La série meurtrière des habitations menaçant ruine continue à faire des ravages. Cinq effondrements en moins de 48 heures ont eu lieu à Casablanca. Dans la nuit du lundi à mardi, de fortes pluies ont précipité l'effondrement d'une maison dans la préfecture Casa-Anfa. Bilan : deux morts, un blessé et plusieurs sans abris. Selon la famille des victimes, «le toit d'une chambre érigée sur la terrasse s'est affaissé, tuant un père de famille, un septuagénaire, son fils (la trentaine) et blessant un deuxième qui a été évacué vers l'hôpital». La maison en question, sise à Derb Loubila, abritait neuf ménages de 48 personnes. Elle comprenait un rez-de-chaussée, un étage et cinq chambres en terrasse. Cette habitation n'a pas résisté aux intempéries, bien que n'ayant jamais été signalée en tant qu'édifice menaçant ruine ou recensée. Ceci contrairement à un deuxième édifice de trois étages qui s'était effondré dans la même nuit, sans faire de victimes. Cette demeure, sise à Derb Ben Hamou dans la médina, avait été évacuée du fait qu'elle était déjà classée parmi les constructions menaçant ruine. Un troisième écroulement a eu lieu dans le même quartier, mardi à 23h, ne faisant aucune victime. Le quatrième cas d'effondrement est survenu mardi matin, a-t-on indiqué auprès des autorités locales. Il est question du toit d'une maison située dans l'arrondissement de Sidi Belyout, dans l'ancienne médina de Casablanca. Cette maison de deux étages s'est effondrée vers 9h45, a précisé la même source, indiquant qu'elle a été aussi déjà recensée parmi les habitations menaçant ruine et évacuée par les autorités locales. Un cinquième cas a été signalé à ALM mercredi vers 10h30 au quartier Laâyoune à Derb Soltane sans faire de victimes. Aujourd'hui donc rien ne laisse entrevoir la fin de tels drames. Les prévisions météorologiques annonçant de fortes pluies durant les prochains jours, les habitants de l'ancienne médina de Casablanca vivent, la peur au ventre, sous la menace de nouveaux effondrements. Pour rappel, des incidents similaires survenus en mai dernier avaient fait 11 morts dans l'ancienne médina de Casablanca. Le gouvernement avait alors réagi en annonçant la création d'une commission gouvernementale, présidée par le chef de gouvernement et composée de l'ensemble des intervenants. Ladite commission devait se pencher sur la question urgente des bâtiments menaçant ruine dont le nombre a été estimé à 144.000 unités à fin 2011. Par ailleurs, l'ancienne médina avait également été l'objet d'un projet de réhabilitation lancé par SM le Roi Mohammed VI, le 27 août 2010. Ce projet consiste, entre autres, à diagnostiquer des bâtiments menaçant ruine, à reloger les habitants ainsi que des ménages des bidonvilles et les occupants des établissements publics. Mais à ce jour, ni la mobilisation conjoncturelle de la cellule de crise ni le projet de réhabilitation n'ont pu stopper l'hémorragie. Pour sa part, le ministre de l'habitat parle d'une nouvelle stratégie pour faire face au phénomène. Elle se décline autour de trois axes: mise en place d'une loi, création d'une agence dédiée à l'habitat menaçant ruine et mise en place des moyens de financement. Mais il faudra attendre juin 2013 pour que la stratégie voie le jour.