Le tourisme d'affaires est encore mal exploité au Maroc à cause d'un manque d'infrastructures criant et des offres pas très innovantes. Des investissements devraient s'opérer prochainement, à condition que le budget 2012 privilégie le département du tourisme. Le tourisme, gros contributeur à la balance du paiement du Maroc a encore été à l'honneur dans le cadre d'une manifestation B-to-B. Après la Hica, la conférence sur l'investissement hôtelier en Afrique tenue récemment à Casablanca, place à la première édition des journées professionnelles du tourisme, un événement organisé par l'Office national marocain du tourisme (ONMT), en collaboration avec la Fédération nationale du tourisme (FNT) et en partenariat avec le conseil régional du tourisme de Marrakech Tensif-El Haouz. Le thème de cette première édition a été le MICE (Meeting, Incentive, Congrès & Exposition). Un thème, non sans intérêt, puisqu'il constitue le pilier du segment tourisme d'affaires. De même, le choix de la ville qui a abrité l'événement n'est pas fortuit. «Le tourisme d'affaires contribue à hauteur de 20% aux activités touristiques de la ville de Marrakech, le poumon touristique du Maroc. L'objectif est de doubler cette part à moyen terme», selon les dires de Hamid bentahar, président du Conseil régional du tourisme (CRT) de Marrakech. Toutefois, si cet événement arrive à point nommé avec le plan d'action prévu par l'ONMT pour revaloriser la destination Maroc après une conjoncture des plus difficiles, il se veut surtout un espace de rencontres avec les professionnels du MICE pour réhabiliter ce segment. Et pour cause, le Maroc est encore très mal loti dans le tourisme d'affaires. «Sur les 9 000 grands congrès mondiaux -1500 participants et plus- organisés chaque année, le Maroc abrite moins de 5 !», confie Abdelhamid Addou, dg de l'ONMT. Un chiffre très maigre par rapport au potentiel énorme de cette niche. La cause, selon Addou, est l'insuffisance des infrastructures pour ce type d'événements. «En comparaison avec Istambul qui dispose d'une infrastructure qui peut accueillir 150 000 places, Marrakech, elle, propose plus ou moins 3 000 sièges. C'est insuffisant, nous devons faire des efforts dans ce sens. Nous avons besoin d'un deuxième palais de congrès plus grand que celui de Marrakech.», propose-t-il. Il ne faut donc pas s'étonner de constater que la position du Maroc sur le MICE est en deçà de la moyenne mondiale. Car face à une demande accrue, l'offre marocaine peine toujours à suivre. De plus, en assistant au deuxième panel de la journée du samedi 8 octobre, intitulé «Le MICE, un levier de croissance pérenne», les présidents des CRT d'Agadir, Fès, Casablanca, Essaouira, Ouarzazate et Marrakech n'ont pas été convaincants –à quelques exceptions près-, selon plusieurs personnes sondées. En dépit de la volonté de vendre leurs villes, les présidents des différents CRT n'ont pas capté l'audience par des offres, des packages et des innovations adaptés pour des entreprises désireuses de mettre en place un congrès, par exemple. «Des arguments classiques ont été soulevés (Le vent pour Essaouira, la mer pour Agadir, le cinéma pour Ouarzazate, l'ancestralité pour Fès, la diversité offerte par Casablanca…)», observe un participant. «Ils auraient dû donner la parole aux agences qui organisent ce type d'événements et les professionnels en la matière. On maîtrise nos services et on sait ce que le client exige.», a jouté, quant à elle, Mâatir-Zohour Fassi Fihri, dg de Intour, une agence spécialisée dans l'incentive. Cette dernière nous confie, «Nous avons réalisé une baisse de plus 80% de notre chiffre d'affaires les 8 premiers mois de cette année par rapport à 2010. Toutefois, nous restons optimistes car il y a une certaine reprise qui s'installe». Une reprise que les participants, en manque d'affaires, comptent en exploiter. La carte de la reprise a été également brandie par Addou, Bentahar et Ali Ghannam, fraîchement nommé à la tête de la FNT, lors d'un point de presse organisé en marge de l'événement. «L'année 2012 s'annonce sous de bons auspices après une année 2011 qui a été très difficile pour le secteur et en particulier pour le MICE.», nous a déclaré Ghannam. Une tendance à la hausse, sera, donc, au rendez-vous les prochains mois selon les initiateurs de l'événement. De plus, une étude sur le tourisme d'affaires sera livrée vers la fin de l'année à l'ONMT qui servira à dresser un plan d'action et un nouveau cahier de charges en tenant compte des réalités du scteur et les exigences de la clientèle. Toutefois, sans investissements en infrastructure, ce plan d'action s'avérera vain. Pourvu que le budget 2012 prévoit un montant conséquent pour le département du tourisme. Lors des journées professionnelles du tourisme, tenues en fin de semaine à Marrakech, Saïd Mrani, président du Conseil provincial du tourisme de Ouarzazate a fait une déclaration de taille. «Je profite de cet événement pour annoncer officiellement que le palais des congrès de Ouarzazate est offert gracieusement à toute entreprise qui veut organiser un événement MICE dans la ville!», a-t-il dit. Serait-ce un acte désespéré pour drainer du monde vers la ville. Une chose est sûre, Mrani est un bradeur de première, on verra si les entreprises répondront à l'appel !