De nouvelles approches plus pragmatiques et plus efficaces pour lutter contre le phénomène sont à rechercher, notamment des mécanismes de financement et de nouvelles formules de traitement. La création d'un organisme dédié devient une urgence. L'effondrement de maisons dans les anciennes médinas ou dans les quartiers populaires est devenu de plus en plus fréquent surtout en période de fortes précipitations. Malgré les mesures lancées par l'Etat, le phénomène perdure. Selon les statistiques officielles, le nombre de ces bâtisses a été réduit de 63%, passant de 114.000 en 2012 à 43.000 actuellement. «Les chiffres communiqués sont fortement biaisés. Ils sont basés sur un recensement des autorités locales qui, elles, ont déclaré les édifices qui présentent un état de délabrement avancé de l'extérieur, alors qu'il y a plusieurs maisons dont la façade ne présente aucun signe, mais qui présentent à l'intérieur plusieurs fissurations», souligne Hassan Marbouh de l'Association Casablanca Carrières centrales. Et d'ajouter qu'«il faut traiter cette problématique sous ses différents volets. La vétusté de ces habitats est due à leur ancienneté, au manque d'entretien mais, surtout, à des surévaluations non autorisées pour faire face à la demande en logement. Ce qui accentue le risque d'effondrement». En effet, ces dernières années, notamment depuis 2011 qui a coïncidé avec le printemps arabe, les surévaluations en hauteur dites «bidonvilles aériens» ont connu une forte progression dans les anciennes médinas. Ces bâtisses sont réalisées clandestinement, sans plan de construction et sans la moindre norme de sécurité. Pour lutter contre ce phénomène, les autorités doivent faire face à plusieurs contraintes d'ordres social, budgétaire et parfois politique. Les personnes concernées par l'habitat menaçant ruine sont estimées à 200.000. Certaines sources avancent même le chiffre de 500.000. Elles sont le plus souvent issues de milieux défavorisés et toute opération de relogement s'oppose à beaucoup de résistance de leur part. Financement, ce talon d'Achille Le volet financement se pose, lui aussi, avec acuité. C'est pour cela que les acteurs concernés appellent à la création d'une agence dédiée, qui s'occuperait de ces opérations, notamment le montage financier et la coordination entre les différents intervenants. Il est essentiel de trouver des sources et des mécanismes fiables, à l'instar de ce qui se fait dans la lutte contre les bidonvilles, qui sont financés par la taxe sur le ciment ou les matériaux de construction. «Pour les bidonvilles, on trouve le plus souvent des propriétaires et très peu de locataires dans des baraques à un seul niveau. Outre les sources de financement disponibles, le relogement permet de dégager une assiette foncière qui a une forte valeur immobilière. Ce qui n'est pas le cas des habitats menaçant ruine, où, généralement, on trouve des locataires habitant sur plusieurs niveaux. La règlementation urbanistique ne permet pas la démolition et la reconstruction dans certains lieux. In fine, l'opération dans son ensemble est coûteuse et délicate à gérer. C'est un véritable casse-tête pour les autorités, surtout que les personnes concernées ne veulent pas assumer leur responsabilité et refusent toute solution», souligne, pour sa part, Mohamed Alaoui, expert en immobilier. Ce que stipule la loi 94-02 La loi 94-02 a été adoptée en juin 2015. Elle vise à déterminer la responsabilité des propriétaires et des locataires en ce qui concerne l'entretien de l'édifice. Le texte autorise le président du Conseil communal, dans le cas normal, à prendre la décision de la démolition ou de la rénovation. Il peut décréter la procédure d'urgence lorsque le danger d'effondrement est imminent. Il ordonne notamment l'évacuation des résidents par la force, le cas échéant. Cette loi prévoit également des clauses dédiées à la rénovation urbaine. Ce sont non seulement les immeubles anciens qui doivent être réhabilités, mais aussi les quartiers, les espaces verts, les équipements publics afin de valoriser l'aspect esthétique et économique. Enfin, le texte stipule la création d'un établissement public de la rénovation urbaine.