Après des années difficiles, que l'on pourrait qualifier de crise de maturité, le microcrédit sort la tête de l'eau et renoue avec la croissance. Le résultat net global est en hausse de 20% tandis que les créances en souffrance ont drastiquement diminué. Des performances que les associations vont devoir consolider. L e dernier rapport de Bank Al-Maghrib (BAM) sur le contrôle de l'activité et les résultats des établissements de crédits apporte un éclairage sur les résultats des 13 associations de micro-crédit (AMC) supervisées par la banque centrale. A la lecture de ce rapport il ressort que tous les indicateurs d'activité et de rentabilité des AMC sont au vert : le total bilan est en hausse de 5,5% au terme de l'exercice 2013 contre une baisse de 3,5% en 2012 ; les encours bruts de crédit ont augmenté de 6,5% après avoir connu une stagnation en 2012. Quant au taux de créances en souffrance il a connu une baisse sensible puisqu'il s'établit à 4,3% en 2013 alors qu'il était de 6,1% en 2012. Conséquence : le résultat net de l'ensemble des associations de microcrédit s'est significativement amélioré, passant de 170 millions de dirhams à 200 millions de dirhams, en hausse de 21%. Après avoir traversé une période de turbulence causée par la montée du risque, la recrudescence des impayés, et les problèmes de systèmes d'information, les associations de microcrédit ont su assainir leur portefeuille client et améliorer leur gouvernance pour renouer avec la croissance. Certes, on est encore loin de la croissance exponentielle du début des années 2000, mais les indicateurs d'activité publiés par la Banque centrale laissent envisager une réelle reprise. Cela est d'autant plus vrai que depuis que les associations de microcrédit sont passées en début d'année sous le giron de BAM, les normes prudentielles se sont renforcées ce qui est de nature à assurer une croissance pérenne. Désormais, la quasi-totalité des institutions de microcrédit ont renoué avec la croissance, à l'exception de quelques associations qui ont enregistré des résultats déficitaires. Au terme de l'année 2013, le nombre de bénéficiaires de microcrédit atteint 819.360 personnes en hausse de 1,8%. Quant au réseau, il s'est également développé puisque les points de ventes se chiffrent à 1.478, soit une augmentation de 5%. Autre signe révélateur de cette embellie, les AMC ont recruté en 2013 puisque leur effectif de ces associations est en augmentation de 1,1% par rapport à 2012, soit 6.065 personnes. Au niveau de l'actif des établissements de micro-crédit, il est essentiellement composé des créances sur la clientèle (82%). En 2013, l'encours brut des crédits octroyés à la clientèle est en hausse de 6% à 4,9 milliards de DH, alors qu'il avait quasiment stagné l'année précédente. Notons tout de même que le secteur est extrêmement concentré, dans la mesure où 92% des crédits sont le fait de 3 associations. Mais le point le plus remarquable, comme cela été évoqué plus haut, est la baisse de près de 23% des créances en souffrance. BAM note que cette baisse «est, pour l'essentiel, liée aux opérations de radiation auxquelles ont eu recours certaines associations conformément à la réglementation qui leur est applicable». Le taux de provision de ces créances est de l'ordre de 90% en 2013. Concernant les ressources, les associations de microcrédit se sont financées essentiellement auprès des banques. Elles représentent 59% de leurs ressources totales pour un montant de 3,4 milliards de dirhams en stagnation par rapport à 2012. En revanche, les fonds propres se sont renforcés de 14% en 2013, et se chiffrent à 1,9 milliard de DH. Ils représentent 32% du total des ressources du secteur. L'optimisme est donc de mise, à charge pour les AMC d'inscrire cette croissance dans la durée pour jouer pleinement leur rôle de financement de porteurs de projets et pour favoriser l'inclusion financière.