Le recul du Maroc en termes de compétitivité n'est en rien surprenant. Education défaillante, absence d'une stratégie économique globale, faiblesse de la gouvernance globale ... Autant de freins auxquels le pays peine à trouver un remède. Dure dure la rentrée pour notre compétitivité nationale ! En moins d'un mois, elle essuie deux évaluations négatives. La première émanant du Conseil économique, social et environnemental, qui dans son rapport pour l'année 2012 évoque une faiblesse structurelle de la compétitivité de l'économie. Voilà que le pays perd 7 places d'un coup, dans l'indice global de compétitivité 2013-2014. Ce dernier évalue la compétitivité des secteurs institutionnels (droits de propriété), économiques (stabilité macroéconomique, marché du travail), et sociaux (santé et éducation). Les données proviennent de tierces parties, notamment d'organisations internationales et de sondages d'opinion réalisés tous les ans par le Forum, qui fournit les résultats à partir d'une large gamme d'indicateurs de compétitivité. Faut-il s'en étonner ? Pas vraiment, car il y a quelques années déjà, que l'on martèle que tous les efforts de promotion sectorielle butent sur l'absence d'une stratégie de développement économique intégrée. Le pays dispose d'un système où le gouvernement ne peut pas être le concepteur et maître d'œuvre du programme (économique, social...) dont il est censé être l'auteur. En effet, nombre, sinon la plupart des programmes sectoriels ont été concoctés par des bureaux d'études internationaux. Aussi, depuis que le pays a abandonné le plan de développement unique et global, et qu'on lui a substitué les «plans sectoriels», on est dans une situation où il est très difficile de savoir si ces plans sont complémentaires ou même s'il y a une adéquation entre les objectifs et les moyens de chaque plan. C'est un fait que personne ne voulait reconnaître jusqu'au jour où SM le Roi, lui-même, le relève dans son discours de juillet 2011. De même, l'amélioration durable de la compétitivité passe, en premier lieu, par l'innovation et l'orientation du modèle de croissance vers des secteurs porteurs. Le coût de la non-réforme également est un tribut lourd à payer pour la compétitivité globale du pays. Autre facteur handicapant, est le modèle de croissance du Maroc. En effet, comme le souligne le rapport annuel 2012 du CESE, les déséquilibres extérieurs et des finances de l'Etat constituent, désormais, des facteurs de risque qui révèlent la difficile soutenabilité du modèle de croissance actuel, fondé sur la demande intérieure. Enfin, la gouvernance, un chantier dont l'actuel gouvernement avait fait son cheval de bataille, mais il est malheureux de constater que les efforts n'ont pas réellement porté leurs fruits. En effet, la gouvernance globale est devenue un vrai obstacle au développement économique du Maroc. Lourdeur administrative, corruption ... les scores du Maroc sur ce registre sont peu honorables. Pourtant, Etat et secteur privé, notamment avec sa vision 2020 visant le renforcement de la compétitivité de l'entreprise, ont travaillé sur les chantiers de la promotion de l'éducation et de la formation professionnelle, l'encouragement de la recherche-développement et de l'innovation, la diffusion des technologies d'information et de communication, la poursuite de l'amélioration du climat des affaires, la promotion des énergies renouvelables... Et le retard du plan de régionalisation avancée est également à pointer du doigt, dans la mesure où il aurait aidé au déclinement des stratégies sectorielles au niveau des régions, et à l'élaboration d'une fiscalité régionale à même de profiter de toutes les potentialités dont recèlent nos régions. Enfin, l'éducation demeure le plus grand handicap pour un pays en développement comme le nôtre, car rien n'est possible sans éléments humains compétents et éduqués.