Le rapport publié lundi dernier par l'ONG Human Rights Watch (HRW) sur la situation des droits des migrants au Maroc fait polémique. A peine a-t-il été publié que les autorités marocaines sont montées au créneau pour le descendre, par la voix du ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi. Le qualifiant de «totalement injuste», El Khalfi a déroulé un argumentaire assez fourni en chiffres : dans le cadre de la nouvelle politique migratoire, le Maroc s'est engagé dans un processus de régularisation de 25.000 immigrés; quelque 10.000 dossiers de régularisation ont été déposés en moins d'un mois et 586 demandes d'asile sont en cours d'examen. Ce qui est vrai. Et tout le monde s'en réjouit. Mais que dit HRW ? Simplement que des «mauvais traitements persistent, en dépit d'une certaine amélioration (...) depuis l'annonce d'une nouvelle politique migratoire et d'asile en septembre 2013». En clair, des efforts ont été faits, mais il y a encore du boulot. Ce qui est également vrai. Et cela va dans le sens de ce que dénoncent, tout autant, certaines ONG locales qui sont sur le terrain et qui ne font aucune économie d'efforts afin que les droits des migrants soient respectés. Mais pour ceux qui ne se sont jamais confrontés à la réalité de ce que vivent certains migrants au quotidien, il est bien évidemment difficile de le savoir. Au lieu de s'indigner du rapport de HRW et de crier à l'injustice, il faudrait plutôt s'en inspirer pour améliorer ce qui doit l'être et s'inscrire dans la vision du Souverain. Une vision juste et humaniste saluée par la communauté internationale et qu'il va falloir décliner et faire appliquer à tous les échelons. Plutôt que de nourrir une polémique à propos de ce rapport, les autorités marocaines doivent, en fait, se distinguer sur un autre registre : veiller à ce que, dans le cadre de la nouvelle politique migratoire, les lignes directrices édictées par le Roi en la matière soient scrupuleusement respectées et qu'elles ne soient pas entachées par les agissements de quelques agents zélés. C'est là tout l'enjeu. Aujourd'hui, dans bien des domaines, le Maroc sert de modèle et est cité comme exemple dans une région particulièrement déchirée par l'instabilité politique et les chouanneries meurtrières. Et la politique migratoire mise en branle par le Souverain est, au demeurant, une pierre de plus, importante, posée pour asseoir le leadership régional du Maroc. D'où la nécessité de la réussir. Et la réussir, c'est accepter les critiques et s'en nourrir pour s'améliorer. La réussir, c'est porter constamment en bandoulière ce dicton : «Tout travail est perfectible». N'est-ce pas ?