, la participation dans la déclinaison des stratégies sectorielles.


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