L'un des plus grands enjeux du Maroc pour les années à venir sera de réduire les disparités économiques régionales. Même si de nouveaux pôles économiques régionaux émergent, force est de constater que seule une poignée de régions continue de dominer le classement en termes de production de richesse, de valeur ajoutée ainsi qu'au niveau des exportations. Dans le contexte de la dynamique de la régionalisation avancée qui se profile au Maroc, il est clair que l'analyse de la contribution des différentes régions à la richesse nationale est un baromètre de taille à même d'aider à enrayer les déséquilibres entre les territoires. C'est dans cette optique que le ministère de l'Economie et des Finances (MEF) a publié à travers sa revue «Al Maliya» de décembre 2014, une étude qui a le mérite d'être exhaustive. Celle-ci porte sur les apports régionaux à la croissance nationale. En effet, la Région du Grand Casablanca continue de dominer les autres territoires en termes de poids économique. Entre 1998 et 2012, elle a contribué à hauteur de 18,2% au produit intérieur brut (PIB). Ensuite, arrivent les régions de Souss-Massa-Daraâ (12,2%), Rabat-Salé-Zemmour-Zaer (9,6%) et Marrakech-Tensift-Al Haouz (8,5%). L'autre information non moins importante que révèle l'étude du MEF, est que ces quatre régions à elles seules pèsent près de la moitié du PIB national (48,6%). Ce qui remet en selle le débat sur la faible contribution des autres régions à la création de richesse et les enjeux de la gouvernance régionale pour favoriser l'essor économique des autres entités régionales. Cela dit, tout l'enjeu de la régionalisation avancée sera d'endiguer les disparités régionales au niveau économique et d'accélérer le processus de rattrapage économique des autres régions. Nonobstant ces défis proéminents, il y a de quoi être optimiste car les régions à faible contribution au PIB national, ont affiché entre 1998 et 2012 des taux de croissance plus élevés que la moyenne nationale (5,6%). A titre illustratif, il y lieu de citer les régions de Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra et de Oued Ed-Dahab-Lagouira avec respectivement 11,6% et 11,3%. Par ailleurs, le classement des régions principales exportatrices est différent de celui de la contribution au PIB national, ce qui démontre amplement la vocation exportatrice d'autres régions (Doukkala-Abda, Tanger-Tétouan, Souss-Massa-Drâa, Chaouia-Ouardigha). Configuration des exportations régionales En se penchant sur la cartographie des exportations régionales, il est assez aisé de constater que la région du Grand Casablanca domine encore une fois de la tête aux pieds le classement régional au niveau des performances à l'export. En 2012, elle a réalisé la plus importante contribution aux exportations du Royaume à hauteur de 27,1% du total en valeur. La capitale économique est suivie par les régions de Doukkala-Abda (21,3%), de Tanger-Tétouan (18,7%), de Souss-Massa-Drâa (8,3%) et de Chaouia-Ouardigha (6,4%). La particularité du poumon économique du Royaume est que ses exportations sont très variées et demeurent riches en valeur ajoutée puisqu'elles concernent entre autres, des produits en électronique, en aéronautique, des industries de l'habillement et des fourrures et du raffinage de pétrole. La région de Doukkala-Abda arrive en deuxième position avec ses ventes à l'étranger découlant des industries chimiques avec 90% du total exporté en 2012. Pour sa part, la région de Tanger-Tétouan s'arroge la troisième place. Leader des exportations de l'industrie automobile, la perle du Détroit de Gibraltar est aussi spécialisée dans les produits des industries de l'habillement et des fourrures et dans les industries de fabrication de machines et d'appareils électriques. Quant à la région de Souss-Massa-Drâa, elle truste la quatrième place. Les agrumes et primeurs représentent pas moins de 45,5% de ses expéditions à l'étranger et les exportations des industries agroalimentaires pèsent 30,1%. Enfin, il y a lieu de préciser que les ventes à l'étranger de la région de Chaouia-Ouardigha se caractérisent par leur manque de diversité d'autant plus que les phosphates représentaient près de 69,5% des expéditions de la région en 2012. Quelle pondération régionale ? Outre le profil régional des exportations, l'étude du MEF est édifiante concernant le PIB par habitant. Ainsi entre 1998 et 2012, sept régions sur seize ont dépassé la moyenne nationale du PIB par habitant qui tournait autour de 20.000 DH/hbt. Il s'agit des régions de Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra, du Grand Casablanca, de Oued Ed-Dahab-Lagouira, de Rabat-Salé- Zemmour-Zaer, de Souss-Massa-Daraâ, de l'Oriental et de Chaouia-Ouardigha. Cela dit, il est important de rappeler que pendant la même période, la région de Souss-Massa-Daraâ a par ailleurs réalisé près d'un tiers (31,8%) de la valeur ajoutée primaire, tout en capitalisant sur sa vocation touristique. Par contre, le Grand Casablanca a assuré la part moyenne la plus importante de la valeur ajoutée secondaire nationale durant la période 1998-2012 en y contribuant à hauteur de 33,3%. En somme, l'étude montre un desserrement de certaines activités de la région du Grand Casablanca vers des régions comme Rabat-Salé-Zemmour-Zaer, Doukala-Abda et de Chaouia-Ouardigha. La région de Tanger-Tétouan redynamisée par le port de Tanger-Med et l'essor des branches secondaire et tertiaire, est incontestablement en train d'emboîter le pas à la capitale économique. Forte de ses projets structurants à l'instar de l'agropole de Berkane et de la technopole d'Oujda, la région de l'Oriental réalise des avancées importantes dans sa spécialisation dans les activités primaire et secondaire. Globalement, il subsiste une tendance d'émergence de nouveaux pôles économiques régionaux même si certains territoires devront consentir des efforts de rattrapage considérables.