Après sa présentation au Parlement, les discussions du PLF 2022 ont repris le 2 novembre 2021. Chaque article et les budgets sectoriels seront débattus en Commission des finances. Les groupes parlementaires et le gouvernement seront amenés à déposer également les amendements. Toutefois, les hypothèses de ce texte continuent d'essuyer les critiques aussi bien des partis de l'opposition que ceux de la majorité. Pour Abdallah Bouanou, chef du groupe parlementaire du PJD, «le PLF 2022 doit prendre en considération la flambée inquiétante des prix, notamment des produits fortement consommés. Pour cela, il faut trouver des solutions adéquates, conformément aux attentes des citoyens. Une bonne partie de nos recommandations devra s'inscrire dans ce cadre bien précis. Il est utile de noter que le PLF 2022 n'a pas apporté de dispositions innovantes pour pouvoir donner une nouvelle impulsion à l'économie nationale.Ses ambitions sont en deçà des aspirations des Marocains. Il table sur un taux de croissance de 3,2%, alors que le nouveau modèle développement, qui doit être mis sur les rails au cours du mandat de ce gouvernement, fixe 4% au minimum». Le député de la formation de la lampe ajoute que «la mouture présentée au Parlement n'a pas fait référence à la lutte contre l'économie de rente, les monopoles ou la corruption, les véritables maux de l'économie nationale. Les mesures fiscales sont à leur tour insuffisantes. Il n'y a aucune disposition donnant l'impression de l'existence d'un nouveau souffle. Par ailleurs, force est de constater que les recommandations des assises de la fiscalité, organisées en 2019, ne sont pas prises en considération». Pour sa part, Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), a souligné que «le PLF 2022 reflète bien les orientations de l'actuel gouvernement qui ne respecte pas les engagements véhiculés lors de la campagne électorale, notamment par le RNI, chef de file de la coalition au pouvoir. Ce parti s'est engagé à créer un million d'emplois sur 5 ans et il commence déjà par une promesse de 125.000 seulement. Il ne peut se rattraper dans les années à venir qu'à partir d'un taux de croissance de 7% et plus. Ce qui est peu probable avec la conjoncture actuelle. Par ailleurs, il faut noter que la déclaration gouvernementale reprend plusieurs points du nouveau modèle du développement et qui n'ont pas été pris en considération par le PLF 2022, notamment les axes relatifs à l'augmentation de salaire ou l'amélioration des conditions de vie de certaines catégories de la population». Outre les hommes politiques de l'opposition, le PLF 2022 a essuyé quelques critiques de la part de députés émanant de la majorité, estimant qu'il est de leur rôle de formuler les remarques et les recommandations nécessaires. «Le tissu économique national est composé essentiellement de PME, qui ont été les plus impactées par la crise. Certaines n'arrivent pas encore à rebondir, d'autres ont déclaré faillite. Les banques doivent avoir un esprit citoyen et participer activement pour assurer la relance», affirme Nouredine Mediane, chef du groupe istiqlalien à la première Chambre. Le député d'Al Hoceima a mis en exergue la nécessité de poursuivre la réforme de l'Administration afin de faciliter l'investissement et l'emploi. D'autres parlementaires estiment que les ambitions de ce PLF 2022 sont timides. L'objectif de croissance est insuffisant pour installer une véritable relance dans les années à venir, à savoir soutenir l'investissement et créer de l'emploi. Et ce, dans un contexte où la crise sanitaire semble persister, même si le Royaume est en voie d'atteindre l'immunité collective d'ici la fin de l'année. Plusieurs secteurs d'activités comme le tourisme n'arrivent toujours pas à retrouver des couleurs.