Les provinces du Sud vont connaître un décollage économique sans précédent grâce au lancement du nouveau modèle de développement. L'enveloppe consacrée est de 77 milliards de DH. Les investisse- ments touchent tous les secteurs productifs de la région et lui permettront de se positionner comme un hub incontournable entre le Maroc et les pays d'Afrique subsaharienne, confor- mément à la nouvelle politique africaine du Royaume. Les détails des programmes éco- nomiques et sociaux. Samedi 7 novembre, en début d'après-midi, le gouvernement marocain a présenté devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le nouveau modèle de développement des provinces du sud. Dans une salle immense, et devant une assistance composée essentiellement de Sahraouis en habit traditionnel, Mohamed Hassad, ministre de l'Intérieur, suivi de Mohamed Boussaïd, ministre de l'économie et des Finances, ainsi que le président de la région Laâyoune-Sakia El-Hamra, ont décliné les grandes lignes de la stratégie de lancement de ce modèle de développement, qui ambitionne, en application des Hautes orientations royales, de faire des régions du Sud des pôles de compétitivité économique et enclencher une dynamique de croissance créatrice d'emplois et de richesses. Une véritable révolution économique, industrielle, sociale et culturelle attend les provinces du Sud. Multiplier le PIB de la région par 2 77 milliards de dirhams d'investissement seront consacrés aux trois régions, sur un horizon d'une dizaine d'années, à travers plus de 200 projets et 8 programmes. Le PIB de la région sera multiplié par deux, tandis que le nombre d'opportunités d'emplois à créer atteindra les 120.000, avec un taux de chômage divisé par deux. Depuis le déclenchement de la Marche Verte, de nombreux acquis et progrès ont été réalisés pour les habitants des provinces sahraouis qui bénéficient d'un niveau de vie supérieur à la moyenne nationale (33.864 DH contre 27.356 DH), d'un taux d'accès à l'eau potable de 99% contre 92% au niveau national, et d'un investissement public supérieur à la moyenne nationale. Comme l'a souligné avec force le Souverain dans son discours, désormais, le Maroc passe à la vitesse supérieure pour le développement des provinces du Sud. Si les années 1975-2015 ont été celles de l'édifica tion des fondations (infrastructures de base, lutte contre la pauvreté) avec un rôle moteur joué par l'Etat, les années 2015-2025 seront celles de l'essor économique et du développement humain et durable. Désormais, le citoyen est au coeur des préoccupations, et c'est la région qui joue le rôle de catalyseur. Fortes de ces nouvelles prérogatives, les provinces du Sud sont érigées en modèle d'opérationnalisation de la régionalisation avancée, à travers une gouvernance exemplaire, fondée sur la contractualisation entre l'Etat et les régions. 5 contrats ont été signés devant Sa Majesté le Roi entre l'Etat et les 3 régions. 7 milliards de DH seront transférés de l'Etat vers la région de Laâyoune Sakia-El Hamra, 6,63 milliards de DH vers la région de Dakhla Oued Ed Dahab, et 5,5 milliards de DH pour la région de Guelmim-Oued Noun. Les contrats portent aussi sur l'opérationnalisation des agences régionales pour exécuter les projets, ainsi que la création d'un Fonds interrégional. Le nouveau modèle de développement des provinces du Sud est fortement inspiré du rapport du Conseil économique social et environnemental (CESE). Ce modèle se fonde sur 4 axes : économique (création de richesses, d'emplois, pôle de compétitivité, valorisation des ressources locales), social (croissance inclusive et consolidation des questions culturelles), gouvernance et développement durable.
