Il y a plusieurs mesures et programmes que le Maroc a lancés permettant la mise en place d'un système favorisant une culture de l'innovation. Pour se développer, la branche Recherche et Développement a besoin d'une industrie et d'un marché où les entreprises font l'essentiel de la demande. Le Maroc est un pays émergent qui aspire à donner un coup de pouce à sa croissance d'une façon soutenue. La mondialisation et l'ouverture du pays l'ont incité à gagner le pari de la compétitivité. Les usines clé en main ne sont pas garantes d'un développement pour le long terme. Seul un processus d'innovation préétabli peut stimuler la créativité et donner une impulsion à la croissance. Cette option a montré sa pertinence dans les pays qui sont actuellement considérés comme développés. La région Mena, dont le Maroc fait partie, est appelée à prendre en considération cette approche. Une entreprise qui gagne et qui avance est une entreprise qui innove. Il est question d'améliorer son positionnement à travers la créativité et la compétitivité. C'est ce qui explique les budgets de plus en plus importants accordés à la Recherche et Développement. C'est dans ce cadre que le groupe de travail «Innovation» du Réseau sectoriel pour le développement économique et social de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord et de la Coopération Technique Allemande, GTZ, a organisé en collaboration avec l'Association R & D Maroc, une conférence sur l'innovation sous la thématique : «Promotion de l'Innovation dans la Région Mena». La conférence a été l'occasion pour certains responsables de mettre en exergue l'expérience du Maroc en matière d'innovation. «Il y a plusieurs mesures et programmes qui ont été lancés permettant la mise en place d'un système favorisant une culture d'innovation avec l'objectif de faire du Royaume un pays producteur de technologies et une place attractive pour les investissements dans les secteurs innovants et technologiques», a indiqué Mounia Boucetta. A cet égard, la secrétaire générale du ministère du Commerce, de l'Industrie et des NTIC, a cité la stratégie «Morocco Innovation Initiative», lancée en 2009 en vue de créer un environnement propice avec la mise en place de sites dotés d'équipements de pointe et de ressources humaines qualifiées, outre la formation, la Recherche Développement et les financements appropriés. Des stratégies sectorielles d'accompagnement sont établies, notamment le programme Imtiaz du Pacte Emergence qui participe à hauteur de 20% à l'investissement des entreprises dans les nouvelles technologies, et la stratégie Maroc Numeric 2013 qui prévoit plusieurs initiatives visant à développer une industrie des technologies de l'information. Mounia Boucetta a évoqué également les initiatives en matière de protection de la propriété intellectuelle, conformément aux normes les plus exigeantes en la matière dans le monde. L'Allemagne est connue comme un pays de l'innovation par excellence. C'est ce qui explique son positionnement en tant que puissance économique mondiale. «Un rang qui ne peut aboutir, comme l'explique Ulf Klemm, ambassadeur d'Allemagne à Rabat, sans aucune politique volontariste en matière d'innovation qui reste un moteur de changement et de développement». Il a souligné que la globalisation a montré que la compétitivité se base sur la capacité d'adaptation et d'innovation. L'ambassadeur allemand a mis en relief les efforts d'innovation du Maroc au niveau du secteur des énergies renouvelables où les entreprises allemandes contribuent sensiblement. Pour se développer, la branche Recherche et Développement a besoin d'une industrie. «Il faut créer une coopération entre les centres de recherche et les niches. A cet égard, il est question d'améliorer l'esprit d'entreprise en général qui est basé sur le savoir», a expliqué Kerver, de la GTZ. Il a souligné qu'«il faut une politique d'éducation axée sur la demande». L'intervenant s'est interrogé sur le modèle qu'il faut adopter, privilégiant au passage le partenariat public-privé. Pourquoi l'innovation est-elle importante ? Regine Qalmann, professeur à l'Université de Leipzig, en Allemagne et conseillère à la GTZ, a essayé de répondre succinctement à cette question en affirmant que «la compétitivité est propre au marché. Pour être compétitif, il y a des défis à relever». Elle a rapporté qu'«à la GTZ on cherche des petits projets, généralement pas coûteux, qui ont un impact sur le développement. Il y a dans ce domaine un rôle des centres de recherche, mais aussi des entreprises». En effet, la GTZ dispose de 15 projets dans le monde avec un volume de 32 millions d'euros Qalmann a expliqué que «nous donnons la priorité à des stratégies axées sur le marché. Les incitations publiques et privées dans le domaine de la Recherche et Développement ont un rôle déterminant». Elle a distingué 4 piliers de l'innovation. Le premier concerne le capital humain afin de créer des forces de travail qualifiées. Le deuxième a trait à la capacité de recherche d'un pays donné. Le troisième est lié aux performances innovantes, surtout les niches, et le dernier pilier est relatif aux capacités d'absorption des résultats de l'innovation. Parmi les facteurs favorisant l'innovation, Qalmann cite notamment le partenariat international en la matière, le partage des coûts, l'environnement des affaires, la propriété intellectuelle et la Justice. Il est à souligner que cette conférence a vu la participation de plusieurs experts de la thématique innovation dans la région Mena, d'institutions publiques et privées et d'entreprises. Elle a pour objectif de soutenir le réseautage entre les différents acteurs et de favoriser l'échange interentreprises et interinstitutions. Le premier axe de la thématique a été consacré au volet macro-économique et institutionnel et aux stratégies et programmes de promotion des institutions publiques et privées. Trois ateliers thématiques ont été également organisés portant sur plusieurs secteurs, notamment l'industrie agroalimentaire, les services et technologies environnementales et le textile. Des sujets transversaux comme les approches réseaux pour l'innovation, les modèles de financement ainsi que les potentiels de l'innovation dans les marchés innovants, ont été également discutés.