Les résultats de l'étude sur le paysage de l'entreprise sociale au Maroc ont été révélés lors du premier Forum international de l'entreprise sociale. La Banque mondiale vient de créer un fonds de 500.000 dollars pour financer cinq projets de l'entreprise sociale. Le gouvernement devra mettre la main à la poche pour booster ce nouveau tissu économique. Si le secteur de l'entreprise sociale a fait ses preuves dans certains pays émergents, au Maroc, il est encore à l'état embryonnaire. C'est ce qu'a révélé une étude pionnière diligentée par le British Council et rédigée par Social Entreprises UK, en partenariat avec le Centre marocain pour l'innovation. Ses résultats ont été publiés lors de la tenue du premier Forum international de l'entreprise sociale. L'étude en question a permis de dresser un état des lieux sur les entreprises sociales marocaines, leurs forces mais aussi les barrières qui entravent leur essor. Mais il n'est pas superflu de poser la question, qu'est-ce qu'une entreprise sociale ? D'après Diego Angel-Urdinola, économiste senior à la Banque mondiale, région MENA, les entreprises sociales, organisations à but non lucratif, usent des modèles du secteur privé pour approvisionner en biens et services les couches les plus défavorisées de la population. Elles ont une double finalité : créer du revenu tout en ayant un fort impact social. L'objectif de l'étude, comme précisé par les organisateurs, est donc de rassembler les pouvoirs publics ainsi que les différentes parties prenantes afin d'identifier les composantes de l'écosystème durable de l'entreprise sociale qui peut être un levier de développement pour le Maroc. Les débats ont donc porté sur cinq composantes à savoir : le financement, la promotion, l'éducation, la réglementation et l'implication du gouvernement pour soutenir le développement de cette nouvelle forme d'entreprise. Présente à cet événement, Fatima Marouan, ministre de l'Artisanat et de l'Economie sociale et solidaire, souligne qu'il y a une forte volonté politique véhiculée par une impulsion royale pour développer l'économie sociale dans notre pays. «L'économie sociale marocaine est essentiellement centrée autour des coopératives, des associations et des fondations. Cependant, nous sommes persuadés de l'intérêt que revêt le développement de l'entreprise sociale qui constitue une alternative pour lutter contre la pauvreté, la précarité et l'exclusion sociale. C'est aussi une très belle opportunité pour booster notre économie», confie Fatima Marouan. Et d'ajouter que les résultats de l'étude réalisée sur le paysage de l'entreprise sociale au Maroc serviront d'outil pour établir une feuille de route en vue de développer ce nouveau tissu économique. Etat des lieux du secteur et actions à mener D'après l'étude, l'entreprise sociale est un vocable très peu connu et peu usité dans notre pays. On songe plutôt aux associations et aux ONG qui sont certes nombreuses mais disposent de prestations de services limitées. Aussi, elles ont accès à un financement restreint et capitalisent plutôt sur des dons. D'après les experts présents, le Maroc a tout à gagner en promouvant l'entreprise sociale qui est le moteur d'une économie équitable et inclusive. Egalement présent à ce Forum, Mamoun Bouhdoud, ministre délégué chargé des Petites entreprises et de l'Intégration du secteur informel précisée pour sa part qu'il existe une très forte corrélation entre l'économie générale et l'économie sociale. «L'entreprise sociale peut combler le vide qui existe entre l'associatif et l'entreprise ordinaire. Cependant, le fait que ces entreprises soient à but non lucratif, leur place est difficile à frayer surtout dans un marché libéral et capitalistique. L'Etat est donc tenu de soutenir ce type d'entreprise aussi bien sur le plan de la formation que du financement», affirme-t-il. En attendant que le gouvernement se penche sérieusement sur la question, le British Council et la Banque mondiale ont pris l'initiative en lançant un projet pilote qui vise à accompagner cinq entreprises sociales marocaines les plus innovantes et durables. Dans un premier temps, un fonds de 500.000 dollars a été mis en place par la Banque mondiale financé par le Royaume-Uni, la Norvège, la Finlande et le Danemark. Diego Angel-Urdinola précise que la Banque compte par la suite augmenter le fonds à 100 millions de dollars, en fédérant davantage des bailleurs de fonds mais aussi le gouvernement marocain. A ce propos, Mamoun Bouhdoud affirme qu'aussi bien son ministère que celui de Fatima Marouane vont étudier les possibilités pour contribuer à son alimentation.