Aspects économiques Le modèle de développement des provinces du Sud accorde une place importante à l'agriculture, à travers plusieurs projets de valorisation agricole, qui permettront la création d'emplois et la diversification des sources de revenus. L'objectif du programme est de créer plus de 11.000 emplois, de dégager près de 615 millions de dirhams de valeur ajoutée annuelle, tandis que les projets d'agriculture solidaire bénéficieront à 16.800 personnes. Dans le détail, 5.000 hectares de terres agricoles seront valorisés près de Dakhla, pour un coût de 1,3 milliard de DH, en cultures maraîchères sous serre, et 1.000 hectares à Boujdour, nécessitant une enveloppe de 465 millions de dirhams. Ces deux valorisations permettront la création de 5.750 emplois. La moitié de la superficie du périmètre irrigué de Dakhla sera réservée pour être exploitée par de jeunes agriculteurs de la région. L'irrigation sera assurée par une usine de dessalement de l'eau de mer, qui verra le jour près de Dakhla. Par ailleurs, 1,1 milliard de DH sera consacré au lancement de 50 projets d'agriculture solidaire dans la région de Laâyoune. Secteur des phosphates : 16,8 milliards de DH pour Phosboucraa C'est l'un des programmes-phares du nouveau modèle de développement. Le programme de développement industriel Phosboucraa (filiale de l'OCP à 100%) vise la valorisation sur place des ressources des phosphates et le renforcement de l'avantage concurrentiel du Maroc en Afrique. Le programme assurera l'intégration complète de la chaîne de valeur, de la mine à l'exportation, à travers les nouvelles infrastructures portuaires. Le but est de «ne plus déplacer la production à El Jadida pour la valoriser, mais de créer de la valeur sur place et, surtout, la garder sur place», explique Mustapha Terrab, PDG de l'OCP, lors de la présentation du programme devant le Souverain. C'est dans ce sens que de nombreux investissements seront entrepris pour le stockage et le traitement des phosphates, la mise en place de nouvelles usines, ainsi que la construction d'un port pour exporter la production. Le coût total du programme est estimé à 16,8 milliards de dirhams. Il doit favoriser la création de 1.200 emplois directs, et renforcer la compétitivité de l'offre phosphatière marocaine en Afrique. Par ailleurs, l'OCP bâtira une technopole à Foum El Oued, pour un investissement de 2 milliards de DH. Celle-ci comprendra une université pluridisciplinaire, un lycée d'excellence et un centre de qualification de compétences. A ce propos, l'OCP a annoncé le recrutement de 500 jeunes de la région, qui suivront, à partir de janvier 2016, des formations à El Jadida. Secteur de la pêche : valorisation des ressources C'est déjà l'un des secteurs les plus dynamiques des régions du Sud. Il le sera encore plus, grâce à la mise en place de 6 projets à haut niveau de valorisation des petits pélagiques (sardines, maquereaux, anchois) à Dakhla, pour un investissement global de 1,2 milliard de DH, permettant ainsi la création de 4.300 emplois directs. Il est également prévu le lancement de projets d'investissement dans le secteur aquacole au sein de 3 zones de la région Dakhla-Oued Eddahab. L'enveloppe consacrée sera de 2,8 milliards de DH et permettra la création de 3.500 emplois. En tout, 8.000 postes d'emploi seront disponibles. De plus, il est programmé la réalisation d'un pôle de compétitivité des produits de la mer à Dakhla, à travers la création d'une zone industrielle, principalement autour des petits pélagiques, en complément aux infrastructures portuaires. Cette zone d'activité accueillera dix unités de valorisation des petits pélagiques, débouchant à terme sur la création d'environ 6.500 emplois directs. Secteur du tourisme durable : une nouvelle destination attractive Le programme de développement touristique des régions du Sud ambitionne de faire de celles-ci un nouveau pôle touristique balnéaire, combinant mer, désert et nature. Ce programme se décline en 84 projets, pour une enveloppe globale de 2 milliards de DH, générant à terme 800 emplois directs. Grands projets structurants : faire des provinces du Sud un hub régional De grands projets structurants à portée stratégique ont été annoncés par le ministre de l'Equipement du Transport et de la Logistique, Aziz Rabbah, lors de la cérémonie de lancement du nouveau modèle de développement des provinces du Sud. L'objectif de ces grands projets est d'accompagner la dynamique de croissance et de créer une connexion rapide de ces régions au reste du territoire national. La route reliant les provinces du Sud au Nord du Royaume sera considérablement améliorée grâce à la réalisation d'une double voie rapide entre Tiznit et Dakhla, de 1.115 km. Celle-ci se décompose en deux linéaires : une voie express Atlantique de 555 km reliant Tiznit à Laâyoune pour un coût de 6,2 milliards de DH, et qui sera opérationnelle en 