L'assurance Vie continue de tirer vers le haut le marché des assurances. En un semestre, elle enregistre une croissance à deux chiffres et pèse près du tiers du chiffre d'affaires du secteur. La mesure de plafonnement sur l'épargne retraite n'a pas altéré la dynamique du secteur. Premier semestre dynamique pour le secteur marocain des assurances. Si l'on se fie aux données agrégées par la Fédération marocaine des sociétés d'assurances et de réassurance (FMSAR), les primes émises par le secteur ont atteint 16,8 milliards de dirhams à fin juin 2015, enregistrant une hausse de 6,3% par rapport à la même période de l'année précédente. A ce rythme, la barre des 30 milliards de DH de primes émises devrait être dépassée à l'issue de cet exercice. Cette croissance a été catalysée par la branche Vie, qui a connu un essor remarquable les six premiers mois de l'année. La progression semestrielle des primes pour cette branche est de 13,9% à 5,24 milliards de dirhams, soit presque autant que le chiffre d'affaires de l'assurance automobile. Le succès des produits d'assurance Vie s'inscrit dans une tendance de fond : «L'assurance Vie est sur un trend haussier depuis plusieurs années, à l'exception de l'année 2013 où le secteur a pâti de tensions sur les liquidités», indique-t-on à la Direction des assurances et de la prévoyance sociale (DAPS). Si la branche Vie a autant performé, elle le doit à la bonne tenue des assurances individuelles (vie et décès) et à celles des assurances par capitalisation. Les premières, qui représentent plus de la moitié du chiffre d'affaires de la branche Vie, avec des primes émises de près de 3 milliards de dirhams, ont progressé de 19,7%. Les secondes (épargne retraite, épargne éducation) affichent une hausse de 18,9% à 1,1 milliard de DH. L'engouement pour ce type de produit est réel car «les Marocains prennent de plus en plus conscience de l'importance de constituer une épargne pour leurs vieux jours», explique-t-on à la DAPS. D'autant que les banques, fortes de leur réseau étendu, parviennent à capter l'épargne de leurs clients et à la diriger vers les produits de bancassurances, dans un contexte de détente sur les liquidités. D'ailleurs, à la lecture des chiffres publiés par la FMSAR, deux compagnies d'assurances (Wafa Assurance et RMA Watanya) adossées à des groupes bancaires s'accaparent plus de la moitié du marché de la branche Vie. Pas d'effet loi de Finances On aurait pu craindre que ces performances ne soient affectées par la décision du gouvernement de mettre fin à la déductibilité totale des cotisations au titre de l'épargne retraite car certains très gros salaires profitaient de cette niche fiscale pour échapper à l'impôt sur le revenu. Pour rappel, le projet de loi de Finances 2015 avait limité la déductibilité de la cotisation à 10% du salaire imposable, avant de se raviser sous l'effet d'un puissant lobbying de la part des assureurs. Le plafond a finalement été relevé à 50%, ce qui reste un plafond assez haut, selon la DAPS. «90% de ceux qui cotisent aux produits d'épargne ne dépassent pas 50% de leurs salaires. La majorité des gens sont dans la norme. Seule une dizaine de super patrons sont concernés par ce plafond», précise la DAPS. En gros, avec un plafond à 10% ou 20% les gens normaux seraient pénalisés. Le plafond à 50% semble être plus raisonnable car il ne pénalise pas l'épargne. La seule sous branche de l'assurance Vie ayant enregistré un recul lors du premier semestre est l'assurance groupes. Cette activité reste fortement corrélée à l'activité économique du pays. «Si l'activité est en baisse, il y a moins de création d'entreprises, moins d'embauche et, partant, moins de cotisations», explique notre interlocuteur. La branche non Vie, qui compte pour près des 2/3 du chiffre d'affaires global du secteur a enregistré, pour sa part, une croissance plus molle de 3,2% à 11,5 milliards de DH. La branche non Vie est également fortement tributaire de l'activité économique. C'est le cas, par exemple, de l'assurance automobile ( 6% à 5,47 milliards de DH), qui est corrélée à l'évolution du parc de véhicules en circulation. S'il est exagéré de parler d'essoufflement, se pose, pour cette branche, la question des relais de croissance. Le contrat-programme, qui doit instaurer l'obligation des garanties tous risques chantiers et la responsabilité civile décennale (RCD), piétine. «La RCD et la TRC ne vont pas rapporter grand chose, la majorité des entreprises y souscrivant déjà», précise notre source à la DAPS. C'est plutôt du côté de l'assurance participative qu'il y a un gisement de croissance. «L'assurance Takaful pourrait créer une vraie dynamique pour le marché», estime-t-on à la DAPS.