Le manque de financement, d'encadrement juridique et d'un support technique adéquat, figurent parmi les principaux obstacles qui entravent la croissance et le développement de l'entreprise sociale au Maroc, selon un rapport d'étude sur l'Etat de ce type d'entrepreneuriat au Royaume. "En plus de ces obstacles opérationnels, les écueils rencontrés au niveau systémique, tout autant pressants, incluent l'absence de culture et d'esprit d'entreprise ainsi que des problèmes de langue", souligne ce rapport présenté au Forum international sur l'entreprise sociale au Maroc, tenu la semaine dernière à Casablanca. Fruit d'une collaboration entre le British Council, Social Enterprise UK et le Centre marocain de l'Innovation et de l'entrepreneuriat social (MCISE), le rapport de cette étude, qui a duré 9 mois, vise à définir le périmètre de l'entrepreneuriat social au Maroc et à avoir une idée sur le contexte réel de ce mouvement, a déclaré à la MAP Adnane Addioui, président et co-fondateur du MCISE. "Le Maroc est aux premiers stades de développement de l'infrastructure et de l'activité de l'entreprise sociale, notamment en ce qui concerne la sensibilisation des décideurs et de l'éveil de l'intérêt du grand public. Il y a une pénurie de travaux d'études sur la thématique, d'où l'initiative de préparer ce rapport, l'un des premiers à tenter d'explorer le paysage de l'entreprise sociale au Royaume", a-t-il expliqué. Selon le document intitulé "Paver le chemin", la sensibilisation à l'entreprise sociale est extrêmement faible au Maroc et il est fort probable que ceux qui ont entendu le terme "entreprise sociale" l'ont entendu pour la première fois au cours des quatre dernières années. "L'impulsion autour de l'entreprise sociale est menée par un cercle de personnes relativement restreint. Ce cercle partage des traits communs (diplômés de l'enseignement supérieur exposés aux concepts internationaux et ayant de l'expérience en la matière) qui ont nettement influé sur leur vision du développement de ce type d'entrepreneuriat au Royaume", poursuit la même source. Alors que l'idée selon laquelle une organisation peut avoir une activité lucrative pour financer son rôle social, il y a une incertitude réelle quant à la signification de ce qu'est l'entreprise sociale et en quoi elle diffère des méthodes de travail existantes, a-t-elle ajouté. "Les entreprises sociales couvrent diverses causes sociales, les plus courantes étant le support apporté à une communauté, le soutien aux femmes, l'éducation et la formation. Le secteur de l'artisanat est aussi un marché sur lequel les organisations se positionnent en grande partie dominé par le secteur des coopératives", a-t-elle fait remarquer. Et d'ajouter que les trois sources les plus populaires de financement des organisations interrogées dans le cadre d'une enquête sont les finances propres, les frais d'adhésion et financement du gouvernement, tandis que le financement externe demeure une forme de soutien autant convoitée qu'obtenue. Par ailleurs, le rapport souligne qu'il n'y a pas absence d'idées et de suggestions quant aux besoins pour développer un environnement propice à l'éclosion d'entreprises sociales au Maroc, mais il faudrait que le mouvement inclut plus d'intervenants, avec la collaboration d'autres secteurs. "Les plateformes et centres de partage d'idées et expériences regroupant entreprises sociales, praticiens et sympathisants font défaut. Ces centres peuvent aussi servir de forums ouverts rassemblant des participants pour débattre et former un consensus autour de questions clés qui façonneront l'avenir de l'entreprise sociale", relève en outre la même source. Le rapport présenté dans le cadre du Forum international sur l'entreprise sociale au Maroc, organisé les 21 et 22 mars à la capitale économique, traite notamment des Modus Operandi des entreprises sociales, des obstacles et soutiens actuels à ces structures, l'élaboration d'un environnement propice pour l'avenir de l'entreprise sociale avec quelques conclusions et prochaines étapes.Le Forum a connu la participation d'éminents intervenants venus de Chine, de Thaïlande, du Royaume-Uni, du Qatar et du Maroc. Il a été l'occasion de mettre en lumière l'entreprise sociale au Maroc et à permettre aux décideurs et entrepreneurs sociaux de discuter avec leurs confères internationaux des avantages d'un développement du secteur de l'entreprise sociale au Maroc.