2018; l'élargissement à 9 mètres et le renforcement de la liaison entre Laâyoune et Dakhla sur une distance de 565 km pour un coût de 2,3 milliards de DH, prévu pour 2021. Cette nouvelle route est une liaison stratégique plaçant les provinces du Sud au centre de la liaison entre le Nord du Royaume et l'Afrique subsaharienne. Par ailleurs, le Port de Dakhla verra également le jour pour un coût de 6 milliards de DH. Cette infrastructure répond à des objectifs géostratégiques de développement régional et de valorisation des ressources pélagiques, agricoles, minières, énergétiques, industrielles, etc. La réalisation de ce port permettra la transformation d'une large gamme de produits bruts ou semi-finis importés et leur réexportation vers l'Afrique. Sur le plan de l'électricité, le raccordement de Dakhla au réseau électrique national est programmé avec une ligne Boujdour-Dakhla, pour un montant de 1,7 milliard de DH. En outre, le renforcement et l'extension de la couverture 2G/3G/4G dans les régions du Sud sont également sur les rails, pour un investissement de 1 milliard de DH. CGEM : le patronat au rendez-vous Miriem Bensalah-Chaqroun a decliné devant le souverain les projets d'investissement de la CGEM dans les 3 régions. Le montant global de l'engagement de la CGEM atteint 5,4 milliards de DH, pouvant générer 10.300 emplois. La présidente de la CGEM a indiqué que les 56 projets d'investissements prévus entrent dans le cadre de l'initiative de mobilisation des investissements et de création d'opportunités d'emploi dans les provinces du Sud. Cette initiative mise en oeuvre en partenariat avec la CGEM, le ministère de l'Intérieur et les autorités locales, porte sur la réalisation de 17 projets dans la région de Dakhla-Oued Eddahab, 39 dans la région de Laâyoune-Sakia Al Hamra dont 36 projets dans la ville de Laâyoune, 2 à Boujdour et un projet à Tarfaya. Les projets sont répartis entre plusieurs secteurs, à savoir l'industrie avec 13 projets d'une valeur de 983 millions dirhams, qui généreront 3.011 postes d'emploi, l'énergie et les énergies renouvelables avec des projets pouvant créer 400 postes d'emploi, l'immobilier avec 5 projets qui permettront la création de 6.005 postes d'emploi, et le commerce et les services avec des projets d'une valeur de 181 millions de dirhams, pouvant générer 150 postes d'emploi. La CGEM avait, dans ce sens, signé quatre conventions avec l'Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT), la Fondation Phosboucraa, Microsoft et Injaz Al-Maghrib pour la formation des ressources humaines de la région.
Aspects sociaux Le développement social est au coeur du nouveau modèle de développement des trois régions. La création du Centre hospitalier universitaire de Laâyoune contribuera fortement à améliorer l'accès des citoyens à des services de santé de qualité. Le CHU sera équipé des dernières technologies de pointe pour pallier le retard de la région en matière d'équipements de santé, et anticiper les besoins grandissants d'une population qui devrait dépasser le million d'habitants en 2020. Le CHU sera doté de 6 pôles d'excellence, d'une capacité de 440 lits, de 12 salles d'opération. L'investissement total pour ce projet est de 1,2 milliard de DH. Promotion de la culture hassanie Afin de promouvoir la culture hassanie comme levier et dimension essentielle du nouveau modèle de développement, le processus de son intégration progressive dans les médias et les contenus pédagogiques des programmes scolaires sera enclenché. Par ailleurs, l'offre culturelle de proximité sera diversifiée. Il est également prévu le renforcement des activités du Centre d'études sahariennes, la réalisation d'un pôle culturel et muséal à Dakhla, pour la préservation et la valorisation des composantes patrimoniales du Maroc saharien. Un Institut de recherches et de formation sur les espaces sahariens sera aussi mis en place dans la ville de Smara. Développement durable et préservation de l'environnement Tous ces projets et investissements devront tenir compte des impératifs de durabilité, notamment à travers la gestion durable des ressources en eau. D'où la réalisation d'un barrage dans la région de Guelmim sur l'Oued Noun pour l'eau potable et l'agriculture. Ce qui devrait permettre d'arrêter l'utilisation de la nappe phréatique et la protection de la région contre les inondations. La construction de ce barrage, dont les études préliminaires sont en cours, nécessite un investissement de 800 millions de dirhams. Par ailleurs, 3 stations de dessalement sont prévues pour l'approvisionnement en eau potable (Laâyoune), l'agriculture (Dakhla) et l'industrie (Laâyoune). En outre, les provinces du Sud bénéficieront de 4 projets de développement des énergies renouvelables d'une puissance de 500 MW pour l'énergie éolienne à Boujdour, Tiskrad et Tarfaya, 100 MW pour les centrales solaires photo-voltaïques NOOR de Laâyoune et Boujdour.