Le résultat net part du groupe a bondi de 51% entre juin 2013 et juin 2014. Les activités de marché ont le vent en poupe, tandis que celles à l'international contribuent de plus en plus aux performances du groupe. Les filiales africaines pèsent désormais pour plus de 28% dans le RNPG. En revanche, le coût du risque continue de gonfler (+21%) et dépasse le milliard de dirhams. Pas de quoi affoler outre mesure les responsables de la banque bleue. Peu d'annonces ont été faites lors de la conférence de présentation des résultats semestriels de BMCE Bank. En revanche, nous avons eu droit à une avalanche de chiffres tous plus édifiants les uns que les autres, avec des taux de croissance à deux chiffres et des «records historiques», confirmant encore une fois la montée en puissance de la banque bleue, à mi-parcours de son plan stratégique de développement 2012-2015. Jugez-en : il y a en premier lieu la hausse spectaculaire du RNPG de 51% à fin juin 2014 à 902 millions de dirhams, marquant une très nette amélioration de la capacité bénéficiaire du groupe. En fait, BMCE Bank a, en 6 mois, quasiment réalisé le RNPG annuel de l'année 2013 ! Le résultat brut d'exploitation a réalisé également un bond de 31% à 2,6 milliards de DH entre fin juin 2013 et fin juin 2014. Le coefficient d'exploitation s'en trouve amélioré de 5,5% à 53,1% grâce aux efforts de rationalisation des charges. Ainsi, les charges générales d'exploitation n'ont progressé que de 4,5%, tandis que le produit net bancaire a progressé de 15,5% sur la même période à 5,6 milliards de dirhams. Le core business, c'est-à-dire les activités génératrices d'intérêt et de commissions, représente 82% de ce PNB consolidé. Les activités de marché gagnent petit à petit du terrain et participent de plus en plus à la formation de ce PNB, puisque leur poids atteint 14% contre seulement 9% un an auparavant. «L'impact positif de la baisse des taux sur la valorisation du portefeuille d'OPCVM détenu par la banque» explique cette performance, selon le senior management de BMCE Bank. Mais il précise que cette contribution des activités de marché représente tout de même «une part relativement récurrente» dans la formation du PNB. Tout cela fait que la capacité bénéficiaire du Groupe BMCE Bank s'est considérablement améliorée. Brahim Benjelloun-Touimi, administrateur Directeur général exécutif du Groupe, parle même «d'earnings power». La rentabilité, mesurée par le ROE consolidé annualisé, passe en un an de 7,1% à 12,7%, se plaçant au-dessus de la moyenne du secteur. Comme cela a été évoqué plus haut, la hausse de la production de BMCE Bank s'est accompagnée d'une amélioration de l'efficacité opérationnelle, grâce à la maîtrise des charges générales d'exploitation (avec notamment une réduction des effectifs de 210 personnes en 4 ans) et aux retombées positives du programme de transformation (industrialisation des process, optimisation des procédures d'achats, modernisation des systèmes d'information, etc...). Les filiales européennes sortent du rouge Autre motif de satisfaction pour le top management de la banque bleue : la bonne tenue de tous les métiers du groupe et, en particulier, des activités à l'international, avec notamment le retour à l'équilibre des activités européennes. Ainsi, les filiales du groupe à Madrid et à Londres ont apporté une contribution positive à hauteur de 6% du résultat net part du groupe, alors qu'elle était de -6% en juin 2010. De quoi faire «oublier les péripéties d'il y a quelques années», souligne Benjelloun-Touimi. Le processus de restructuration de ces filiales européennes, entamé en 2012, semble donc porter ses fruits. Aujourd'hui, la filiale de Londres est sortie de la surveillance du régulateur anglais et pourra reprendre une politique de réouverture d'agences. A terme, BMCE Bank souhaite s'affirmer en tant que référence de banque marocaine sur le continent européen. L'Afrique n'est pas en reste. Elle contribue pour 28% au résultat net part du groupe. Cette contribution est en hausse de 30%. A ce titre, Bank Of Africa affiche des performances financières favorables, avec un PNB, un RBE et un RNPG en hausse respectivement de 14%, 14,8% et 33,5%. Aujourd'hui, BOA a atteint sa vitesse de croisière et commence à étendre son réseau d'agences à travers les pays d'implantation. Ce sont pas moins de 38 agences qui ont été ouvertes lors des 6 premiers mois, et 362.000 nouveaux clients qui ont rejoint la banque panafricaine. Les dépôts ont augmenté de 8% à 3,7 milliards d'euros et les crédits progressent de 18,5% à 2,8 milliards d'euros. Hausse du coût du risque Un bémol tout de même vient troubler ces remarquables réalisations : la hausse du coût du risque. Pour les 6 premiers mois de l'année, le coût du risque net consolidé se chiffre à 1,055 milliard de dirhams, en hausse de 21% par rapport à ce qu'il était au 30 juin 2013. Le stock de provisions clientèle atteint 6,8 milliards de dirhams. Ajoutons à cela la constitution d'un matelas de sécurité de près d'1 milliard de dirhams sous forme de provisions pour risques généraux. Mais le top management de la banque ne s'en inquiète pas outre mesure, et le discours rassurant est bien ficelé. Tout d'abord, il précise que la hausse du coût du risque est un «phénomène de place» qui caractérise l'économie marocaine. Elle reste en outre plus marquée chez les «banques devancières» (comprendre Attijariwafa bank et le Groupe Banque Populaire). Ensuite, le top management explique que bien que le taux de sinistralité ait connu une augmentation, passant en un an de 6,3% à 6,6%, il reste inférieur à celui du secteur. Quant au taux de reprises de provisions, il atteint 118% entre juin 2013 et juin 2014 grâce à une politique de recouvrement soutenue. Par ailleurs, la banque révèle que 2 gros dossiers ont altéré la qualité du risque. Toujours est-il que pour les dirigeants de BMCE Bank, ces provisions pour risques clientèle constituent un gisement à aller chercher, et la promesse de bénéfices futurs.