C'est un plan ambitieux ! Ou plutôt un programme aux allures inédites, parce que pour la première fois, le gouvernement s'est prêté à l'exercice de mettre en œuvre un plan détaillé et le présenter, par la voix du ministre de tutelle, devant SM le Roi. L'honneur est revenu à Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'économie numérique, de décliner les paramètres de ce programme d'accélération industrielle 2014-2020. L'objectif ? Renforcer les métiers mondiaux du Maroc et mettre en place des dispositifs pour intégrer les filières du tissu industriel du Maroc. Il s'agit en effet de passer du plan Emergence, mis en œuvre en 2005 et corrigé en 2009, aux écosystèmes, une sorte de «révolution institutionnelle et sémantique», nous assure l'un des promoteurs du projet. Le Roi Mohammed VI a présidé, dans ce cadre, la cérémonie de signature de 14 conventions dont la portée n'échappe à personne, entendu par là qu'il apporte sa caution personnelle à cette initiative inédite et porteuse de projets structurants. Près de 100 invités, parmi lesquels des membres du gouvernement, les banquiers et assureurs, les capitaines de l'industrie, des investisseurs nationaux et internationaux, les patrons de groupes étaient conviés à cette présentation, organisée mercredi au centre de Casablanca, sous un immense chapiteau qui a abrité l'événement. Celui-ci a été marqué par la présence du Souverain, attentif à la fois aux projets annoncés et au programme méthodologique qui les soutient. D'emblée, il faut souligner que le programme industriel mobilise l'impressionnante bagatelle de 20 milliards de dirhams à l'horizon 2020. Avec à la clé la création de 500.000 emplois et une hausse de 9 points de la part de l'industrie dans le PIB, autrement dit de 14% aujourd'hui à 23% dans six ans. Le programme repose en effet sur la mise en place d'écosystèmes industriels qui seraient à la fois la niche et les vecteurs de l'industrialisation sectorielle, suscitant une compétitivité, un challenge entre les secteurs implantés et développés dans les parcs industriels. Capitaliser sur les acquis Présentant ce programme d'accélération industrielle, Moulay Hafid Elalamy estime qu'il «capitalise sur les réalisations et les acquis accomplis tels que l'aéronautique, l'automobile ou l'offshoring». Autrement dit, il n'abandonne pas les réalisations du plan Emergence, mais s'inscrit dans leur continuité consubstantielle, précisant que le programme se veut «inclusif et réintègre les industries classiques nationales, créatrices d'emplois, d'autant plus qu'elles ont grandement besoin d'une nouvelle impulsion pour retrouver leur dynamisme». En clair, il n'y a pas de rupture avec le plan Emergence, ni non plus une continuité béate, mais une soudure organique, déclinée dans le cadre d'un «bloc de 10 mesures clés» pour réduire l'atomisation sectorielle bâtir une industrie mieux intégrée dont les logiques d'écosystèmes constituent le point d'ancrage et le levier principal». Autant les grands groupes joueront le rôle de grandes locomotives pour assurer «la sécurité, la pérennité et de la perspective aux PME. Et de préciser que dans le cadre de cette logique d'écosystèmes, «ce programme entend optimiser les retombées sociales et économiques de la commande publique via la compensation industrielle (Offset) et qui représente 20% du PIB, mais permettra de démultiplier l'investissement, monter en valeur dans les filières, améliorer la balance des paiements...» ! L'autre volet mis en exergue par le programme d'accélération industrielle est le soutien vigilant de l'informel au formel. Le ministre a indiqué qu'il importe d'accompagner l'informel vers le formel, et pour ce faire, un dispositif sera mis en place pour intégrer la TPE et faire entrer dans la légalité des «milliers d'acteurs productifs, dépourvus jusqu'ici de droits. Abordant le sujet des jeunes et de leur chômage, Moulay Hafid Elalamy estime que «la généralisation de l'expérience réussie de l'OCP, à travers le programme Skills est nécessaire». Elle permet la mise en place de deux leviers : «une banque de ressources humaines certifiée et un pool intercontacts, ce qui répond à l'enjeu essentiel d'adéquation des compétences avec les besoins des entreprises». Entre pédagogie et volonté de restructurer le secteur vital, le ministre, tout à son émotion, a soutenu que «le Maroc dispose de l'intelligence collective et des ressources humaines et matérielles pour effectuer ce changement de statut et nous élever à la hauteur des attentes de la nation». Il a conclu : «Le Maroc doit voir plus loin, agir vite et frapper fort afin de devenir acteur de son destin dans un monde sujet à des ruptures technologiques, politiques et sociales imprévisibles».