solidité des fondamentaux économiques et une mise en œuvre des politiques économiques volontaristes ont «contribué à stabiliser l'économie, en dépit des vents contraires», a indiqué, lundi à Rabat, le chef de la mission de consultation du Fonds monétaire international (FMI) pour le Maroc, Jean-François Dauphin. «Après une récolte exceptionnelle en 2013, la production agricole a diminué et, en conséquence, la croissance du PIB devrait baisser à environ 3 pc en 2014, en dépit d'une reprise récente de l'activité des secteurs non-agricoles», a déclaré M. Dauphin lors d'une conférence de presse destinée à la présentation des conclusions des consultations de la mission avec les autorités marocaines, au titre de l'article IV du FMI et de la 1ère revue de la Ligne de précaution et de liquidité (LPL). En ce qui concerne les autres indicateurs économiques, il a relevé une faiblesse de l'inflation, une augmentation des réserves de change et une réduction du déficit des transactions extérieures courantes qui devrait avoisiner 6 pc du PIB. Cette performance est due en partie à l'augmentation des exportations des secteurs émergents, ainsi qu'à de moindres importations de biens d'équipement et de produits énergétiques, la baisse de la facture des importations énergétiques étant essentiellement due à la chute récente des cours du pétrole, a-t-il expliqué. Le déficit budgétaire se contracte depuis son pic de 2012, grâce en particulier aux mesures prises par le gouvernement, a fait savoir le responsable, ajoutant que la dette publique reste viable. Il a salué, par ailleurs, les progrès importants accomplis au cours des dix dernières années dans la lutte contre la pauvreté, estimant, toutefois, que «beaucoup reste à faire pour réduire le chômage et les inégalités, ainsi qu'améliorer l'éducation et l'accès aux infrastructures de base». «Dans ce contexte, il est important que les autorités poursuivent les réformes engagées pour stabiliser l'économie, rehausser la compétitivité et jeter les bases d'une croissance plus forte et plus inclusive», a dit le responsable de cette institution financière internationale. Selon le FMI, la croissance devrait s'établir à un niveau proche de 4,5 pc en 2015, les secteurs hors agriculture continuant de s'améliorer et la croissance agricole retrouvant une tendance normale. Cependant, le Maroc «reste exposé à des risques extérieurs négatifs importants, notamment en ce qui concerne la croissance en Europe», a averti M. Dauphin, Le rythme de l'assainissement des finances publiques, notamment tel qu'il est reflété dans le projet de loi de finances pour 2015 qui cible un déficit de 4,3 pc du PIB, est «approprié», s'est-il réjoui, soulignant que les réformes budgétaires qui permettent de poursuivre ces efforts, réduire les vulnérabilités dans le domaine des finances publiques, et créer plus d'espace pour l'investissement dans les infrastructures, la santé, l'éducation et la protection sociale sont «cruciales pour promouvoir une croissance plus forte et plus inclusive». Il s'est félicité, dans ce sens, des progrès significatifs accomplis dans la réforme du système des subventions, jugeant que la réforme du système de retraites est «urgente» pour en préserver la viabilité. En ce qui concerne le secteur extérieur, la poursuite de l'amélioration du solde des transactions courantes, des réserves de change et de la résilience de l'économie aux chocs extérieurs est «bienvenue», d'après M. Dauphin qui a expliqué cette amélioration par l'émergence de nouveaux secteurs exportateurs, qui a atténué l'impact des chocs sur les exportations traditionnelles. Il a appelé, dans ce cadre, à redoubler d'efforts pour améliorer le climat des affaires, la transparence, la concurrence et la gouvernance afin de rehausser la compétitivité de l'économie et la croissance potentielle. Il a aussi mis l'accent sur la nécessité d'un assouplissement du régime de change, en coordination avec les autres politiques macroéconomiques et structurelles, en vue de contribuer à accroître la compétitivité et la capacité de l'économie à absorber les chocs. Le secteur financier «demeure globalement sain», selon M. Dauphin, qui a soutenu les efforts déployés par Bank Al-Maghrib pour renforcer la supervision, notamment des activités transfrontières des banques marocaines au vue de l'expansion rapide de certaines banques en Afrique subsaharienne. L'adoption de la nouvelle loi bancaire et d'un nouveau statut de la banque centrale devrait contribuer à renforcer le secteur financier, a-t-il estimé, saluant les efforts des autorités pour augmenter la bancarisation et l'accès au crédit. Une équipe des services du FMI, dirigée par Jean-François Dauphin, a séjourné au Maroc du 5 au 17 novembre pour mener avec les autorités marocaines les entretiens sur les consultations de 2014.