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Industrie : Moulay Hafid déclare la guerre au dumping
Publié dans Finances news le 04 - 09 - 2014

Inaugurant le cycle de ses activités de la rentrée 2014, le CDS (Conseil de développement et de la solidarité) a invité mardi à Casablanca le ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie numérique, Moulay Hafid Elalamy, pour présenter à ses membres la mise en oeuvre du Plan d'accélération industrielle.
Un débat qui a duré près de trois heures, marqué par un vif échange et un intérêt soutenu des participants. Think-Tank qui porte bien son nom, le CDS a été créé par Mohamed Benamour et s'assigne entre autres une mission de contribuer au développement économique et social du Maroc. Il regroupe des personnalités marocaines représentatives, des forces vives de la nation ainsi que certaines personnalités étrangères prestigieuses. Sa mission ? Alimenter les décideurs en remarques et mettre en place une dynamique de réflexion partagée sur diverses problématiques.
L'actualité étant l'un des piliers qui nourrit l'activité du CDS, nécessité a conduit ses responsables à ouvrir la session d'automne avec Moulay Hafid Elalamy qui s'est fendu d'un brillant exposé sur l'industrialisation du Maroc. Mohamed Benamour, président du CDS, a estimé que «depuis sa nomination par Sa Majesté le Roi à la tête de ce département, Moulay Hafid Elalamy n'a cessé d'innover dans ses démarches multiples afin de permettre au Maroc d'accéder au rang des pays émergents qui lui revient à juste titre. Une ambition réconfortant ses efforts dans les domaines des infrastructures, des stratégies sectorielles, de la formation, de la justice, du climat des affaires, des ressources humaines, de la recherche et développement». Et d'ajouter : «Le Maroc se trouve aujourd'hui aux portes de l'émergence et il ne lui manque plus qu'à trouver les quelques points de croissance annuelle qui le séparent de la zone de confort...» !
Le ministre de l'Industrie, du commerce, de l'Investissement et de l'Economie numérique a ensuite procédé à la présentation du Plan d'accélération industrielle, soulignant que depuis son lancement le 1er avril dernier, la réflexion s'est aiguisée et a évolué. «Je constate, a-t-il dit, que l'industrie automobile fait des bonds, l'aéronautique conforte sa position, mais je me dois de dire en revanche que l'industrie nationale de manière générale reste le parent pauvre ! Notre objectif est de pallier la désindustrialisation du pays, c'est notre priorité des priorités». Le ministre, adepte du benchmarking, a rappelé que le modèle d'industrialisation qui a retenu, entre autres, son attention est celui de l'Argentine dont l'économie est passée d'un stade quasi individuel à celui des écosystèmes... Valeur ajoutée, performance ou système de production à haut potentiel, l'écosystème existe au Maroc, mais il n'a pas atteint la dimension d'un pays comme la Tunisie.
Il a mis en exergue le partenariat mis en oeuvre avec l'OCP en particulier qui a développé avec performance des niches d'écosystèmes, soit 5 en tout, dont 3 réalisées et 2 en cours, à Khouribga, Jorf Lasfar, Benguérir et Lâayoune. A l'horizon 2020, le secteur de l'automobile, avec ses 3 écosystèmes, pourrait employer plus de 165.000 personnes.
Moulay Hafid Elalamy se fait fort de rappeler qu'au Maroc, des années durant «nous avons importé des quantités de mousse d'isolation pour les portes et les plafonds de voitures, sans nous rendre compte de la pénalité et de la dépendance où cette option nous plaçait...» ! L'écosystème fédère les activités diverses et multiples en un seul dispositif, une sorte de «structuralisme» où, isolés mais tendant vers le même objectif, les éléments constitutifs d'un seul produit s'intègrent. C'est le cas du «miroir de la voiture» composé du verre à glace, du cadre, des contours, du bras qui le tient et des vis qui harmonisent l'ensemble... Pour le ministre, sa fabrication a-t-elle réellement besoin d'être conçue en éléments séparés et sur plusieurs sites ? Il a cité le cas de l'entreprise française Aérolia qui fédère un réseau de plusieurs partenaires et de sous-traitants industriels travaillant pour Airbus et fabriquant des pièces détachées, d'outillage, de tôlerie, de composite et de montage simple.
Le plan de mise en oeuvre de l'accélération industrielle porte un titre qui n'est pas fortuit : d'emergence aux écosystèmes performants. Il se fixe comme objectif la création de 500.000 emplois dans l'industrie, dont 250.000 par les IDE et une hausse de la part de l'industrie dans le PIB de 23%, soit une hausse de 6 points de valeur ajoutée. Les écosystèmes sont la pierre angulaire du Plan d'accélération industrielle, ils mobilisent pas moins de 20 milliards de dirhams de l'Etat à l'horizon 2020, soit 3 milliards par année, à partir de 2014. Ils concernent aussi 1.000 ha de foncier, des produits fonciers dédiés et un programme de formation pour l'offset. Les autres objectifs assignés sont le rééquilibrage de la balance commerciale et la réintégration de l'informel... La part de ce dernier pèse lourd dans l'économie et la volonté du gouvernement est de le régulariser, avec une fiscalité incitative, soit 15% pour les PME et TPE et 33% pour les grands groupes.
A plusieurs reprises, Moulay Hafid Elalamy s'est fait le héraut de l'ouverture de l'économie et du marché national. Il a déploré l'inactivisme avéré de certains opérateurs, décrits comme des «fumeurs de cigare invétérés», se lamentant de ce que l'Etat ne les soutient pas ! Il les interpelle gravement à se secouer et voir le monde avec de nouveaux yeux. «Nous avons signé, a-t-il dit, 56 accords de libre-échange et seulement une poignée d'entre eux est mise à profit. Les Etats-Unis, qui «constituent un boulevard pour l'économie marocaine», qui ne demandent qu'à s'implanter au Maroc – plateforme pour conquérir le continent Afrique -, ne sont pas approchés par les opérateurs marocains comme il se doit ! Quatre projets d'envergure viennent d'être signés à Farmboroug, aux Etats-Unis, portant sur le développement de l'industrie aéronautique. Ce que l'on retiendra aussi, c'est cette phrase lancée entre deux démonstrations : on ne tolérera plus, quoi qu'il en coûte, le dumping que certains veulent pratiquer chez nous. Fini le dumping et la menace contre notre économie ! Le propos est clair et le ministre cite à l'appui l'affaire d'Arcélor et Maghreb Steel. Tout projet qui ne respectera pas la «compensation industrielle» ne verra pas le jour, il faut bien que le Maroc défende sa part...
Les demandes d'emplois au Maroc se situant au chiffre faramineux de 1,3 million de personnes, le ministre en fait une quasi obsession : «Créez des emplois», tance-t-il, à l'attention des entreprises. Si besoin, l'Etat vous viendra en aide. Les Etats-Unis tiennent le haut du pavé dans les faveurs du ministre, mais il y a aussi la Chine, qu'il qualifie d'usine du monde et dont 85 millions de ressortissants s'apprêtent à quitter le pays, pour s'expatrier à l'étranger avec «armes et bagages», de chefs d'entreprises à techniciens. Ils apportent leurs investissements et le ministre de l'Industrie et du Commerce se fait fort d'affirmer qu'il entend «séduire et attirer 1% d'entre eux...» ! Le défi est grand, et Moulay Hafid Elalamy le porte sur les fonts baptismaux...


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