Le segment ne présente que 4% des arrivées touristiques, alors que les potentialités sont importantes. La faiblesse des infrastructures de base et d'un savoir-faire pointu reste le principal handicap. Le tourisme d'affaires est une niche que le Maroc veut développer dans le cadre de la Vision 2020. L'essor économique du pays, son ouverture à l'international, le flux des investissements aidé en cela par un secteur touristique en forte progression sont les ingrédients pour valoriser le segment afin qu'il puisse prendre sa vitesse de croisière. C'est un marché qui évolue dont la pertinence n'est plus à prouver. Il tend de plus en plus à se démocratiser. Malgré sa faible part qui ne dépasse pas les 4% par rapport au nombre total des touristes, le segment présente des potentialités importantes de développement d'autant plus qu'il s'agit d'une clientèle élitiste et dépensière. En effet, un touriste d'affaires dépense au Maroc en moyenne 1.400 DH par nuitée alors que la moyenne du secteur est limitée à 900 DH. A l'international, le niveau est multiplié par 2 à 3 fois. «Le tourisme d'affaires est un outil important pour faire la promotion de la destination Maroc. Généralement, ce sont des chefs d'entreprises, des décideurs, des cadres ou autres qui peuvent être séduits par l'offre nationale», souligne Lahcen Haddad, ministre du Tourisme. Et de poursuivre «nous avons des objectifs pour développer l'activité et diversifier l'offre qui reste essentiellement concentrée sur Marrakech». En effet, les potentialités du pays sont très importantes pour les quatre piliers essentiels de ce segment à savoir : meetings, incentives, conférences et exhibitions. Mais les offres diffèrent selon les villes et les régions. Ce type d'activité nécessite la proximité avec les aéroports internationaux et l'existence d'unités hôtelières et de restauration répondant à certaines normes. La faiblesse des infrastructures d'accueil reste le principal handicap pour le développement de l'activité. D'après les statistiques de l'Observatoire marocain du tourisme, le Royaume abrite quelque 631 équipements dédiés au tourisme d'affaires répartis sur l'ensemble du territoire. Ils consistent en 287 salles de réunion d'hôtels, 239 salles de conférences, 54 amphithéâtres, 25 complexes culturels, 4 palais de congrès et 5 autres types d'équipements. Un niveau nettement moins important par rapport à d'autres pays concurrents. Des opportunités à exploiter «Le segment des affaires n'est pas comme l'activité classique qui cherche avant tout le loisir et le divertissement. Il a ses propres exigences et ses propres contraintes comme l'existence de moyens de connexion fiables, de sonorisation de projection et de traduction. C'est tout un savoir-faire, une industrie à proprement parler qui nécessite des intervenants spécialisés», explique un opérateur de Marrakech. Le défaut de promotion à l'international est aussi l'autre volet évoqué par les professionnels. Dès sa nomination à la tête de l'Office national marocain du tourisme (ONMT), Abderrafie Zouiten s'est attelé à développer le segment surtout dans les principaux marchés émetteurs concentrés essentiellement en Europe. L'offre marocaine est intéressante comparativement à la concurrence du fait qu'elle assure un dépaysement total. Le climat favorable du pays est un autre avantage très peu mis en exergue. L'arrière pays, le patrimoine culturel et naturel sont des atouts indéniables. Casablanca et Rabat sont le parent pauvre en la matière si l'on prend en considération le poids économique de la première et administratif de la seconde. La proximité de Tanger avec l'Europe est également peu exploitée. La capitale économique dont 70% des nuitées sont de type business ne dispose pas d'infrastructures de grande envergure. En revanche, Rabat abrite plusieurs événements politiques, des conventions ou des congrès. La destination recèle d'importants sites touristiques incontestables notamment ses monuments mais elle reste pénalisée par la faiblesse des lieux de divertissement ou de loisir. Concentration sur Marrakech Marrakech est la seule destination qui dispose de palais de congrès opérationnels d'une façon permanente capables d'accueillir les grands événements. Au total, la destination représente moins de 5.000 places réparties entre 2.000 places que propose le Groupe Palmeraie, 1.800 places pour le Palais des congrès du Groupe Mogador et 1.145 places pour le Palais des congrès. Mais ces sites sont plutôt considérés de dimension moyenne comparativement avec ce qui existe à l'international. La ville ocre offre par ailleurs un cadre idéal en matière d'hébergement, de loisir et de divertissement. Ce segment n'attire que 12% des touristes et 14% des nuitées. L'objectif est d'attirer 30%.