◆ La rationalisation de la distribution de l'eau a commencé à Souss. ◆ Des éleveurs contraints de réduire leur cheptel.
Par C. Jaidani
La sécheresse qui sévit depuis deux ans porte un coup dur à l'agriculture nationale et au monde rural. Devant le Parlement, en réponse à une question orale sur le sujet, Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture, a mis en relief la situation hydrique inquiétante, en raison d'un déficit de précipitation de 44% par rapport à la normale au cours de la saison agricole 2019/2020. L'accentuation du stress hydrique se poursuit et, dans certaines régions comme le Souss et le Haouz, on frôle la catastrophe. Le déficit en eau est nettement visible. A Agadir, par exemple, la Régie autonome multiservice d'Agadir (Ramsa) a déjà commencé les coupures d'eau entre 22h et 5h30 du matin. Les barrages Abdelmoumen et Moulay Abdallah, qui alimentent la métropole et sa région en eau potable, sont à un niveau de remplissage critique. Le premier est à 1,6% seulement et le second à 9,2%. Pour faire face à cette situation, le bureau du conseil de la région a tenu une réunion en urgence qui a vu la participation des directeurs de l'Agence du bassin hydraulique de Sous Massa (ABHSM) et de l'Office régional de mise en valeur agricole du Souss (ORMVAS). Ces derniers ont présenté des rapports alarmants et ont également mis en relief les mesures prises. «Il existe un ambitieux programme de construction de barrages dans la région pour mobiliser davantage de ressources hydriques. Il est prévu d'aménager le barrage Mokhtar Soussi pour porter sa capacité de 150 millions de m3 à 200 millions de m3. Le programme comporte également le lancement du projet du barrage Tamri avec 150 millions de m3, en plus des projets de 6 moyens barrages et 30 petits ouvrages», souligne Mohamed Faskaoui, Directeur général de l'ABHSM. En attendant, il a été décidé de rationnaliser la distribution d'eau. Pour ceux qui ont recours à la nappe phréatique, il leur a été ordonné de respecter scrupuleusement la réglementation en vigueur en matière de pompage d'eau. Tout contrevenant sera passible de poursuites judiciaires. Cela a eu des effets directs sur l'évolution des cultures. Ces derniers temps, on note une hausse des prix des fruits et légumes en provenance de la région, due essentiellement à la baisse de l'offre. Par ailleurs, il faut noter que la sécheresse a impacté durement le secteur de l'élevage. Incapables de supporter les charges, plusieurs exploitants ont vendu totalement ou partiellement leur cheptel à des prix sacrifiés. «Le prix de l'aliment de bétail a quasiment doublé. Nous trouvons des difficultés pour assurer l'abreuvage de notre bétail au quotidien. J'ai donc décidé de réduire de moitié l'effectif des mes ovins qui résistent à la sécheresse et de liquider les bovins plus coûteux et capricieux au niveau de leur exploitation», témoigne un éleveur de la région des Oulad Ziane. La souffrance des paysans s'est amplifiée avec la crise sanitaire et les restrictions sur la mobilité. Avec cette période de sécheresse, plusieurs d'entre eux s'adonnent à d'autres activités comme le commerce, l'artisanat, le bâtiment… pour s'assurer un revenu d'appoint.
Le taux de remplissage des barrages est à 37% seulement Les réserves en eau des barrages ont atteint au 12 octobre 2020, 5,8 milliards de m3, soit un taux de remplissage de 37,3% seulement contre 46,5% une année auparavant et 60% en 2018. Les niveaux de stockage varient selon les régions. Il existe une grande différence entre les ouvrages situés au Nord de l'Oued Oum Rabii et ceux du sud. Pour les premiers, la plupart atteignent un taux supérieur à 50%. Pour les seconds, la majorité se situe à moins de 20%. Conséquence : certains barrages importants affichent des stocks très bas, à l'image de Bin El Ouidane avec 21,4%, Al Massira 13,2%, Mansour Dahbi 20,6%, Youssef Ben Tachfine 12,2% et Ahmed Hansali 12,7%.