Le manque de convergence entre les plans sectoriels est aujourd'hui un secret de polichinelle. Le ministère des Affaires générales et le PNUD ont lancé un appel d'offres pour une étude sur ladite convergence. Tout cela n'empêche pas le président de l'IMRI, J. Kerdoudi, de reconnaître les éléments positifs des plans sectoriels. Finances News Hebdo : Si l'on exclut les effets de la crise mondiale, quels sont les freins qui empêchent le Maroc de bien se placer dans le concert des pays émergents, malgré une pléthore de programmes et de plans sectoriels ? Jawad Kerdoudi : La croissance de l'économie marocaine est tirée par la consommation intérieure et les investissements publics. Je pense que c'est insuffisant et qu'il faut absolument promouvoir les exportations et les investissements privés. Ce qui freine les exportations, c'est le manque de compétitivité de l'économie marocaine, qui doit permettre d'offrir sur le marché mondial des biens et des services avec le meilleur rapport qualité/prix. Quant aux investissements privés, il faut d'abord rétablir la confiance et les encourager par la simplification administrative, l'aide à l'acquisition des terrains, et une fiscalité stimulante. F. N. H. : Indépendamment de l'absence d'une stratégie globale qui regroupe tous les plans sectoriels, le modèle économique marocain actuel vous semble-t-il compromis? Quelles sont les actions à mener justement pour mettre sur pied une économie forte et compétitive ? J. K. : Il ne faut pas négliger les éléments positifs des plans sectoriels. Ces derniers en fixant les priorités, en déterminant les objectifs à moyen terme, et en prenant les mesures adéquates pour les accomplir, ont permis des réalisations concrètes durant la dernière décennie. Il est temps maintenant de les évaluer et de les rectifier si nécessaire. Il faudrait également, comme vous le soulignez, concevoir une stratégie globale pour assurer la coordination de ces plans sectoriels. A signaler, à ce sujet, que le Ministère des Affaires Générales et le PNUD ont lancé un appel d'offres pour une étude sur la convergence des plans sectoriels. F. N. H. : Dans quelle mesure, la crise politique actuelle accentue-t-elle la gravité de la situation économique du pays ? J. K. : Il est certain que la crise politique actuelle aggrave la situation. A part les affaires courantes, le gouvernement actuel ne traite pas des grands dossiers de la politique économique, et ne trace pas une vision à moyen et long termes. D'autre part, la loi de Finances 2014 a pris du retard dans sa préparation. Il faut espérer que le gouvernement Benkirane II se mette rapidement en place et donne la priorité aux questions économiques. F. N. H. : Le printemps arabe a mis plusieurs économies voisines en difficulté, néanmoins, cela n'a pas forcément profité au Maroc. Pourquoi à votre avis ? J. K. : Il faut d'abord souligner que le Maroc a traversé le Printemps arabe sans trop de dégâts politiques et économiques. La situation économique en Egypte, en Libye et en Tunisie est catastrophique. Le Maroc en a profité dans une certaine mesure au niveau des investissements directs étrangers, puisque le Maroc se classe en 2ème position après l'Afrique du sud en la matière. D'autre part, beaucoup d'industriels tunisiens se sont implantés au Maroc pour fuir leur pays. Le Maroc en a profité également au niveau du tourisme, puisque nous avons retrouvé le niveau d'avant la crise 2008/2009.