Le montant total des primes émises a enregistré une progression de 2,7%. Le ralentissement constaté est surtout l'oeuvre de l'activité Vie qui, en enregistrant une baisse de 2,7%, a tiré vers le bas les performances du secteur. Pas de quoi s'alarmer pour autant. Le secteur des assurances au Maroc a limité les dégâts en 2013, dans un contexte économique difficile, marqué d'une part par une concurrence toujours plus acharnée entre opérateurs et, d'autre part, par un marché financier morose et en manque de liquidités. C'est ce qui ressort de l'étude de la situation liminaire du secteur au titre de l'année 2013, rendue publique récemment par la Fédération marocaine des sociétés d'assurances et de réassurance (FMSAR). Ainsi, pour l'année 2013, le montant global des primes émises a atteint 26,7 milliards de dirhams, en hausse de 2,7% par rapport à l'année 2012. Une progression qui peut être qualifiée de timide, en rupture avec les hausses enregistrées en 2012 et en 2011, puisque celles-ci étaient respectivement de 8,9% et 9,2%. Peut-on parler pour autant d'essoufflement du secteur ? Pour le savoir, il faut se pencher sur l'analyse de la structure du chiffre d'affaires. Celui-ci montre une évolution contrastée entre l'assurance Vie et Capitalisation, qui a connu en 2013 une baisse de son chiffre d'affaires de l'ordre de 2,7% à 8,6 milliards de DH, et la branche Non vie qui a enregistré une hausse de son volume d'affaires de 5,5% à 18,13 milliards de DH. Le recul de l'activité vie est évidemment corrélée à «la crise de liquidités qui a fait que les banques ont plutôt privilégié les produits bancaires au détriment des assurances individuelles», explique Othman El Alami, directeur adjoint au sein de la Direction des assurances et de la prévoyance sociale (DAPS). Les assurances individuelles, qui représentent tout de même plus de 60% des primes totales Vie et Capitalisation, ont ainsi connu une baisse de près de 7,2% en 2013, contre une hausse de 21% un an auparavant. D'ailleurs, selon Othman El Alami, «cette baisse des assurances individuelles est la première enregistrée depuis une dizaine d'années». Il espère «qu'elle soit conjoncturelle, et que dès lors qu'il y aura plus de liquidités, les banques vont réorienter l'épargne vers des produits d'assurance, qui restent tout de même assez intéressants pour les épargnants». Dans ce contexte, les compagnies leaders de la branche Vie ont souffert de ce manque d'épargne : les primes Vie affichent une baisse de 6,7% pour Wafa Assurance, quand RMA Watanya enregistre une diminution de près de 14%. A cause de cette évolution, la branche Vie ne représente plus que 32,1% du volume d'affaires total en 2013, au lieu de 33,97% en 2012. L'activité Non vie, en revanche, s'est plutôt bien comportée, affichant dans la quasi-totalité de ses catégories des progressions de son volume d'affaire, dans la continuité des hausses enregistrées les années auparavant. C'est le cas notamment de la catégorie automobile qui continue d'afficher de bonnes performances, en enregistrant pour cet exercice une hausse de 5,9% des primes émises à 8,5 milliards de DH. Cette catégorie contribue désormais à 31,8% du chiffre d'affaires du secteur, contre seulement 30,8% en 2012. Les assurances pour accidents corporels et celles pour accidents du travail poursuivent la même tendance, avec des hausses respectives de 4,3% à 3,1 milliards de DH et de 4,9% à 2,14 milliards de DH. Ces trois catégories d'assurance représentent, à elles seules, près de 64% du total des primes en non vie. Cette résilience de la branche non vie a permis aux compagnies d'assurances de compenser les pertes sur l'activité vie et capitalisation. Notons que les compagnies non adossées à des banques, et dont l'activité vie est historiquement moins importante, s'en sortent mieux. C'est le cas de Saham Assurance qui voit son chiffre d'affaires progresser de 8,5% à 3,5 milliards de DH, ou encore d'Atlanta (+8% à 1,44 milliard de DH). Malgré ces évolutions contrastées, il n'y a pas eu de grands chamboulements dans le classement des compagnies d'assurances en termes de parts de marché. Wafa Assurance reste leader du secteur avec une part de marché de 21,5%. Elle est talonnée par RMA Watanya qui, malgré le recul de son chiffre d'affaires de 5,1%, se maintient à la deuxième place avec une part de marché de 18,1%. Axa Assurance et Saham Assurance se disputent le podium avec des parts de marché respectives de 13,6% et 13,1%. Sanad et Atlanta suivent avec des parts de marché de 5,5% et 5,4%. Un retour vers une conjoncture plus favorable pourrait à terme permettre au secteur de renouer avec des croissances plus fortes. D'autant que le potentiel de croissance est encore important. En effet, l'implémentation des nouvelles mesures (tous risques chantiers, RC décennale, entre autres) du tant attendu, contrat-programme, devrait permettre aux assureurs d'augmenter considérablement leur revenus, même si, de l'aveu même de O. El Alami, l'objectif de doublement des primes émises à horizon 2015 «sera difficile à tenir», étant donné le retard pris. Un retard qu'il attribue essentiellement au changement du gouvernement en 2011 et à la crise gouvernementale qu'a connue le Maroc lors de l'année 2013. Les assises de l'assurance, qui se déroulent au moment où nous mettions sous presse, devraient apporter plus d'éclairage sur la question.