Le segment représente 20 % de l'activité touristique pour une ville comme Marrakech, mais le potentiel inexploité reste énorme. Il s'agit en l'occurrence du tourisme d'affaires, ou MICE (Meetings, Incentive, Conventions and Exhibitions) pour les initiés. «Nous voulons doubler cette part pour la porter à 40 %», ambitionne Hamid Bentahar, président du Conseil régional du tourisme (CRT) de Marrakech, en marge des premières Journées professionnelles du tourisme, samedi dernier, dont la thématique portait justement sur le développement des MICE. Cette rencontre principalement pratique entre fournisseurs et clients du tourisme d'affaires,s'est terminée avec des ateliers de travail B2B, qui auraient été «très fructueux», de l'avis de plusieurs participants. Aussi les nouvelles technologies ont-elles été mises en avant lors de la journée. Les participants et les intervenants avaient à leur disposition des Ipad pour poser les questions et y répondre en temps réel. C'est ainsi que le décor a été planté, avec le web et les réseaux sociaux comme point de départ à une nouvelle donne touristique, centrée sur le net. Que ce soit dans la commercialisation des produits, dans la promotion d'une destination ou encore sur le changement des comportements de manière générale. Pour revenir sur le fonds de la question, le diagnostic a été sans appel, unanimement : l'exploitation du segment du tourisme d'affaires reste marginale, compte tenu du gigantesque potentiel disponible au niveau mondial. «Environ 9.000 congrès réunissant jusqu'à 3.000 personnes chacun, sont organisés dans le monde chaque année, alors que le Maroc n'en reçoit qu'à peine 5», illustre Hamid Addou, directeur général de l'Office national marocain du tourisme (ONMT). Monsieur promotion de la stratégie touristique nationale estime avoir déjà beaucoup misé sur les MICE marocains, avec une présence de la destination dans les magazines spécialisés, les Salons et workshops, et surtout, sur Internet, où la destination est référencée dans plus de 50 sites de vente et réservation en ligne. En parallèle, la plateforme dédiée développée par l'ONMT serait prête, après les derniers réglages suite aux tests de mise en ligne. Il n'empêche que, de l'aveu même de Addou, «nous devons faire plus, notamment en matière de démarchage commercial». Des MICE pour tous L'enjeu de cette rencontre a été justement, également le démarchage des entreprises potentiellement clientes pour les fournisseurs de prestations de tourisme d'affaires. Les bienfaits, pour l'entreprise autant que pour les collaborateurs, des congrès, workshops et «team building» n'ont cessé d'être vantés par les intervenants. Le maître mot était la transformation, par l'émotion et l'éveil des liens. Au-delà des gros congrès, lourds, qui s'étalent sur plusieurs journées, avec comme points d'orgue les repas fastueux, c'est un nouveau type de rencontre qui a été promu et mis en valeur. Des rencontres reposant sur l'originalité et l'intensité de l'expérience, de façon à marquer les participants, pour atteindre la fameuse transformation vertueuse ciblée. Sur un autre plan, les événements d'entreprise sont généralement associés à une catégorie particulière de sociétés, grandes, à la structuration poussée et employant un nombre important de collaborateurs. C'est là que réside le second point saillant du point de vue comportemental. L'accent a en effet également été mis sur la démocratisation du recours aux produits MICE. «Un petit groupe d'une dizaine de personnes suffit pour réaliser un événement d'entreprise réussi. Toutes les entreprises sont concernées !», insiste l'un des intervenants. Un nouveau type de demande donc, qui nécessite le développement en parallèle d'un nouvel éventail d'offres de la part des hôteliers, adapté tant au niveau des prix, que des outils mis à disposition. Cette tendance, plus dynamique et personnalisée, s'apparente d'avantage à de l'événementiel sur mesure, qu'aux offres statiques, actuellement majoritaires. D'abord l'infrastructure Ceci dit, en prenant plus de hauteur pour cerner les enjeux régionaux et nationaux, le développement quantitatif est essentiel. «Nous sommes encore loin de la taille critique sur ce segment (...) une ville comme Istanbul dispose de 150.000 sièges pour les conférenciers, alors que Marrakech, la destination la plus développée du pays sur ce plan, n'en dispose que de 4.000», détaille Addou lors d'un point de presse en marge des travaux de la Journée. Il est donc impératif de démultiplier les capacités, notamment en infrastructures MICE. D'ailleurs, pas plus tard que le 27 septembre passé, le gotha de l'investissement touristique mondial se réunissait à Casablanca, avec l'investissement dans le tourisme des affaires comme l'une des thématiques principales. Dans ce cadre, les autorités locales sont appelées à jouer un rôle plus poussé, pour l'attraction et l'accompagnement des investisseurs, mais aussi des entreprises clientes, qui choisissent leur destination pour organiser leurs événements. «L'investissement touristique se porte bien à Marrakech» Pour Hamid Bentahar, président du CRT de Marrakech, les investissements touristiques se portent parfaitement bien dans la ville ocre, même si les professionnels ont subi de plein fouet le recul de l'activité pendant plusieurs mois. «Nous vivons une ouverture d'hôtel par mois, ce qui exceptionnel, même comparé à d'autres ville à l'échelle internationale», s'enorgueillit Bentahar. Il faut dire que 2011 n'a pas manqué de nouveaux arrivants dans la ville. L'hôtel Adam Park ouvert samedi dernier, compte 226 chambres et suites, Il a fait l'objet d'un investissement de 400 millions de dirhams et a généré la création de 450 emplois directs. La société hôtelière Kingdom Hotel Investments (KHI), a ouvert le 1er Four Seasons à Marrakech avec un investissement total de 830 millions de dirhams pour 141 chambres et suites. Elle a créé 200 emplois. C'est le 86e établissement de la chaîne et le 1er en Afrique du Nord. L'hôtel du Golf a nécessité un investissement de 340 millions de dirhams et a créé 670 emplois, pour 626 lits. Le Pullman Marrakech Hotel & Spa, situé au cœur de la Palmeraie, a nécessité un investissement global de 200 millions de dirhams pour 252 chambres et a créé 200 emplois. Le Pikalbatros Aquapark constitué de 205 chambres et suites correspondant à une capacité litière de 410 lits a nécessité plus de 200 millions de dirhams. Il a généré 310 emplois. Il comporte un parc de loisirs récréatifs aquatiques «AquaPark». L'ouverture de nombreux autres hôtels de charme et maisons d'hôtes en 2011 a enrichi l'offre d'hébergement de Marrakech. Il s'agit du Fellah Hotel, du Mooî Hotel, du palais Majuba... ils viennent ainsi confirmer, effectivement, le positionnement de la ville ocre en tant que destination de tourisme haut de gamme.