Une équipe des services du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par Jean-François Dauphin a séjourné au Maroc durant 15 jours pour mener avec les autorités du pays les consultations de 2014 au titre de l'article IV des statuts du FMI et de la première revue de la ligne de précaution et de liquidité (LPL). Le diagnostic présenté par les experts du FMI à la presse nationale dresse un bilan plutôt satisfaisant de l'économie marocaine, et table sur une croissance proche de 3% en 2014 et 4,5% en 2015. Le FMI a accordé au Royaume en juillet 2014 une LPL d'un montant de 5 milliards de dollars, valable sur deux ans. C'est dans ce cadre qu'a eu lieu ce mois-ci la mission de consultation du FMI au titre de la première revue de la LPL. L'occasion pour les experts du Fonds de faire un bilan de santé, de prendre le pouls de l'économie marocaine, et de multiplier les rencontres avec les autorités gouvernementales, mais aussi avec les représentants du secteur privé et Bank Al-Maghrib. «La solidité des fondamentaux économiques et une mise en oeuvre des politiques économiques volontaristes ont contribué à stabiliser l'économie, en dépit de vents contraires. Après une récolte exceptionnelle en 2013, la production agricole a diminué en 2014 et, en conséquence, la croissance devrait baisser d'environ 3%, malgré une reprise récente de l'activité des secteurs non agricoles», indique d'emblée Dauphin. Cette stabilité, selon J.F Dauphin, se traduit par «une inflation faible, et par la réduction du déficit des transactions extérieures courantes qui devrait avoisiner 6% du PIB cette année, tandis que les réserves de change ont augmenté». Ces performances s'expliquent en partie par l'augmentation des exportations des secteurs émergents, ainsi que par la baisse des importations des biens d'équipements et celle des produits énergétiques liées à la chute récente des cours du pétrole. Autre motif de satisfaction du FMI : «la contraction du déficit budgétaire grâce aux mesures prises par le gouvernement. Même si la dette publique a augmenté, elle reste viable». J.F Dauphin souligne également que «des progrès ont été accomplis ces dix dernières années dans la lutte contre la pauvreté, mais beaucoup reste à faire pour réduire le chômage et les inégalités, ainsi que l'amélioration de l'éducation et l'accès aux infrastructures de base». Dans ce contexte, les représentants du FMI appellent le Royaume à «poursuivre les réformes engagées pour stabiliser l'économie, rehausser la compétitivité et jeter les bases d'une croissance plus forte et plus inclusive». Poursuite des réformes Pour 2015, le FMI table sur une croissance de 4,5% pour le Maroc, les secteurs hors agriculture continuant à s'améliorer et la croissance agricole retrouvant une tendance normale. Cependant, la vigilance doit être de mise puisque, selon J.F Dauphin : «le Maroc reste exposé à des risques extérieurs importants, notamment en ce qui concerne la croissance en Europe». Au niveau des réformes structurantes, la mission du FMI s'est félicitée des efforts entrepris par le Maroc en matière d'assainissement des finances publiques. L'objectif de 4,3% de déficit budgétaire contenu dans La loi de Finances 2015 est «approprié». Cet assainissement doit être poursuivi pour permettre de réduire les vulnérabilités dans le domaine des finances publiques et libérer plus d'espace pour les investissements dans les domaines des infrastructures de l'éducation, de la santé et de la protection sociale. A cet égard, J.F Dauphin a salué la réforme de la Caisse de compensation et appelle à une réforme urgente du système des retraites pour en assurer la pérennité. Le FMI rappelle aussi qu'il est important de redoubler d'efforts pour améliorer le climat des affaires, la transparence, la concurrence et la gouvernance afin de rehausser la croissance potentielle. Enfin, la mission du FMI a encore une fois insisté sur la nécessité de procéder à un «assouplissement du régime de taux de change, ce qui serait de nature à accroître la compétitivité de l'économie et sa capacité à absorber les chocs». Pour le FMI, cette recommandation que le gouverneur de la banque centrale a déjà reprise à son compte, devrait donner à l'économie marocaine plus de souplesse pour mieux absorber les chocs extérieurs et mieux accompagner la stratégie du Maroc en matière de diversification des marchés et des produits d'exportation. Interrogé sur le budget 2015 qui vient d'être voté à la première Chambre, J.F Dauphin affirme que le «budget 2015 est assis sur des hypothèses macroéconomiques qui semblent cohérentes. Nous sommes en ligne avec les prévisions macroéconomiques qui sous-tendent le budget 2015».