L'essor du secteur des télécommunications a conduit à passer à la vitesse supérieure, notamment à la 4ème génération (4G) dont le déploiement nécessitera de relever bon nombre de défis. Cette dernière décennie a été marquée par une prise de conscience rarement égalée, consistant au fait que le Maroc devrait creuser ses avantages comparatifs dans les domaines à forte valeur ajoutée, notamment dans la branche des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) et ce, pour jouer durablement les premiers rôles dans le concert des pays émergents. Le plan Maroc Numéric s'inscrivait parfaitement dans cette veine puisque l'objectif étant de générer un PIB additionnel de 27 Mds de DH en 5 ans (2009-2013) et de remédier à la fracture numérique. Pour l'heure, le dynamisme des principaux opérateurs (amélioration des offres, baisse des prix) résolument tournés vers l'avenir et la cohérence des politiques publiques (Etat, autorité de régulation) ont été un puissant levier pour l'envol du marché des télécoms, surtout celui du mobile. D'après l'Agence nationale de régulation des télécommunications (ANRT), le parc mobile compte plus de 42 millions d'abonnés avec l'un des taux de pénétration les plus élevés au niveau régional à fin décembre 2013 (130%). Quant au nombre d'abonnés de la 3ème génération (3G), il a été estimé à près de 4,9 millions. Naturellement, ce boom sans précédent a ancré l'autorité de régulation et les trois opérateurs (Maroc Telecom, méditel et Inwi) dans la proactivité et ce, dans l'optique de satisfaire une clientèle de plus en plus exigeante. Ce faisceau d'éléments a d'une certaine manière conduit l'ANRT à octroyer les premières licences de la 4ème génération (4G) entre fin 2014 et début 2015. L'objectif étant d'éviter la saturation du marché mobile de la 3G et d'assurer une meilleure couverture d'une grande densité de population. Du côté des internautes marocains de mobiles, l'impatience prédomine car la 4G permettra d'avoir une plus grande capacité de téléchargement (vidéos HD) avec une rapidité décapante. La vigilance doit être de mise Les retours d'expérience (Grande Bretagne, France, etc.) ont permis de constater que la 4G recèle d'atouts considérables pouvant permettre aux trois opérateurs nationaux d'accroître leur parts de marchés surtout dans un contexte où seuls 25% de la population disposent d'Internet. Outre sa première qualité qui est un débit supérieur avec une large couverture, la 4G permet de réduire les coûts d'opération avec une capacité d'autogestion supérieure. Sur le plan commercial, celle-ci serait aussi un réel atout marketing pour les trois fournisseurs nationaux d'Internet qui pourront amplifier la gamme de leurs produits et des services prisés par les consommateurs. Enfin, cette technologie de pointe facilite la prompte substitution du fixe par le mobile concernant Internet. En somme, les avantages de la 4G sont certes réels. Mais pour autant, les opérateurs nationaux vont-ils suffisamment investir pour son déploiement ? L'avenir nous le dira sûrement. Pour l'heure, Maroc Telecom a voulu prendre la balle au rebond puisqu'elle avait signé l'année dernière avec l'Etat une convention d'investissement de 10 Mds de DH (2013-2015) dans l'optique de préparer le déploiement de la 4G au niveau dans son réseau. Pour sa part, méditel vante d'ores et déjà sur son site les vertus de sa future 4G qui d'après lui, aura un débit 15 fois supérieur. En revanche, le deuxième opérateur du pays se contente à présent de moderniser sa connexion 3G à l'échéance 2015, considérant que cette dernière a encore de beaux jours au Maroc. A ce titre, il vient d'annoncer récemment un investissement de 4 Mds de DH. Quant à Inwi, il se débat encore pour le déploiement de son ADSL dont le lancement avait été encore reporté pour des raisons de contraintes de mise en œuvre avec l'opérateur historique. Cela dit, tout l'enjeu sera que le déploiement de la 4G au Maroc puisse se faire dans une concurrence loyale entre les trois opérateurs dont certains, compte tenu de leur positionnement historique, auront de facto plus d'aisance à implémenter la 4G. A ce titre, il convient de noter la récente disposition réglementaire plutôt révolutionnaire pour l'arrivée de la 4G au Maroc. Il s'agit de la possibilité du partage des infrastructures entre opérateurs, ce qui est un gage de concurrence loyale. Mais pourvu que les acteurs respectent les règles du jeu dont l'ANRT aura la lourde charge de garantir le respect. Au final, l'avènement de cette technologie dernier cri peut donner un nouveau souffle au secteur des télécoms dont le pays est un pionnier régional. Mais à condition de circonscrire les écueils (technique, concurrentiel), un exercice auquel devront impérativement se prêter aussi bien le régulateur que les différents opérateurs.